CommentaireÉlisabeth Baume-Schneider au Conseil fédéral: «la candidate du cœur»
Tout oppose les deux candidates du PS au Conseil fédéral. Les arguments humains plaident pour la Jurassienne, mais la «realpolitik» est en faveur de la Bâloise Eva Herzog.
- par
- Eric Felley
Candidate surprise au Conseil fédéral à la succession de Simonetta Sommaruga, la Jurassienne Élisabeth Baume-Schneider donne à la politique fédérale cette touche de naturel qui lui manque si souvent. C’est une personnalité positive et solaire, qui aime le verbe. On devine un peu de Ruth Dreifuss chez cette femme empathique et bienveillante. Sa présence dans le collège apporterait sans nul doute ce «liant» si indispensable à une fondue bien homogène.
Sa rivale sur le ticket socialiste, la Bâloise Eva Herzog, donne au contraire l’image d’une politicienne distante, le visage figé pour ne pas dire antipathique. «Mme Baume-Schneider est la candidate du cœur, Mme Herzog celle de la tête», tels sont les propos du directeur de l’institut Sotomo Michael Hermann dans la presse dominicale alémanique, qui précise que, selon leur sondage, le peuple préférerait la tête au cœur.
Le cœur et la tête
Mais si les deux candidates devaient passer devant le peuple, la Jurassienne aurait sûrement de meilleures chances de l’emporter. Cependant, l’Assemblée fédérale n’est pas le peuple. Le camp bourgeois a d’abord une bonne raison de voter pour la Bâloise: le siège de Simonetta Sommaruga devrait rester alémanique. Même s’il n’y a aucune obligation constitutionnelle à cela, cet argument fonde leur choix, confirmé par le fait que la camarade Eva est plutôt à l’aile droite du Parti socialiste.
Comment Élisabeth Baume-Schneider pourrait inverser cette situation? Difficile. Le Jura n’est pas un canton très influent à Berne, c’est un euphémisme. Elle devrait pouvoir compter sur les Romands, mais parmi ceux-ci, il s’en trouve un certain nombre qui estiment qu’avec Alain Berset et Guy Parmelin, ils sont suffisamment représentés. Un troisième siège romand (presque un quatrième avec Viola Amherd qui vient du Valais), fermerait la porte à pas mal d’ambitions.
«Tu n’as aucune chance, alors saisis-la!»
En fin de compte, tout semble démontrer qu’Élisabeth Baume-Schneider n’a aucune chance d’accéder au Conseil fédéral le 7 décembre prochain. On envie de lui conseiller la maxime du philosophe Arthur Schopenhauer: «Tu n’as aucune chance, alors saisis-la!» Il lui reste une dizaine de jours pour convaincre dans les auditions qu’elle va passer devant les groupes, que la Suisse a tout autant besoin de cœur que de tête. Et là, il peut même avoir les deux!