FranceDes centaines de migrants «mis à l’abri» dans le Pas-de-Calais
Près de Calais et de Dunkerque, dans le nord de la France, la police a évacué des migrants de campements vers des centres d’accueil. Les associations dénoncent des «expulsions forcées».
Des centaines d’exilés ont été évacués, jeudi, des sites autour de Calais et Dunkerque, sur le littoral nord de la France, où ils campent dans l’attente d’un passage en Angleterre, une «mise à l’abri» selon les préfectures, dénoncée comme «forcée» par les associations.
À Loon-Plage, près de Dunkerque, comme dans les principaux campements de Calais, des dizaines de bus ont été mobilisés pour emmener les migrants vers des centres d’accueil à l’écart du littoral.
Selon la préfecture du Pas-de-Calais, 300 migrants «volontaires» sur les 800 que compte Calais actuellement ont été «pris en charge» et éloignés dans une trentaine de départements. Ces opérations simultanées visent, selon la préfecture, à «proposer une mise à l’abri de tous les migrants» vivotant sur le littoral, pour mettre fin à leurs «conditions de vie indignes», accentuées ces dernières semaines par d’importantes pluies.
«L’objectif est de sauver les vies»
«L’objectif est de sauver les vies», a affirmé François-Xavier Bieuville, sous-préfet de Dunkerque, alors que les traversées migratoires vers les côtes anglaises se poursuivent, malgré les mauvaises conditions météo. Deux migrants se sont noyés le 22 novembre dans le naufrage de leur embarcation, à quelques centaines de mètres du rivage, un an après le naufrage migratoire le plus meurtrier survenu dans le détroit du Pas-de-Calais, qui avait fait au moins 27 morts.
Mais les associations, dont plusieurs responsables se sont rendus, jeudi, sur des campements évacués, tout comme l’évêque d’Arras, Mgr Olivier Leborgne, dénoncent des «expulsions forcées». Mgr Leborgne a déploré que les évacuations se fassent sans diagnostic social ni recueil du consentement des migrants. La présidente du Secours catholique, Véronique Devise, a réclamé des solutions d’hébergement des migrants sur le littoral avec l’arrivée de l’hiver.
Certains ont fui et sont revenus
Yassin Omar, un Soudanais de 18 ans arrivé à Calais il y a quatre mois, a raconté à l’AFP qu’il dormait, avec des compatriotes, quand la police est arrivée, vers 5 heures. Certains ont été pris par la police, lui est revenu au camp, affirme-t-il. «Mais je n’ai pas retrouvé mon sac, ma couverture, rien.»
Selon les autorités britanniques, plus de 27’000 personnes sont arrivées au Royaume-Uni en traversant la Manche, depuis le début de l’année, après un record de 45’000 en 2022. Pour tenter de tarir ce trafic migratoire, à l’origine de poussées de tension entre Paris et Londres, les autorités françaises procèdent régulièrement, sur le littoral, à des démantèlements de campements, le plus souvent immédiatement reconstitués.