Votations 15 maiDon d’organes: un comité́ interpartis plaide pour la nouvelle loi
Des politiciens de tous bords ont lancé́ lundi la campagne en faveur de la loi sur la transplantation soumise au peuple le 15 mai. Pour eux, elle permettra de sauver des vies.
- par
- Christine Talos
Un large comité interpartis a plaidé lundi à Berne en faveur de la nouvelle loi sur la transplantation, soumise au peuple le 15 mai prochain, qui permettra selon lui de sauver plus de vie. Pour les politiciens de tous bords présents, il s’agit d’un moyen sûr et clair d’augmenter le nombre de dons d’organes tout en garantissant que celui-ci reste un acte volontaire.
Rappelons qu’actuellement un don d’organes n’est possible que si le défunt a donné son consentement (via une carte de donneur ou des directives anticipées). Mais Berne veut passer au principe du «consentement présumé». Autrement dit: toute personne ne souhaitant pas faire don de ses organes après son décès devra désormais le signaler explicitement ou informer ses proches.
Plus de 1400 demandeurs
Le comité a rappelé que plus de 1400 personnes étaient inscrites sur des listes d’attente pour recevoir un cœur, un foie, un rein, ou un autre organe vital à leur survie. Mais les donneurs ne sont pas assez nombreux. Du coup, un à deux patients décèdent chaque semaine faute d’avoir pu être transplantés. Raison pour laquelle la loi sur la transplantation doit être corrigée, selon ses partisans.
Le consentement présumé au sens large amènera plus de sécurité et plus de clarté car le processus est parfaitement défini, strictement contrôlé», a expliqué le conseiller national Michel Matter (Vert’lib/GE). «L’attribution des organes se fait strictement selon l’ordonnance sur l’attribution d’organes liée à̀ la loi sur la transplantation. Ce point ne change pas. Seuls sont prélevés les organes qui peuvent être attribués à des receveurs.»
Près de 50% de refus au moment du décès
Près de 80% de la population est favorable au don d’organe, a rappelé Philippe Eckert, directeur du CHUV. Mais la réalité est tout autre: le taux de refus des proches est de 40 à 60% au moment où il est question de prélever l’organe du défunt, selon lui. «Je l’ai vécu en tant que professionnel des soins intensifs. Il faut faire face à la détresse des proches, leur désarroi et leurs doutes au moment de se prononcer au nom du défunt à cet instant tragique», a-t-il raconté. Selon lui, la loi permettra de changer fondamentalement la discussion avec les familles. «Nous pourrons les rassurer en rappelant que le défunt avait donné son contentement présumé».
«La nouvelle loi ne correspond pas à un don d’organe automatique», a précisé le conseiller national Pierre-André Page (UDC/FR). «S’il n’existe pas de déclaration de la part du défunt, les proches pourront toujours refuser tout prélèvement s’ils pensent que cela ne correspond pas à sa volonté», a-t-il expliqué. La conseillère nationale Regine Sauter (PLR/ZH) est claire: «L’entretien avec les proches est maintenu. C’est l’approche qui change.»
«Il s’agit d’une solution pragmatique pour répondre à un besoin: augmenter le taux de dons d’organes en Suisse et baisser le temps d’attente pour les personnes ayant besoin d’une transplantation» a souligné de son côté la co-présidente du comité Flavia Wasserfallen (PS/BE).