Bienne: En 66 trajets, il transporte 34 kilos d’héroïne

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BienneEn 66 trajets, il transporte 34 kilos d’héroïne

Un passeur érythréen convoyait de la drogue en voiture, parfois avec son fils. Condamné à  sept ans et demi de prison, il risque une expulsion.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé
Le trafiquant a comparu la semaine dernière à Bienne devant le Tribunal régional Jura bernois – Seeland.

Le trafiquant a comparu la semaine dernière à Bienne devant le Tribunal régional Jura bernois – Seeland.

lematin.ch/Vincent Donzé

Trente-quatre kilos d’héroïne pour un seul homme: «Le Journal du Jura» l’a désigné comme «une plaque tournante de la drogue à lui tout seul». Vendredi dernier, ce transporteur érythréen de 29 ans a été condamné par le Tribunal régional Jura bernois-Seeland à sept ans et demi d’emprisonnement pour le transport de 34 kilos d’héroïne coupée, une peine qui sera théoriquement ponctuée par l’expulsion de ce père de cinq enfants.

Le passeur de drogue livrait sa marchandise entre Bienne et Berne, par sacs de 500 grammes. Son manège a duré dix mois, ce qui le rend coupable d’infractions en bande organisée et par métier à la loi sur les stupéfiants, ainsi que de blanchiment d’argent.

8,2 kg d’héroïne pure

De l’été 2019 au printemps 2020, cet horticulteur a effectué 66 trajets en voiture, parfois avec son jeune fils, en recrutant des connaissances afin de disposer d’un appartement. Ce sont 34 kilos d’héroïne coupée qui ont été transportés. Mais pour établir le verdict, les juges ont retenu 8,2 kg d’héroïne pure.

Des aveux complets et des regrets sincères ont réduit d’un quart une peine initiale de dix ans. «Le Journal du Jura» relève que lors des deux premiers interrogatoires, le passeur prétendait n’avoir livré que des pizzas. Son épouse l’ayant incriminé, il a dit la vérité au troisième interrogatoire. Mardi dernier, le prévenu a prétendu avoir ignoré ce que contenaient les sacs transportés.

Pris pour un traître

Les cinq juges chargés d’établir la durée de la peine ont été sensibles au harcèlement subi en prison par le prévenu, pris pour un traître par d’autres détenus. Les agressions et les menaces subies ont nécessité plusieurs transferts d’une prison à l’autre.

Le condamné est père de cinq enfants nés de deux relations, mais le tribunal n’a pas vu dans sa situation un cas de rigueur. Si son épouse et ses enfants ne souhaitent pas le suivre en Érythrée, il lui appartiendra d’entretenir une vie familiale par des appels, des messages et des visites, ainsi que par les réseaux sociaux.

L’horticulteur a déjà purgé trois ans de prison en détention en préventive. Sera-t-il expulsé une fois sa peine achevée? À l’heure actuelle, les citoyens érythréens ne sont pas renvoyés dans leur pays, en raison d’une situation politique instable.

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