Football - Au FC Sion, il y a de moins en moins de «menteurs»

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FootballAu FC Sion, il y a de moins en moins de «menteurs»

En l’emportant 2-0 contre GC, le club valaisan a démontré une nouvelle façon d’aborder ses matches. Un renouveau qui s’inscrit dans la continuité. Et si c’était ça le vrai changement?

Nicolas Jacquier
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Nicolas Jacquier


Avant chaque reprise, c’est le même cérémonial, la même attente, le même processus qui se met en place. Tant que le championnat n’a pas encore repris, il y a ce que l’on dit et ce que l’on en espère, les promesses ambitieuses, les intentions généreuses, les belles paroles auxquelles chacun aimerait tellement croire... Dans le cas du FC Sion, joueurs, entraîneurs et dirigeants, à l’image de Gelson Fernandes, s’accordaient pour insister sur la nécessité d’offrir du plaisir afin, expliquaient-ils, de «rendre fiers nos supporters». Voilà qui avait tout d’un programme électoral…

Mais à l’heure de la rentrée des classes, il y a surtout ce que l’on fait de ce que l’on a dit. Avec souvent l’instauration d’un décalage entre la théorie et la réalité de nature à se retourner contre celui qui s’était imprudemment avancé. Rien de tel dans le cas du club valaisan. Alors que celui-ci nous avait parlé d’une implication collective, du désir de donner du bonheur à ceux et celles qui consacraient leur après-midi dominical à l’objet de leur passion, les 5800 spectateurs (excepté le noyau zurichois) ont quitté Tourbillon avec la banane, globalement heureux de ce qui leur avait été présenté.

Tout n’avait pas été parfait lors de cette reprise, ce n’était d’ailleurs pas le but, mais tout ce que Sion a tenté l’a été avec l’objectif de séduire. Sion avait l’envie de donner du plaisir; et ses fans en ont pris comme en témoigne la vibrante communion entre joueurs et supporters qui devait clôturer l’après-midi.

L’union du cercle

Ce faisant, l’équipe a surtout su gommer les énormes doutes que sa préparation (au niveau des résultats tout au moins) avait suscités. A Tourbillon comme ailleurs, on aime à se réfugier derrière les valeurs de groupe, invoquant la force collective qui peut s’en dégager au service des individualités. Ainsi avait-on souvent eu l’occasion de mettre en avant la solidarité et l’état d’esprit sans vraiment peut-être en mesurer le sens, tant cela semblait découler d’une élémentaire évidence qui n’était que de façade.

Et si tout ce qui était encore instable et flou hier serait devenu aujourd’hui solide et plus réel? Et si l’arrivée de Paolo Tramezzani, dont c’est le troisième passage convient-il de rappeler, avait été le gage d’un recentrage? On sent poindre l’idée d’une union sacrée qui se dessine à travers le cercle que forment dorénavant titulaires, remplaçants et membres du staff au complet avant chaque coup d’envoi - à ce rythme, il faudra y inclure des représentants issus du public!

Paolo Tramezzani a pris l’habitude de réunir joueurs, remplaçants et membres du staff au bord du terrain juste avant le coup d’envoi.

Paolo Tramezzani a pris l’habitude de réunir joueurs, remplaçants et membres du staff au bord du terrain juste avant le coup d’envoi.

NJR

Oui, quelque chose a changé à Tourbillon, qui n’est pas fait pour nous déplaire. Ce renouveau s’inscrit dans le cadre d’une stabilité et d’une continuité nouvelle. En attendant une possible arrivée (comme celle de Gaetano Berardi, toujours en stand-by), Sion n’a signé aucune nouvelle recrue cet hiver. Voilà qui nous change avantageusement du brassage sanctionnant trop souvent chaque mercato hivernal.

Une base perfectible

Jusqu’à présent, l’équipe gagnait sans forcément convaincre; voici qu’elle se mettrait aussi à séduire si l’on songe aux promesses entrevues contre Grasshopper. Alors que ni Zurich (l’emportant froidement contre Servette) ni Young Boys (contre Lugano) n’ont spécialement brillé en ce week-end de reprise, Sion a proposé de quoi réchauffer ses supporters.

On ne peut que se réjouir d’une telle approche. A Tourbillon, où l’on a souvent enfumé son monde avec la pauvreté du jeu présenté, il y a de moins en moins de «menteurs»; on ne fait plus dans l’esbrouffe à bon compte. On s’efforce de s’en tenir à ce que l’on a dit, on fait en fonction des hommes à disposition. On veut séduire? Alors on essaie de séduire! Sans forfanterie mais avec ses moyens. C’est la meilleure façon d’embarquer les spectateurs avec soi, de les associer à un projet dans lequel chacun peut se retrouver.

Tout reste bien sûr fragile mais la base demeure perfectible. C’est fort de cette conviction que Sion devra s’en aller défier Bâle en fin de semaine. Avec l’ambition de faire… mentir des statistiques ne plaidant pas en sa faveur.

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