Grand Conseil bernois - En s’affichant francophone, l’UDC s’est pris les pieds dans le tapis

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Grand Conseil bernoisEn s’affichant francophone, l’UDC s’est pris les pieds dans le tapis

Après le désistement du mieux élu d’une liste romande, c’est la suppléante alémanique qui doit renoncer au poste.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé
La liste 3 était romande, mais elle incluait des candidats alémaniques.

La liste 3 était romande, mais elle incluait des candidats alémaniques.

lematin.ch/Vincent Donzé

Avant l’élection au Grand Conseil bernois, le 27 mars dernier, la liste 3 a fait parler d’elle. Motif: des candidats alémaniques figuraient ostensiblement sur cette liste électorale de langue française. L’ambition du parti, dans le cercle électoral Bienne-Seeland, c’était pour viser un quatrième siège réservé à la députation francophone, en vertu de l’évolution démographique.

Président de l’UDC Bienne-Seeland, Martin Schlup a déclaré au «Journal du Jura» qu’«en réalité, la langue maternelle n’est pas vraiment importante». «Celui qui représente Bienne ou le Seeland défend automatiquement les intérêts régionaux. Les électeurs doivent élire des têtes et non des Suisses allemands ou des Romands», a-t-il fait valoir.

Séparation des pouvoirs

Résultat le 27 mars: est élu sur la Liste 3, Luca Francescutto (Bienne, 912 voix). Ce candidat romand est suivi d’Anja Senti (Jens, 879), Patrick Widmer (Bienne, 872), Leander Gabathuler (Nidau, 711) et Korab Rashiti (Gerolfingen, 676)…

Problème pour l’élu Luca Francescutto, qui n’a pas fait campagne: la loi sur le Grand Conseil bernois interdit à tout membre de l’Administration cantonale centrale de siéger au Parlement, en vertu de la séparation des pouvoirs. De fait, son emploi à la police cantonale bernoise l’empêche de siéger au Grand Conseil, ce qui ne serait pas le cas au Grand Conseil vaudois.

Rester policier

Après avoir accepté de figurer sur la liste romande pour aider son parti, Luca Francescutto a décidé de rester policier, alors que son parti l’implorait de changer d’employeur. Cet élu laisse son siège à la première des viennent-ensuite, Anja Senti, championne suisse de tir. Problème pour elle: son parti ne veut pas asseoir une Alémanique sur un siège romand.

«Il est évident qu’Anja Senti ne prendra pas ce siège. Celui-ci sera brigué par un UDC romand. Je m’y suis engagé dès le départ», a promis Patrick Widmer, président de l’UDC biennoise. Confirmation ce mardi, dans un courriel d’Anja Senti au matin.ch: «Au nom du bilinguisme, je n’accepterai pas mon élection».

Championne suisse de tir, Senti Anja, de Jens, renonce au nom du bilinguisme.

Championne suisse de tir, Senti Anja, de Jens, renonce au nom du bilinguisme.

UDC

Le troisième sur la liste? Patrick Widmer ne voit pas comment concilier son emploi avec la fonction de député. Le quatrième? Il est Alémanique. Le cinquième, avec seulement 676 voix? «Korab Rashiti est un extrémiste que j’ai bloqué sur Facebook, tellement ses propos font froid dans le dos», dit un politicien biennois.

«Ce que je peux dire, c’est que ce sera un francophone. Le contraire serait ridicule et me dérangerait personnellement», indique Manfred Bühler, président de l’UDC bernoise. À ses yeux, Korab Rashiti correspond aux valeurs défendues par l’UDC, «sinon, le parti n’aurait pas porté sa candidature». L’épilogue est pour bientôt…

Ce que dit la Constitution bernoise

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