FootballLa Suisse qualifiée par la petite porte
Nul 1-1 face au Kosovo à Bâle. La Roumanie a aidé à distance en battant Israël. Le malaise est toujours là, malgré la qualification à l’Euro 2024.
- par
- Daniel Visentini Bâle
Joie trouble. La Suisse jouera la phase finale de l’Euro 2024 en Allemagne l’été prochain. On ne devrait pas manquer d’enthousiasme à l’idée de le souligner. Et pourtant. Elle s’y qualifie par la petite porte, chichement, aidée par la victoire de la Roumanie face à Israël, les Suisses ayant été incapables de battre le Kosovo à Bâle.
Le malaise est là, étranglé dans ce paradoxe: une Suisse qualifiée, mais égarée en même temps, rongée par ce malaise, avec un Murat Yakin qui ne sait pas comment faire jouer sa sélection.
Banderole censurée
Dans ces circonstances fragiles, le match avait commencé avant le coup d’envoi. Autour d’une banderole anodine. Les supporters helvétiques avaient déployé un message en allemand: «Nous donnons tout pour notre pays! Et vous?». Cela n’a pas été du goût de l’ASF: elle a envoyé quelqu’un parlementer et le «Et vous?» a disparu, il laissait le calicot nu de son message interrogatif et acide.
Le match, cela a aussi été celui des tribunes. Ce Kosovo B, qui s’est auto-privé de son capitaine Rrahmani et de Zegrova (qui étaient restés en club, Naples et Lille), qui devait composer sans son buteur Muriqi, de Rashica et de son gardien No 1, Muric, pouvait compter sur le soutien populaire, avec tous ces supporters fiers de venir soutenir les leurs.
Forcément, quand Rashani a placé une tête qui a frôlé le poteau d’un Sommer battu, il y a eu comme une clameur, un espoir kosovar déçu. Le même genre de rumeur qui avait flotté, mais pour les supporters suisses peu avant, quand Freuler avait manqué la cage, seul à six mètres, sur une offrande de Vargas.
Crise interne
C’est ce même Vargas qui allait trouver la faille après un bon centre de Garcia et une tête déviée de Zakaria, celle de Vargas faisant mouche.
Une domination nette, peu de danger adverse, une Suisse qui mène au score: scénario éculé. Cette sélection comme toujours, a craqué en fin de rencontre. C’est Hyseni qui a égalisé, faisant planer un vilain doute.
Il ne s’est pas concrétisé. Dans le groupe le plus faible de l’histoire, la Suisse se contente de nuls pour filer en Allemagne. Elle a encore une chance de terminer en tête du groupe en battant la Roumanie mardi soir à Bucarest. Cela lui permettrait de figurer dans le deuxième chapeau lors du tirage au sort.
Mais au-delà de cette qualification, la crise interne, avec un Murat Yakin qui multiplie les choix biscornus et une gestion sportive incohérente, demande des décisions fortes. Cette Suisse qui ne sait plus jouer, qui ne sait plus gagner contre le Kosovo, la Biélorussie, ou Israël, ne peut pas aller à l’Euro avec ce climat de défiance entre un sélectionneur et son groupe.
Elle a sauvé l’essentiel. Mais l’essentiel c’est quoi? Se qualifier, quand il était compliqué de ne pas y parvenir? Ou se donner toutes les chances de faire quelque chose de concret en Allemagne? Pour cela, l’ASF doit se poser toutes les bonnes question concernant Murat Yakin. Son automne est un fiasco. Il est peut-être temps d’en éviter un plus grand à l’Euro en tranchant dans le vif.