Paris: après l’attaque au couteau, appel à une réunion sécuritaire

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ParisAttaque au couteau: l’assaillant avait fait allégeance à l’EI

Le procureur général chargé de l’attaque au couteau qui a coûté la vie à un touriste, près de la tour Eiffel, à Paris, s’est exprimé dimanche.

Les faits se sont déroulés près de la tour Eiffel.

Les faits se sont déroulés près de la tour Eiffel.

AFP

L’islamiste radical qui a tué un jeune touriste germano-philippin samedi soir près de la tour Eiffel, à Paris, a fait allégeance au groupe État islamique (EI). Il avait publié une vidéo avant son passage à l’acte, a indiqué dimanche le procureur antiterroriste Jean-François Ricard lors d’une conférence de presse.

S’exprimant en arabe dans cette vidéo, le Franco-Iranien de 26 ans apportait «son soutien aux jihadistes agissant dans différentes zones», a déclaré Jean-François Ricard devant la presse. «Cette vidéo était notamment mise en ligne sur son compte X (ex-Twitter)», ouvert début octobre et qui comportait «de nombreuses publications sur le Hamas, Gaza et plus généralement la Palestine», a-t-il dit.

Interpellé, l’assaillant âgé de 26 ans, né en France de parents iraniens, est un Franco-Iranien à la fois connu de la justice pour son obédience à l’islam radical – il a fait 4 ans de prison pour un projet d’attentat en 2016 – et des troubles psychiatriques.

«Profil très instable»

Une enquête a été ouverte par le Parquet antiterroriste (PNAT) pour notamment comprendre le parcours médical de cet homme au «profil très instable, très influençable», selon une source sécuritaire. Selon une source proche de l’enquête, en mars 2022 il avait arrêté son traitement médicamenteux (neuroleptique atypique), en accord avec son médecin. Mais en août 2022 une expertise psychiatrique avait conclu à une injonction de soins, ordonnée peu après par un juge, selon la même source.

Mais dans ses rapports successifs le médecin coordonnateur n’avait pas conclu à la nécessité de reprendre un suivi médicamenteux. Le 21 avril dernier, il notait «aucune dangerosité d’ordre psychiatrique identifiée». Moins de vingt-quatre heures après l’attaque, Denis Leguay, président de la fédération Santé Mentale France, reste très prudent sur les explications du passage à l’acte de l’assaillant, qui s’est dit motivé par la guerre que mène Israël dans la bande de Gaza, en représailles à l’attaque sanglante du Hamas, le 7 octobre.

«On peut s’interroger sur l’influence de tout ce qui se passe dans l’actualité, qui est abondamment relayé et qui peut agir sur le comportement et le bon équilibre psychique de ce genre de personne présentée comme fragile», analyse-t-il.

Réunion sécuritaire

Une réunion sécuritaire s’est tenue à Matignon autour d’Elisabeth Borne à la demande d’Emmanuel Macron, après l’attaque, a annoncé à l’AFP l’entourage du chef de l’État. Sont convoqués à ce rendez-vous les ministres de l’Intérieur Gérald Darmanin, de la Justice Eric Dupond-Moretti et de la Santé Aurélien Rousseau, a-t-on appris de même source. Dans la matinée, Emmanuel Macron s’est également entretenu avec sa Première ministre, Gérald Darmanin et le directeur général de la sécurité intérieure (DGSI), Nicolas Lerner, a précisé l’entourage du président.

Le ministre français de l’intérieur Gérald Darmanin a réclamé, dimanche, que les autorités «puissent demander une injonction de soins» pour une personne radicalisée suivie pour troubles psychiatriques, afin de prévenir des passages à l’acte comme celui de l’assaillant de Paris.

Difficulté récurrente

Pour le médecin urgentiste Patrick Pelloux, qui a pris en charge le touriste allemand, interrogé sur la chaîne de télévision BFMTV: «Il faut éviter, dès qu’il y a un attentat, de dire: «C’est la faute à la psychiatrie.»

«Je comprends qu’on veuille se mettre à l’abri pour dire «C’est la faute à l’autre», mais il y a la détermination du terroriste; dans ce cas, c’est très structuré. Il a bien réfléchi à comment il frappait» sa victime, «où taper», a ajouté le médecin, ancien collaborateur de l’hebdomadaire satirique «Charlie Hebdo», dont la rédaction a été décimée (12 morts) le 7 janvier 2015 par deux islamistes.

Un «crime abominable»

La ministre allemande de l’Intérieur a dénoncé, dimanche, un «crime abominable». «L’attaque islamiste au couteau d’un jeune homme à la tour Eiffel, à Paris, est un crime abominable. Nos pensées vont à la famille et aux amis de la personne tuée, ainsi qu’aux autres blessés de cet acte horrible», a déclaré Nancy Faeser, lors d’une interview au groupe de médias Funke.

Nez levé vers la tour Eiffel, les touristes flânent sur le Champ-de-Mars où des Parisiens font tranquillement leur footing, se disant peu inquiets au lendemain de l’attaque d’un islamiste radical qui a tué un touriste et blessé deux autres personnes.

(AFP)

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