Madrid  – Des chauffeurs de taxi parcourent 6000 km pour sauver des réfugiés

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MadridDes chauffeurs de taxi parcourent 6000 km pour sauver des réfugiés

Une soixantaine de chauffeurs ont roulé jusqu’en Pologne pour amener de l’aide humanitaire, avant d’y récupérer 135 Ukrainiens pour les ramener en Espagne.

Un chauffeur de taxi étreint l’un des réfugiés ukrainiens transportés par le convoi de chauffeurs de taxi espagnols, lors d’un arrêt à Burgos, en Espagne, le 16 mars 2022.

Un chauffeur de taxi étreint l’un des réfugiés ukrainiens transportés par le convoi de chauffeurs de taxi espagnols, lors d’un arrêt à Burgos, en Espagne, le 16 mars 2022.

AFP

Bouleversés par le conflit russo-ukrainien, une soixantaine de chauffeurs madrilènes ont roulé près de 6’000 kilomètres pour amener de l’aide humanitaire dans la capitale polonaise avant d’y récupérer 135 réfugiés ukrainiens pour les ramener en Espagne.

À l’arrivée du convoi à  Madrid dans la nuit de mercredi à jeudi, applaudissements et les klaxons de dizaines d’autres taxis se sont fait entendre.

«Ce sont nos héros», explique Khrystyna Trach, 22 ans, dont une sœur vit en Espagne.  «Maintenant, je vais chercher du travail pour avoir de l’argent et aider ma famille et mon pays», explique cette orpheline, dont les grands-parents sont restés à Kiev et qui a rejoint Varsovie en voiture puis à pied.

«Je suis vraiment épuisée mais tellement soulagée», souffle Olga, arrivée avec ses deux enfants et qui ne souhaite pas donner son nom de famille car elle craint pour la sécurité de ses proches restés en Ukraine.

Deux chauffeurs par taxi

La majorité de ces réfugiés sont des femmes et des enfants ayant de la famille ou des amis en Espagne. Avec eux, quatre chiens et un chat ont également fait le voyage.

Venue avec l’un de ses deux fils, âgé de 15 ans, Olha Shokarieva, 46 ans, a laissé en Ukraine son mari et son autre fils qui «combattent pour nos vies, pour l’indépendance de notre pays. Nous ne savons pas si nous avons encore notre maison et de quoi notre avenir sera fait.»

Une photo du convoi, lors du voyage de retour.

Une photo du convoi, lors du voyage de retour.

AFP

Parti le 11 mars de Madrid, le convoi comptait 29 taxis avec deux chauffeurs à bord pour se relayer au volant. L’idée de cette initiative a surgi lors d’une discussion entre chauffeurs à l’aéroport de Madrid au sujet des bombardements de l’Ukraine par l’armée russe.

L’un d’eux a alors suggéré de se rendre en Pologne pour aller y chercher des réfugiés et les autres ont acquiescé, se souvient José Miguel Funez, porte-parole de la Fédération des taxis professionnels de Madrid qui a coordonné l’opération. «La réponse a été incroyable. On ne s’attendait pas à ça», confie-t-il.

«En une journée, leurs vies ont basculé»

Javier, chauffeur de taxi

Javier Hernandez, qui a ramené un couple et leur fils de 12 ans, explique qu’il «ne pouvait pas rester là comme ça» les bras croisés, après avoir vu les images d’enfants et femmes fuyant la guerre.

«En une journée, leurs vies ont basculé», poursuit-il, en estimant pour sa part n’avoir «fait que ce qu’il fait tout le temps à Madrid: conduire».

Mutiques en quittant la Pologne, les réfugiés refusaient de descendre lors des premières pauses avant de «nous prendre dans leurs bras et de faire des blagues» au fil des heures, dit encore Javier avec émotion.

Un chauffeur de taxi tenant un enfant ukrainien dans ses bras, sur une aire d’autoroute espagnole.

Un chauffeur de taxi tenant un enfant ukrainien dans ses bras, sur une aire d’autoroute espagnole. 

AFP

Une «petite contribution» 

Le coût de l’opération, environ 50’000 euros principalement pour l’essence et le péage, a été financé grâce à la solidarité des taxis. «Ils sont incroyables: certains enfants de chauffeurs ont même donné l’argent de leur tirelire», explique Jésus Andrades, 38 ans, l’un des coordinateurs du convoi.

Comme d’autres chauffeurs, Nuria Martinez, 34 ans, qui a ramené une mère et son bébé de deux mois, se dit prête à repartir pour aller chercher d’autres réfugiés. «On ne peut rien faire en restant assis sur son canapé. C’est notre petite contribution», dit-elle.

Madrid et ses taxis au grand cœur

(AFP)

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