TurquieDes dizaines d’arrestations après une attaque visant des Syriens
Dans la nuit de mercredi à jeudi, des individus ont pris d’assaut des boutiques, véhicules et logements appartenant à des Syriens à Ankara.
Les policiers turcs ont arrêté plus de 70 personnes soupçonnées d’être liées à des attaques xénophobes qui ont visé des commerces et des logements occupés par des Syriens à Ankara, au lendemain d’un premier coup de filet. Au total, «72 individus supplémentaires qui étaient recherchés pour avoir partagé sur les réseaux sociaux des contenus à des fins de provocation ou pour d’autres délits ont été interpellés», a annoncé la police, dans un communiqué. Ces arrestations portent à 148 le nombre des personnes détenues dans le cadre de l’enquête sur ces attaques.
Mercredi soir, plusieurs dizaines de personnes ont pris d’assaut des boutiques, des véhicules et au moins un logement appartenant à des Syriens dans le district d’Altindag, à Ankara. Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux montrait un groupe d’hommes en train d’arracher le rideau métallique d’une épicerie avant d’en fracasser la vitrine et de la piller.
Des photos obtenues par l’AFP témoignent de la violence de ces incidents. Sur l’une d’elles, on voit un homme brisant la fenêtre d’un appartement situé au rez-de-chaussée à l’aide d’un pieu.
Le Croissant-Rouge turc a déclaré qu’un enfant syrien avait été hospitalisé, après avoir été blessé par une pierre lancée contre le logement occupé par sa famille.
Mort d’un jeune Turc
Ces incidents sont intervenus après la mort d’un jeune Turc, qui avait été poignardé mardi, au cours d’une rixe entre deux groupes, des internautes et des médias présentant l’auteur des coups de couteau comme un Syrien.
Deux ressortissants étrangers accusés d’«homicide volontaire» ont été arrêtés, a rapporté l’agence de presse étatique Anadolu, sans toutefois préciser leur nationalité.
La Turquie, un pays qui accueille près de quatre millions de réfugiés syriens, a plusieurs fois été secouée par des accès de fièvre xénophobe similaires ces dernières années, souvent déclenchés par des rumeurs se propageant sur les réseaux sociaux et les applications de messagerie instantanée. L’émeute dans la capitale turque s’inscrit dans un contexte d’intensification du discours xénophobe, en particulier sur les réseaux sociaux, sur fond d’afflux de réfugiés afghans fuyant l’avancée des talibans dans leur pays.