Ski alpinMélanie Meillard veut retrouver son «vrai» niveau
La skieuse d’Hérémence lance sa saison ce week-end du côté de Levi (Finlande), où deux slaloms sont au programme.
- par
- Chris Geiger
Près de quatre ans après sa grave blessure au genou gauche subie en marge des Jeux olympiques de PyeongChang, Mélanie Meillard retrouve peu à peu ses sensations physiques et mentales. Malgré un énième contrecoup survenu début octobre à l’entraînement à Diavolezza, la skieuse de 23 ans veut retrouver cette saison le niveau qui était le sien avant les JO de 2018.
Et quel meilleur endroit que sa piste fétiche de Levi pour démontrer les progrès réalisés dernièrement? Depuis la Finlande, la Valaisanne d’origine neuchâteloise se confie avant les deux slaloms programmés ce week-end.
Mélanie Meillard, vous avez chuté lors d’un entraînement de géant début octobre à Diavolezza. Comment allez-vous?
Je vais mieux par rapport à ce que j’ai connu il y a quelques semaines en arrière. Mon genou va également mieux, même s’il n’est pas encore à 100%. Du moins, les sensations ne sont pas encore les mêmes qu’avant la chute. Mais ça va mieux et je peux désormais skier presque sans douleur.
Vous aviez fait le déplacement de Sölden il y a trois semaines, mais aviez finalement renoncé à prendre le départ du géant d’ouverture de saison. Était-ce avant tout préventif?
J’avais pu remettre les skis deux jours avant la course, après avoir été contrainte de faire une pause après ma chute. Je n’avais alors pas rencontré de douleurs extrêmes, mais je n’étais pas prête dans la tête à skier à 100%. Tous ces éléments réunis m’ont rappelé qu’il ne fallait pas exagérer et attendre un peu. J’ai d’ailleurs appris de mes blessures et j’écoute désormais beaucoup plus mon corps, même si ce ne sont pas toujours des décisions faciles à prendre.
Vous vous apprêtez à lancer votre hiver dès samedi à Levi, où vous avez réalisé vos meilleurs résultats en Coupe du monde (6e en 2016, 5e en 2017 et 9e en 2020). Dans quel état d’esprit allez-vous aborder ces courses?
C’est vrai que ça a toujours bien fonctionné pour moi là-bas, en témoignent mes résultats et les manches que j’ai pu réussir. A chaque fois que Levi arrive, je sais que c’est positif. Je ne saurais toutefois pas dire pour quelles raisons ça marche aussi bien. Lorsque ça se passe bien sur une piste, quand tu reviens dessus, tu repars dans le même état d’esprit. Psychologiquement, ça aide de savoir que ça a bien fonctionné les années précédentes. Je me réjouis donc de pouvoir skier à nouveau sur cette piste, et j’espère que tout ira aussi bien ce week-end.
Justement, quelles sont vos ambitions pour ce week-end finlandais?
C’est difficile de se fixer un objectif précis, mais mon but cette saison est de retrouver mon niveau d’avant blessure. Globalement, j’espère revenir à mon meilleur niveau dans mes deux disciplines. Je sais que ce sera un peu plus facile en slalom qu’en géant, mais j’ai beaucoup bossé en géant cet été. C’est donc un objectif de retrouver le Top 30 en géant, alors que le but en slalom est de m’installer à nouveau dans le Top 15. Il va falloir tout donner à chaque course et on verra ensuite ce qu’il se passe au niveau des résultats.
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Vous espérez donc franchir un pallier par rapport à la saison dernière?
J’avais repris la compétition en décembre 2019 du côté de Lienz. C’était alors avant tout des courses de reprise pour voir où j’en étais mentalement. Malheureusement, j’avais ensuite dû rapidement arrêter. La saison dernière était un exercice de reprise pour voir comment ça se passait, notamment physiquement. Cet exercice a d’ailleurs été important car il m’a permis de retrouver un rythme de course et de reprendre ma place dans l’équipe. Je repars désormais pour une saison «normale» et non pas pour une saison d’après blessure. Je suis néanmoins consciente qu’il peut toujours y avoir des contrecoups, comme cette chute à Diavolezza. Ce n’est jamais agréable, car cette dernière m’a freinée dans ma progression, mais il faut savoir passer par-dessus.
D’ailleurs, comment avez-vous vécu ce nouveau coup du sort?
J’avais vécu à l’époque une rééducation compliquée, avec pas mal de douleurs. J’avais d’ailleurs dû me faire réopérer. Du coup, dès que tu rechutes et que tu sens que ton genou prend un choc, ça te fait automatiquement repenser à certaines choses négatives. Sur le moment, tu n’as pas envie de revivre tout ça et tu prends peur. Par chance, tout a tenu. Mais, mentalement, ça m’a refoutu un petit coup. Ça m’a rappelé que je peux chuter et me faire mal. C’est d’autant plus regrettable que j’étais bien dans mes deux disciplines avant cette chute. J’étais vraiment en confiance et je n’avais plus mal au genou. Tout se passait pour le mieux. Depuis, je n’ai pas refait de géant, je sens qu’il me manque des jours dans les jambes en slalom. Mais c’est en skiant qu’on retrouve la confiance, le rythme et les sensations.
Jusqu’à cette malheureuse chute, votre préparation estivale s’était donc bien déroulée?
Oui, très bien même. Je me suis entraînée sur un tapis avant de remettre les lattes pour que mon genou garde le mouvement du ski. Ça m’a évité certaines douleurs lorsque je suis revenue sur la neige et ça m’a permis de corriger un certain nombre de points. Avec mon entraîneur physique, on a également travaillé sur tous les points. J’ai fait beaucoup d’exercices de saut, de vitesse et d’agilité, chose que je n’avais pas pu trop faire ces dernières années.
Vous semblez donc prête à entamer cet hiver olympique. Sachant qu’il y a Pékin en ligne de mire, l’abordez-vous différemment?
Non, je ne mets pas plus de pression. Je sais qu’il y a les JO, mais je sais aussi que, pour pouvoir y aller, il faut réussir un bon début de saison et réaliser de bons résultats pour obtenir sa qualification. Il faut donc se préparer comme pour un hiver normal afin d’obtenir sa qualification dans un premier temps. Car c’est bien beau de penser aux JO, mais si tu n’as pas les résultats et que tu ne te qualifies pas, c’est un peu ballot (rires)!
Votre dernière expérience olympique ne s’était pas bien déroulée avec cette grave blessure au genou gauche. Les JO restent quand même un rêve pour vous?
En tant que skieur, tu as envie d’aller aux JO, aux championnats du monde et de décrocher des médailles lors de ces grands événements. C’est vrai que ça ne s’est pas toujours bien passé pour moi, mais j’ai quand même disputé les Mondiaux de Saint-Moritz en 2017 alors que je n’avais fait qu’une saison de Coupe du monde. C’était énorme de pouvoir y participer, surtout que j’avais assez bien terminé en géant (ndlr: 13e). A PyeongChang, je n’avais même pas pu participer aux JO car je m’étais blessée juste avant, alors qu’à Cortina je revenais justement de cette blessure et ça s’était effectivement mal passé. Il y a donc toujours eu quelque chose jusqu’à maintenant. Au final, je n’ai jamais pu participer à un grand événement avec de l’expérience ou en étant à 100% physiquement. Je vais donc tout donner en Coupe du monde cette saison pour me qualifier et pour pouvoir être au départ des JO.