Procès pour trafic sexuelLe sort de Ghislaine Maxwell entre les mains du jury
L’ex-compagne de Jeffrey Epstein, accusée d’avoir exploité sexuellement des jeunes filles mineures pour satisfaire le milliardaire décédé, a refusé de témoigner et plaide non coupable.
Le jury au procès à New York de Ghislaine Maxwell pour trafic sexuel poursuivra ses délibérations mercredi pour décider si cette ancienne figure de la jet-set a aidé son compagnon, le financier américain mort en prison Jeffrey Epstein, à s’entourer de jeunes filles qu’il exploitait sexuellement.
Après une première heure de travail lundi, les douze jurés, qui ont en main le destin de l’accusée, se sont réunis à huis clos toute la journée mardi, sans parvenir à une décision unanime.
Le calendrier prévoit une pause entre mercredi soir et lundi pour Noël, mais la juge Alison Nathan a annoncé qu’elle proposera finalement aux jurés de se réunir le jeudi 23 décembre, s’ils le souhaitent, pour boucler leur verdict avant les fêtes.
Le jury doit dire si Ghislaine Maxwell, 59 ans, s’est rendue ou non coupable de six crimes, tous en lien avec des violences sexuelles commises entre 1994 et 2004 par Jeffrey Epstein sur quatre victimes, mineures à l’époque des faits, et qui ont témoigné durant les trois semaines du procès.
Soupçonné de s’être entouré pendant des années de nombreuses jeunes filles, à qui il demandait des massages sexuels, dans ses résidences luxueuses en Floride, au Nouveau-Mexique ou dans les îles Vierges américaines, le multimillionnaire s’était suicidé dans une prison new-yorkaise à l’été 2019. Une fin qui avait fait scandale, privant des dizaines de victimes d’un procès. Un an plus tard, Ghislaine Maxwell avait été arrêtée.
«Prédatrice sophistiquée»
La fille de Robert Maxwell, le magnat des médias mort en 1991, risque une longue peine de prison si elle est déclarée coupable comme l’a demandé lundi la procureure Alison Moe, qui l’a dépeinte en «prédatrice sophistiquée» et en personnage clé du système mis en place avec Jeffrey Epstein, dont elle fut la «partenaire en amour» et «le bras droit». Cette peine serait fixée ultérieurement.
«Epstein aimait les jeunes filles mineures, il aimait toucher des jeunes filles mineures. Maxwell le savait», avait lancé la procureure. Les quatre témoins ont toutes souligné le rôle de l’ancienne mondaine pour les approcher ou pour leur demander de venir dans la luxueuse villa du financier, à Palm Beach, en Floride, pour des massages qui se terminaient toujours par des actes sexuels. Une villa où Ghislaine Maxwell agissait en «maîtresse de maison», s’occupant de tout jusqu’au choix des «lotions» et des «huiles», a assuré Alison Moe, courriels de l’accusée à l’appui.
La défense a au contraire plaidé l’acquittement, assurant qu’il n’y avait «aucune preuve que Ghislaine Maxwell» ait recruté une seule des quatre victimes pour la livrer à Epstein et fustigeant «la mémoire très mauvaise et variable» des accusatrices sur des événements vieux de plus de 25 ans.
Mardi, les jurés ont notamment demandé qu’on leur remette un interrogatoire de l’une d’entre elles, «Carolyn», devant le FBI en 2007, à l’époque des premiers soupçons contre Epstein. La défense s’était appuyée sur cette audition pour montrer que «Carolyn» n’avait jamais mentionné le nom de Maxwell à l’époque, alors qu’elle l’accuse 14 ans plus tard. La juge n’a pas accordé cette demande, estimant qu’il ne s’agissait pas d’une «preuve» dans le dossier.
«Pas besoin de témoigner»
Concrètement, le jury doit dire si Ghislaine Maxwell a encouragé l’une des victimes, «Jane», à avoir des relations sexuelles avec le multimillionnaire de 1994 à 1997, de 14 à 17 ans. Ou si elle s’est rendue coupable de trafic sexuel à l’encontre de «Carolyn», rémunérée 300 dollars par massage et également mineure à l’époque des faits (2001-2004).
Durant son témoignage, «Jane» avait raconté comment le couple l’avait abordée puis mise à l’aise, promettant d’aider cette jeune fille issue d’une famille défavorisée de Palm Beach.
En prison depuis son arrestation, Ghislaine Maxwell a plaidé non coupable. «Votre honneur, le ministère public n’a pas fourni de preuve au-delà du doute raisonnable, je n’ai donc pas besoin de témoigner», avait-elle affirmé vendredi, pour sa seule prise de parole.