HommageLa lettre bouleversante d’Etienne Daho à Jane Birkin
Le chanteur, ami et collaborateur de l’artiste disparue ce week-end, a su trouver les mots pour dire son chagrin, ce lundi matin.
- par
- L.S.
Complice dans le travail et dans la vie avec Jane Birkin, Etienne Daho avait composé et produit l’ultime album de la chanteuse, «Oh! Pardon tu dormais», en 2020. Au lendemain du décès à 76 ans de celle qui était l’une de ses proches, Daho lui a écrit une lettre magnifique, dont la presse française s’est faite l’écho.
«Ma Jane. Grâce à ton talent, ton élégante beauté libre, ton humour piquant, macabre et britannique, tu as accompagné nos adolescences moroses. Nous voulions être toi, ou Serge, ou Françoise [Hardy], ou Jacques [Dutronc]. Des lumières dans la nuit. La vie a fait que nous nous sommes rencontrés, aimés et que je suis vite devenu un ami de la famille. J’ai aimé ta voix unique, haut perchée et si singulière, ton écriture libre, poétique et culottée, tes engagements. Toujours honnête. Toujours légère. Toujours trop modeste et généreuse, attribuant tes réussites aux autres. Toujours», écrit Etienne Daho.
«Peut-être que certaines personnes, qui préféreraient te ranger définitivement dans un rôle de muse charmante, réaliseront enfin que tu es une artiste complète à la curiosité en alerte. Qui aurait pu réaliser ton film «Boxes» ou écrire ta pièce «Oh! Pardon tu dormais»? Incarner Johnny Jane dans le film «Je t’aime moi non plus» ou «La fausse suivante» dirigée par Chéreau?», ajoute-t-il.
«Tu as surmonté tes souffrances»
Et Etienne Daho de poursuivre, faisant allusion à ce fameux dernier album de Jane Birkin: «Il y a trois ans, Jean-Louis Piérot, toi et moi, avons constitué une armée à trois pour réaliser ton dernier album. Bluffés que nous étions par tes textes, nous avons accompagné ce chapitre de ta vie sur disque et sur scène. Défiant toutes les lois de la médecine, guerrière devant l’éternel, tu as surmonté tes souffrances, sans une plainte et avec le sourire, pour remporter chaque soir de triomphales victoires, devant un public ému aux larmes. Une leçon.»
Il conclut cette lettre poignante, revenant sur les dernières semaines de Jane Birkin: «Il y a quelques jours, tu me disais vouloir remonter sur scène et repartir sur les routes. Refaire cet Olympia que tu avais dû reporter. Confiante en l’avenir. Tu vas retrouver tes parents, Kate, Serge, tes amis et tes chiens. Et tu vas terriblement nous manquer. Amour. Ton Daho.»