Rome: L’Italie est l’hôte d’une «conférence internationale» visant à freiner l’immigration

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RomeL’Italie est l’hôte d’une «conférence internationale» visant à freiner l’immigration

La première ministre Giorgia Meloni avait promis lors de sa campagne de «stopper les débarquements». Elle accueille les dirigeants des pays méditerranéens pour trouver un accord.

L’Italienne est au pouvoir depuis 2022.

L’Italienne est au pouvoir depuis 2022.

AFP

Giorgia Meloni a accueilli, dimanche, à Rome, les dirigeants des pays méditerranéens pour une «conférence internationale» destinée à étendre le modèle d’accord signé par l’UE avec la Tunisie, dans le but de freiner l’arrivée de migrants sur le Vieux-Continent. Parmi les invités, des présidents du Moyen-Orient, d’Afrique, d’Europe ainsi que des représentants de l’Union européenne et du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR). La France et l’Espagne n’ont pas de représentants.

Peu avant, au Vatican, le pape François célébrant l’Angélus a appelé les chefs d’État et de gouvernement européens et africains à porter «secours et assistance» aux migrants traversant la Méditerranée mais également à ceux qui, comme en Tunisie et en Libye, «sont piégés et abandonnés dans des zones désertiques». «La Méditerranée ne doit plus jamais être le théâtre de la mort et de l’inhumanité», a lancé le pontife argentin. Les sessions de la conférence prévues dans l’après-midi sont fermées aux médias. Une conférence de presse de Giorgia Meloni est annoncée après 19 heures.

«Stopper les débarquements»

Pendant la campagne des législatives de 2022 qui l’ont portée au pouvoir, Giorgia Meloni avait promis de «stopper les débarquements» de migrants en Italie. Son gouvernement a depuis mis des bâtons dans les hélices des navires humanitaires, sans pour autant tarir les départs.

Selon Rome, quelque 80’000 personnes ont traversé la Méditerranée et sont arrivées sur les côtes de la péninsule depuis le début de l’année, contre 33’000 l’an dernier sur la même période, en majorité au départ du littoral tunisien.

Face à ce constat, la Première ministre italienne et la Commission européenne ont intensifié leur «dialogue» avec la Tunisie, depuis quelques mois, en promettant des financements si le pays s’engage à combattre l’émigration à partir de son territoire. Bruxelles et Rome ont ainsi signé la semaine dernière avec le président tunisien un protocole d’accord qui prévoit notamment une aide européenne de 105 millions d’euros destinée à empêcher les départs de bateaux de migrants et lutter contre les passeurs.

L’accord prévoit aussi plus de retours de Tunisiens en situation irrégulière dans l’UE, ainsi que les retours depuis la Tunisie vers leurs pays d’origine de migrants d’Afrique subsaharienne. «Ce partenariat avec la Tunisie doit être un modèle pour construire de nouvelles relations avec nos voisins d’Afrique du Nord», a plaidé Giorgia Meloni à Tunis avec Ursula von der Leyen. Un haut responsable européen s’exprimant sous couvert de l’anonymat a confirmé que l’UE souhaitait négocier avec l’Égypte et le Maroc des partenariats similaires.

«Nous devons coopérer avec les pays d’Afrique du Nord même si pour cela il nous faut accepter qu’ils ne soient pas des démocraties parfaites», renchérit un ambassadeur en poste à Rome ayant requis l’anonymat. «Il y a une unité dans l’UE sur ce principe», explique-t-il à l’AFP.

Complicité de l’Europe dans «les abus atroces»

Les ONG sont en revanche vent debout. Sea-Watch déplore que «l’UE et ses Etats-membres continuent de durcir leurs politiques mortelles d’isolement». «La Méditerranée n’est pas seulement un cimetière, c’est une scène de crime», dénonce l’organisation.

«L’Europe n’a rien appris de sa complicité dans les abus atroces commis à l’encontre des migrants en Libye», fustige Human Rights Watch. Pour le chercheur indépendant Yves Pascouau, le fait qu’il existe un «canal de discussion» entre l’Europe et les pays de départ est une chose positive.

Il est néanmoins inquiétant de constater que désormais «la migration est aussi considérée par les pays du Sud comme un problème». Et tant que les politiques migratoires dépendront des ministres européens de l’Intérieur, la question sera uniquement abordée du point de vue sécuritaire.

«Ce qui manque dans la relation entre l’UE et les pays tiers, c’est une réflexion à long terme», regrette-t-il. Selon l’ONU, plus de 100’000 migrants sont arrivés en Europe au cours des six premiers mois de 2023 par la mer, depuis les côtes nord-africaines, la Turquie et le Liban. Ils étaient un peu plus de 18’000 en 2022.

(AFP)

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