Covid-19L’obligation vaccinale n’est (presque) pas pensable en Suisse
Pour Andrea Büchler, présidente de la Commission nationale d’éthique en médecine humaine, on ne peut «piquer les gens de force», mais les soumettre à des sanctions contraignantes.
«Il n'existe aucune base légale pour une obligation générale de vaccination de la population», estime la Pr Andrea Büchler, spécialiste en droit privé et présidente de la CNE (Commission nationale d’éthique dans le domaine de la médecine humaine), longuement interviewée par la «SonntagsZeitung». Mais elle tempère son propos: «La pandémie nous a appris à faire preuve de la plus grande prudence dans les pronostics sur les conditions futures dans lesquelles nous devrons prendre des décisions.»
Néanmoins, si Berne devait en arriver à juger que vacciner tout le monde est le seul moyen pour enrayer la pandémie, personne ne pourrait être vacciné de force : «II ne peut y avoir d'obligation de vaccination qui devrait être ordonnée par l’État, contrôlée par la police et appliquée», souligne la juriste. Ainsi, «une vaccination obligatoire ne signifierait pas que les gens seraient piqués de force. Les personnes qui ne se font pas vacciner risqueraient une amende, comme pour d'autres infractions à la loi.» Des sanctions (p.ex. un confinement obligatoire) qui, précise-t-elle encore, peuvent également être «synonymes de contrainte».
Faire confiance au personnel soignant
À noter que, selon la loi sur les épidémies, en cas de «danger important», les cantons peuvent, eux, introduire une obligation de vaccination pour certaines tranches de la population – dont le personnel soignant. Selon la Pr Büchler, la CNE s'est montrée critique à ce sujet en février dernier déjà. «Le prix à payer serait élevé: nous manquons de personnel soignant et une vaccination obligatoire pourrait aggraver cette pénurie.» De plus, il s’agirait d’une «marque de défiance à l'égard du personnel soignant, qui fournit un travail extraordinaire depuis de nombreux mois», note-t-elle. Elle préconise que soignantes et soignants soient plutôt soumis à des tests réguliers «presque plus fiables» que la vaccination «qui ne protège pas de la même manière contre l'infection et la transmission du virus».