Guerre en Ukraine : «Ces hommes donnent leur vie pour que nous puissions continuer de vivre» 

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Guerre en Ukraine«Ces hommes donnent leur vie pour que nous puissions continuer de vivre»

Les femmes de soldats ukrainiens doivent faire face à l’incertitude et au doute, et à une «douleur immense» lorsqu’elles apprennent qu’elles sont devenues veuves. 

Olga Slychyk dépose un drapeau ukrainien sur un mémorial, en mémoire de son mari mort au combat.

Olga Slychyk dépose un drapeau ukrainien sur un mémorial, en mémoire de son mari mort au combat. 

AFP

Olga Slychyk craignait le pire en janvier lorsque son mari, un ingénieur militaire ukrainien servant sur le front dans l’est de l’Ukraine, ne l’a pas appelée pour lui souhaiter un joyeux anniversaire. Certes, il arrivait que son époux Mykhaïlo, âgé de 40 ans, soit injoignable pendant plusieurs jours, mais elle était convaincue que s’il avait été sain et sauf, il aurait trouvé un moyen de la contacter ce 14 janvier.

«J’étais sûre qu’il m’appellerait ou trouverait un moyen de me le souhaiter. Mais j’avais fait un très mauvais rêve et je savais déjà que quelque chose n’allait pas», raconte à l’AFP cette femme de 30 ans vêtue de noir, son fils Viktor, deux ans, dans les bras. Le lendemain, elle apprenait que Mykhaïlo avait été tué à Soledar, ville de l’Est conquise par les Russes en janvier.

Des milliers de soldats morts 

Plus d’un an après le début de l’invasion russe, l’armée ukrainienne n’a pas rendu publique l’étendue de ses pertes. Des documents du renseignement américain ayant fuité sur internet évoquent 17’500 soldats tués.
Olga Slychyk a rejoint un groupe pour veuves en ligne, qui comptait plus de 300 membres au moment de la mort de son mari. Aujourd’hui, le nombre a doublé, alors que les combats font rage dans l’Est, en particulier à Bakhmout.

Olga Slychyk et son fils de deux ans, Viktor, le 10 avril 2023 à Kiev.

Olga Slychyk et son fils de deux ans, Viktor, le 10 avril 2023 à Kiev. 

AFP

«Nous devons vivre» 

Olga Slychyk, originaire de Marioupol (sud-est), ville-martyre tombée dans les premiers mois de l’invasion russe, explique encore parler à son mari «tout le temps, dans (sa) tête et à voix haute». «Lorsque je ne peux pas ouvrir une boîte de conserve, je pleure de frustration et je m’écrie «Micha, je ne suis même pas capable de faire ça» et puis soudain, elle s’ouvre», raconte-t-elle.

«Ces hommes donnent leur vie pour que nous puissions continuer de vivre», explique Daria Mazour, une veuve de 41 ans, parlant des militaires sur le front. C’est précisément ce besoin de continuer à vivre qui a poussé Oksana Borkoun, veuve de guerre elle aussi, à créer «We Have to Live» (Nous devons vivre), l’organisation de soutien aux veuves qu’Olga a rejointe.

«J’ai besoin de toi» 

«Les femmes sont face à une douleur immense. C’est possible d’en devenir fou. La vie continue autour de vous, alors il faut parler avec ceux qui comprennent», explique-t-elle. L’organisation recueille de l’argent pour offrir un soutien logistique et moral aux veuves, mais c’est surtout une plateforme pour parler et partager leur vécu et leur souffrance.

Olga Slychyk se dit «tiraillée», se demandant si le sacrifice ultime de Mykhaïlo en valait la peine. «Il m’a dit qu’il y allait (à la guerre) pour moi et Viktor», explique-t-elle, avant de s’adresser à son mari défunt: «Si tu me veux en sécurité, bien, alors j’ai besoin de toi à mes côtés, pas ailleurs.» 

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(AFP)

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