Val Terbi (JU): l’obstruction d’une route mène en prison

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JuraVal Terbi: l’obstruction d’une route mène en prison

Un agriculteur est condamné pour des entraves répétées à l’accès d’une ferme voisine et d’un restaurant.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé

Hier à midi, il y avait surtout des randonneurs à Val Terbi (JU), au restaurant de la Petite Schönenberg, à cheval ou à pied, mais ceux qui ont utilisé la route d’accès n’ont pas été gênés par des entraves. La veille, un agriculteur a été condamné pour avoir obstrué cette route privée. La peine est ferme: dix mois de prison!

Le paysan condamné a annoncé son intention de faire appel contre le jugement de première instance auprès de la Cour pénale du Tribunal cantonal. Six fois déjà, il a recouru contre un jugement qui lui était défavorable. Au cœur des conflits: une route qui passe devant sa ferme, avec un droit de passage pour des agriculteurs et une restauratrice.

Empêché de rentrer

La route appartenant à un syndicat a été rénovée. Parmi les six propriétaires qui disposent d’un droit de passage, le couple d’agriculteurs de la Petite Schönenberg a vécu mille tourments: «Un soir, après le théâtre, des gros cailloux disposés sur la route m’ont empêché de rentrer chez moi», indique Rachel, qui admet vivre la peur en ventre.

Lundi dernier, comme l’a rapporté «Le Quotidien Jurassien», le Tribunal de première instance a aussi condamné le prévenu à 500 francs d’amende pour avoir conduit trop lentement et planté les freins pour «chamailler» son voisin qui le suivait. À plusieurs reprises, le chemin a été bloqué ici par une coupe de bois, là par un débroussaillage. Une autre fois, deux fils tendus en travers du chemin ont fait tomber lourdement un cycliste, qui a obtenu réparation.

Le droit de l’emprunter

La justice jurassienne a déjà eu l’occasion de constater que le couple de gêneurs est «persuadé que la route lui appartient et que personne ne peut l’utiliser», alors que «toute personne a le droit de l’emprunter» sans subir d’entrave: la construction et l’entretien du chemin sont financés par de l’argent public et plusieurs familles d’agriculteurs.

L’ordonnance pénale qui a conduit les prévenus devant le tribunal mentionne le purinage du chemin, un jet de cailloux, la pose de baguettes métalliques rayant les carrosseries, des menaces de mort et des doigts d’honneur… Chez les Kohler, la maman est suivie médicalement: «Ils nous pourrissent la vie», a-t-elle déclaré, ne se séparant pas d’un spray au poivre.

Jours-amende à 10 francs

Si le paysan accusé a été condamné à dix mois de prison et à 15 jours-amende à 30 francs, principalement pour lésions corporelles simples, son épouse écope de 180 jours-amende à 10 francs. L’agriculteur alémanique devra suivre un traitement psychiatrique dans sa langue maternelle, «notamment afin d’aborder la gestion de conflit».

Des mesures d’éloignement ont également été prononcées. Les premières 24 heures, elles ont été respectées, mais elles doivent l’être pendant cinq ans: interdiction de s’approcher de la famille Kohler ou de sa ferme à moins de 50 mètres. Aucun contact n’est autorisé, ni par téléphone, ni par courriel.

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