CyclismeL’ogre Tadej Pogacar écrase l’Amstel Gold Race
Le Slovène a écoeuré l'Irlandais Ben Healy et le Britannique Tom Pidcock pour remporter la classique néerlandaise et s’offrir sa 11e victoire de la saison, déjà.
Tadej Pogacar a englouti l'Amstel Gold Race. Deux semaines après sa démonstration au Tour des Flandres, le Slovène a remporté son onzième succès cette saison en écrasant la seule classique néerlandaise du calendrier, dimanche à Valkenburg. «J'ai encore faim», avait dit le Slovène à la veille de la course, quinze jours après avoir écœuré le Néerlandais Mathieu van der Poel et le Belge Wout Van Aert au Ronde, l'un des trois monuments déjà à son palmarès à 24 ans seulement, avec le Tour de Lombardie (2021, 2022) et Liège-Bastogne-Liège (2021).
Malgré un marquage à la culotte de la part de ses adversaires, le double vainqueur du Tour de France n'a trouvé aucun coureur en mesure de lui contester un succès bâti à coups d'attaques dans les nombreuses (33) côtes courtes mais abruptes du parcours limbourgeois. En l'absence de Van Aert et Van der Poel, qui ont mis fin à leur printemps huit jours plus tôt au soir d'un Paris-Roubaix remporté par ce dernier, et des Primoz Roglic, Jonas Vingegaard et autre Remco Evenepoel, Pogacar était le grandissime favori.
Le conseil de van der Poel
Mais, lors d'une course portant le nom d'un bière locale, «Pogi» n'a pas connu la pression, faisant valser ses adversaires en trois temps sur ce tourniquet néerlandais de 253 kilomètres, un zig-zag continu qui maltraite les points cardinaux. Il a d'abord placé une première accélération qui a fait exploser le peloton à 80 kilomètres de Valkenburg. Le Polonais Michal Kwiatkowski et le Français Benoît Cosnefroy, vainqueur et 2e l'an passé, ont été piégés. Au sein d'un groupe de dix attaquants, il a ensuite à nouveau accéléré à 36 kilomètres de la ligne dans l'Eyserbosweg, où seuls Pidcock et Healy ont réussi à le suivre. Mais ces deux hommes ont été impuissants lors de la troisième attaque du leader de l'équipe UAE dans le Keutenberg à 29 bornes du but. «Pogi» a fini par s'imposer en solitaire.
«Il y a trois jours, Mathieu van der Poel m'a envoyé un message dans lequel il me suggérait d'attaquer dans le Keutenberg car c'est la côte la plus difficile de la course. C'était le bon plan. Je le remercie pour ce conseil», a expliqué le leader de l'équipe UAE.
Même une crevaison lente et un changement de vélo au pied du Kruisberg, à 39 bornes de l'arrivée, n'ont pu freiner l'envol du coureur vers son 57e succès professionnel. «J'étais pourtant nerveux: la voiture de l'équipe était loin et j'ai mis beaucoup de temps à être dépanné. C'était vraiment stressant», a raconté la vainqueur du dernier Paris-Nice, assurant «avoir beaucoup souffert» dans les 25 derniers kilomètres. Mais Ben Healy, révélation de cette semaine après sa 2e place mercredi à la Flèche brabançonne, a tout de même échoué à 38 secondes.
Dans sa condition actuelle, Pogacar peut entrevoir avec optimisme la suite du triptyque ardennais avec la Flèche wallonne, mercredi, et Liège-Bastogne-Liège, dimanche. «J'irai à la Flèche avec ambition, même si je n'ai jamais obtenu de très bons résultats au sommet du mur de Huy (ndlr: 9e en 2020). Et puis à Liège, je devrai me mesurer à Remco (ndlr: Evenepoel)», a-t-il expliqué quand il lui a été rappelé que le Belge Philippe Gilbert avait été le dernier à réussir le fabuleux triplé ardennais, il y a douze ans.
Après quoi, il faudra penser au Tour de France, qui sera précédé d'une période de repos, d'un stage en altitude puis du Tour de Slovénie (du 14 au 18 juin) au milieu d'une saison déjà exceptionnelle.
Son coéquipier Marc Hirschi a, lui, terminé 36e (+4’06’’). Le Bernois de 24 ans est le Suisse le mieux classé de la course, juste devant le Zurichois Mauro Schmid (Soudal-Quick Step), 37e (+5’02’’).