James Bond fête ses 60 ans au cinéma: notre classement 

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AnniversaireJames Bond fête ses 60 ans au cinéma: notre classement

Soixante ans après la sortie de «Dr No», vingt-cinq films et six interprètes de 007 composent cette saga inégalable dont voici un classement, du pire au meilleur épisode, parfaitement partial. Et vous, quel est votre choix?

Laurent Siebenmann
par
Laurent Siebenmann
Sean Connery, créateur du rôle au cinéma, dans le fameux gunbarrel qui ouvre (presque) chaque «James Bond».

Sean Connery, créateur du rôle au cinéma, dans le fameux gunbarrel qui ouvre (presque) chaque «James Bond».

Eon/MGM

25. «Mourir peut attendre» (2021)

Jusqu’à cette scène, «Mourir peut attendre» était plutôt bien. Mais hélas…

Jusqu’à cette scène, «Mourir peut attendre» était plutôt bien. Mais hélas…

Eon/MGM

C’est le film de la saga le plus récent. Sa sortie ayant été repoussée plusieurs fois, pour cause de pandémie planétaire, il était attendu avec une folle impatience par les fans de 007. La bande-annonce, dévoilée quelques mois plus tôt, avait répondu à toutes les attentes: le dernier long-métrage de Daniel Craig dans la peau de l’agent britannique allait être un vrai feu d’artifice… Sauf que, non. Quel dommage, car toute la première partie de «Mourir peut attendre» est un «James Bond» pur jus: de la séquence à Matera à la scène jouissive de Cuba, en passant par l’attaque des labos du MI6 aux décors enchanteurs jamaïcains, ça débutait bien. Mais, ensuite, tout part en sucette. Trop vite expédiée, la découverte soudaine de la paternité bondienne nous laisse froids. Tout comme ce suicide un peu stupide et mal amené de 007. Sans parler d’un Rami Malek transparent dans le rôle du grand méchant dont on peine à comprendre les motivations. Et l’alchimie amoureuse quasi inexistante entre Daniel Craig et Léa Seydoux, à des années-lumière de sa complicité avec Eva Green, dans «Casino Royale». Un naufrage total qui péjore, hélas, l’ère du comédien britannique dans la peau de l’agent secret.

24. «L’homme au pistolet d’or» (1974)

Le duel entre Christopher Lee et Roger était attendu, mais s’est révélé bien terne.

Le duel entre Christopher Lee et Roger était attendu, mais s’est révélé bien terne.

Eon/MGM

Le second film mettant en scène Roger Moore dans le rôle de James Bond a sans doute souffert des bisbilles entre les deux producteurs de la série, à l’époque. En effet, Cubby Broccoli et Harry Saltzman ne s’entendaient plus, le premier reprochant au second son manque d’implication dans la fabrication des «Bond». Saltzman connaissait, en plus, de graves problèmes financiers qui l’obligeront, l’année suivante, à vendre ses parts. Du coup, «L’homme au pistolet d’or» souffre d’un scénario plan-plan. L’abandon du format CinémaScope lui donne un air de téléfilm de luxe. Même la scène la plus spectaculaire – un saut vrillé en voiture entre deux morceaux de pont – est gâchée par un effet sonore inapproprié. Moore se cherche encore, à mi-chemin entre sa décontraction naturelle et une brutalité à la Sean Connery qui ne lui sied guère. Si Christopher Lee compose un méchant suave (Scaramanga cherche à éliminer 007 de manière assez fun), la blonde Britt Ekland incarne une des Bond girl les plus potiches de la série. Même l’homme de main de Scaramanga, le nain Tric-Trac (joué par Hervé Villechaize) n’est pas fameux. Dernier clou de cercueil, la musique du film n’est pas aussi réussie que d’habitude, John Barry semblant en panne de créativité.

23. «Quantum Of Solace» (2008)

Conduire une Aston Martin en tirant n’est pas recommandé…

Conduire une Aston Martin en tirant n’est pas recommandé…

Eon/MGM

Suite directe de «Casino Royale» – une première pour la saga à l’époque – «Quantum Of Solace» échoue sur toute la ligne. «Bond» le plus court de la série avec 1h46 au compteur, il a été tourné pendant une grève historique des scénaristes. Et cela se sent. Cette histoire de vengeance n’est pas passionnante. On saute à la vitesse de la lumière d’un pays à un autre, sans bien comprendre ce qui se passe à l’écran, la faute à un montage illisible. Il y a peu d’humour, pas de sensualité et un vilain (Dominique Greene campé par Mathieu Amalric) terne. Aucune scène ne marque vraiment. On sent dans ce film l’influence des «Jason Bourne». Mais James Bond n’est pas Bourne. Tout ça manque de classe et de souffle épique. «Quantum Of Solace» souffre également de la séquence générique la plus moche de toute la série. Heureusement, Olga Kurylenko et Gemma Arterton sauvent un peu cet épisode dispensable.

22. «Spectre» (2015)

«Mais où se cache donc ce satané demi-frère qui me cherche des noises?» se dit James Bond (Daniel Craig).

«Mais où se cache donc ce satané demi-frère qui me cherche des noises?» se dit James Bond (Daniel Craig).

Eon/MGM

Le retour du Spectre avait enchanté les fans. Après des années de procès, les producteurs de la saga étaient enfin parvenus à obtenir le droit d’utiliser à nouveau la fameuse organisation criminelle. Et son chef, Blofeld. Autant dire que l’on trépignait, à l’idée de voir ce brave James se frotter à nouveau à ces vilains pas beaux, des décennies après «Les diamants sont éternels». Mais «Spectre» laisse tout de même un goût d’inachevé. Tout semble se dérouler un peu lentement. Cela manque de nerf. Si certaines scènes s’avèrent réussies (le prégénérique et la scène de meeting du Spectre), le long-métrage semble vouloir trop réitérer le succès de «Skyfall», trois ans plus tôt, en poursuivant dans une note dépressive qui plombe l’ensemble. Et quelle drôle d’idée d’avoir fait de Blofeld le demi-frère jaloux de Bond! D’habitude si efficace dans les rôles de méchants, Christoph Waltz semble endormi, comme s’il n’avait pas un rôle à défendre. Léa Seydoux plombe déjà le rôle de Madeline Swann et Monica Bellucci ne fait qu’une fugace apparition dans le récit. Il y a comme un air de gâchis, en voyant «Spectre».

21. «Vivre et laisser mourir» (1973)

S’il n’est pas le plus réussi des «Bond», «Vivre et laisser mourir» est loin d’être un film bateau.

S’il n’est pas le plus réussi des «Bond», «Vivre et laisser mourir» est loin d’être un film bateau.

Eon/MGM

Sean Connery ayant rendu son matricule en lâchant «Plus jamais» (vraiment?), c’est le rigolard Roger Moore qui reprend ici le rôle de James Bond. Star du petit écran grâce aux séries «Ivanhoé», «Le Saint» et «Amicalement vôtre», l’Anglais distingué apporte une note décontractée au personnage qui lui va bien. Très ancré dans le début des années 70 et la blacksploitation, «Vivre et laisser mourir» est un épisode distrayant. Mais pas une grande cuvée. Clairement, comme dans «L’homme au pistolet d’or», Moore n’a pas encore trouvé la bonne mesure entre sérieux et rire. Le scénario, qui mêle trafic de drogue et vaudou, réserve quelques bons moments (dont la fameuse poursuite en bateaux en Louisiane ou la scène où 007 marche sur des crocodiles pour échapper à un sort funeste). La chanson du film, «Live And Let Die» chantée par Paul McCartney, est l’une des plus connues. Jane Seymour, alors débutante, est touchante. Le Baron Samedi (Geoffrey Holder), roi de la magie noire, est terrifiant. On ne peut pas en dire autant du grand méchant, Kananga (Yaphet Kotto), dont le déguisement fait plutôt marrer. Tout comme sa mort, tel un ballon explosant au visage des spectateurs. On oubliera, en revanche, l’agaçant Shérif J.W. Pepper (Clifton James) qui semble tout droit sorti d’une mauvaise comédie… Quelques gadgets sont sympas, comme la montre aimantée dont Bond se sert pour se sortir de plusieurs mauvais pas. Et même déshabiller une conquête.

20. «Permis de tuer» (1989)

Quand James Bond (Timothy Dalton) se met en tête de pêcher un avion en plein ciel.

Quand James Bond (Timothy Dalton) se met en tête de pêcher un avion en plein ciel.

Eon/MGM

Voilà un épisode qui divise les fans. Si beaucoup le considèrent comme un des meilleurs, d’autres (dont votre serviteur) trouve que c’est un bon film d’action mais pas un «James Bond». Pour son deuxième et dernier film dans la peau de 007, le très shakespearien Timothy Dalton incarne un Bond sombre qui veut venger son ami Felix Leiter. Pour ce faire, il va infiltrer l’équipe d’un baron de la drogue, Franz Sanchez (Robert Davi), et faire se liguer les méchants les uns contre les autres. Toute l’histoire se passe en Floride puis en Amérique du Sud, dans la ville fictive d’Isthmus City. Dalton livre un joli numéro, dans un style précurseur qui sera repris par Daniel Craig. Très violent (un personnage se fait à moitié dévorer par un requin, un autre voit sa tête exploser), le film surprend. On est loin du style Moore! Peu de gadgets, un brin de charme. Mais pas franchement un «Bond», plutôt un épisode de «Miami Vice» dont l’ambiance est très proche. À noter que les rôles féminins sont plus développés que d’habitude, pour le plus grand bonheur de leurs interprètes talentueuses, Carey Lowell et Talisa Soto. Même Q (Desmond Llewelyn) sort de son labo et participe activement à cette vendetta.

19. «Demain ne meurt jamais» (1997)

«Accrochez-vous, ma Chère, car nous allons sauter à moto par-dessus un hélicoptère!»

«Accrochez-vous, ma Chère, car nous allons sauter à moto par-dessus un hélicoptère!»

Eon/MGM

Après le succès phénoménal de «Goldeneye», Pierce Brosnan revenait dans ce deuxième film le mettant en scène. Assez visionnaire, «Demain ne meurt jamais» dénonce les dérives de certains magnats de la presse. Point de Rupert Murdoch ici mais place à Elliot Carver, joué par Jonathan Pryce (Anthony Hopkins ayant décliné la proposition). Grâce à ses publications, le bonhomme compte provoquer une guerre en mer de Chine. S’il semble un peu plus empâté que dans l’épisode précédent, Brosnan assure le spectacle. Pour autant, si le film réserve son lot de jolies scènes (le prégénérique ou l’exécution du Dr Kaufmann), tout paraît un peu lourdingue et boursoufflé. Les personnages ne laissent pas un grand souvenir, même si l’agent chinois Wai Line (merveilleuse Michelle Yeoh) emporte le morceau, volant même parfois la vedette à Pierce Brosnan. Les placements de produits sont un peu trop apparents, à l’image de la moto utilisée par 007 lors d’une poursuite inoubliable. À cela, ajoutez une chanson-titre pas fameuse signée Sheryl Crow (qui a été préférée à celle, meilleure, de K.D. Lang que l’on peut tout de même entendre à la fin du film) et vous comprendrez que cette aventure laisse un souvenir mitigé.

18. «Meurs un autre jour» (2002)

Euh… Non là, ça va pas être possible. Désolé…

Euh… Non là, ça va pas être possible. Désolé…

Eon/MGM

Pour sa quatrième et dernière mission, Pierce Brosnan célèbre également les 40 ans de la série. Dès les premières scènes, le film surprend, 007 se faisant capturer et torturer dans une prison nord-coréenne. Bond s’en sortira et partira à la recherche de ceux (ou celle?) qui l’ont trahi. Dépaysement et amusement garanti, donc. Le métrage regorge de clins d’œil à la saga, telle cette scène où Halle Berry sort de l’eau à la façon d’Ursula Andress dans «Dr No». Malheureusement, il devient poussif à sa moitié, dès lors que l’intrigue se déroule dans les glaces islandaises. Tout est peu too much. Si la poursuite entre une Aston Martin bardée de gadgets et une Jaguar qui n’a rien à lui envier séduit, il n’en va pas de même des effets numériques franchement ratés. Le pire étant une scène où 007 fait du kitesurf sur un tsunami, sans doute la scène la plus honteuse de toute la saga. L’ensemble de l’épisode baigne dans la science-fiction: le méchant d’origine asiatique se transforme en rouquin britannique, un rayon laser géant venu de l’espace permet de vaporiser des régions entières, la voiture de Bond devient invisible… On frise le ridicule. Ajoutons aussi la chanson interprétée par Madonna (elle apparaît même dans le métrage) qui n’a rien de bondien. L’impression générale n’est pas terrible même si, avouons-le, «Meurs un autre jour» reste tout à fait regardable.

17. «James Bond contre Dr No» (1962)

«My Name is Bond, James Bond», lâche Sean Connery dans une réplique quasi improvisée qui deviendra historique.

«My Name is Bond, James Bond», lâche Sean Connery dans une réplique quasi improvisée qui deviendra historique.

Eon/MGM

C’est le premier film, mythique, de la série. À l’époque, Cubby Broccoli et Harry Saltzman avaient dû batailler pour le produire et le faire distribuer. Tous les grands studios l’ont refusé. Sauf United Artists qui en rigole encore. Trouver le bon acteur a duré des mois. Des milliers de candidats ont été auditionnés, jusqu’à ce qu’un certain Sean Connery se présente… Le reste appartient à l’histoire du cinéma. Ce qui impressionne avec «Dr No», c’est que le bon ton, la juste mesure sont trouvés d’emblée. Certaines images iconiques comme le gunbarrel, les femmes dansant sur le générique, les costumes ou les décors de Ken Adam sont là. Et le «Bond Theme», aussi. À dire vrai, le réalisateur Terence Young signe un vrai bijou, nerveux et brutal qui détonnait dans le paysage cinématographique britannique d’alors. La scène où 007 abat froidement un homme fait frissonner, aujourd’hui encore. Connery, animal et dangereux, est parfait, Ursula Andress campe une femme forte au physique musclé qui tranche avec les rôles dévoués aux actrices, à cette époque. De son côté, Joseph Wiseman compose le méchant bondien de référence. Son Dr No, à la fois séduisant et menaçant, ravit les spectateurs. Le succès de James Bond au cinéma sera fulgurant et ne se démentira jamais. À peine, peut-on légitimement trouver que ce premier épisode a pris un petit coup de vieux. Mais pas tant que ça.

16. «Rien que pour vos yeux» (1981)

Souffrant du vertige, Roger Moore avait confié avoir dû avaler un calmant et une bonne bière, avant de tourner quelques scènes en hauteur, dans «Rien que pour vos yeux».

Souffrant du vertige, Roger Moore avait confié avoir dû avaler un calmant et une bonne bière, avant de tourner quelques scènes en hauteur, dans «Rien que pour vos yeux».

Eon/MGM

Sorti deux ans après le spatial «Moonraker», «Rien que pour vos yeux» proposait un récit plus terre à terre. Exit les gadgets outranciers et les navettes: place à un récit tendu d’espionnage où l’on se prend même, parfois, à craindre pour la vie de notre héros. C’est assurément la composition la plus rugueuse de Roger Moore dans le rôle de James Bond. La première scène, où 007 vient déposer des fleurs sur la tombe de son ex-femme, donne le ton. Même si, évidemment, Moore garde parfois son esprit taquin, la tonalité générale de «Rien que pour vos yeux» est au sérieux. Si Carole Bouquet ne brille pas à l’écran, le comédien israélien Topol amuse le public. Le méchant, incarné par Julian Glover, n’a rien des grands mégalomanes vus dans les films précédents mais il en impose. Dans une scène, Bond fait délibérément tomber une voiture dans un ravin, montrant un Roger Moore excellent dans le registre de la dureté. On retiendra aussi la poursuite à skis-motos-bob se déroulant à Cortina. Spectaculaire à souhait, elle a malheureusement coûté la vie à l’un des cascadeurs. Enfin, il est permis de trembler en voyant James Bond grimper un à pic, dans les Météores grecques. Une bonne cuvée, donc.

15. «On ne vit que deux fois» (1967)

Visiblement peu allergique aux chats, James Bond (Sean Connery) rencontre Blofeld (Donald Pleasence) pour la première fois.

Visiblement peu allergique aux chats, James Bond (Sean Connery) rencontre Blofeld (Donald Pleasence) pour la première fois.

Eon/MGM

Après quatre premiers films phénoménaux, Sean Connery tournait son cinquième «Bond». Et, pour la première fois, le comédien écossais marquait un peu le pas. Lassé par une envahissante célébrité (des paparazzi étaient allés jusqu’à le prendre en photo dans des WC), courroucé de ne pas obtenir un rôle de coproducteur et s’estimant mal payé, Connery n’a plus le même jus, dans le rôle de 007 et semble s’ennuyer. Il annonce d’ailleurs, en plein tournage, qu’«On ne vit que deux fois» sera sa dernière apparition dans la peau de l’espion de Sa Majesté. La production du film sera chaotique (en repérage au Japon, l’équipe échappera de peu à un accident d’avion), les prises de vues également puisque le comédien engagé pour jouer Blofeld, l’ennemi juré de Bond, devra être remplacé au pied levé car jugé peu convaincant. Exit Jean Werich, bonjour Donald Pleasence. Dans l’ensemble, le métrage semble se dérouler à un faux rythme. Même si la base du méchant, cachée dans un cratère (extraordinaire et gigantesque décor de Ken Adam), en met plein la vue, «On ne vit que deux fois» enchante moins le public que les films précédents. Pour la première fois, un «Bond» enregistre un box-office à la baisse. Restent tout de même quelques moments inoubliables comme le générique chanté par Nancy Sinatra, la capture des vaisseaux dans l’espace, le mini-hélicoptère «Petite Nellie» surarmé, la bataille finale et la musique de John Barry. Le morceau «Capsule In Space» est un classique.

14. «Les diamants sont éternels» (1971)

Faut pas fâcher Sean Connery, surtout lorsqu’il est armé d’un pistolet lance pitons.

Faut pas fâcher Sean Connery, surtout lorsqu’il est armé d’un pistolet lance pitons.

Eon/MGM

Or, donc, après avoir rendu, une première fois, son matricule, Sean Connery accepte de revenir dans le rôle de James Bond. Il faut dire que le comédien n’a pas enregistré de grands succès, dans ses autres films tournés depuis «On ne vit que deux fois». Et que l’épisode de la saga sorti en 1969, «Au Service secret de Sa Majesté» a connu le box-office le plus faible de la série. Il est donc proposé à Connery un salaire – mirobolant à l’époque – de 1 million de dollars et deux films à produire de son choix. Le roi Sean revient donc pour «Les diamants sont éternels», film étrange, puisque semblant faire le lien entre le sérieux des premiers longs-métrages et la décontraction de l’ère Roger Moore qui allait suivre. Affichant une relative bonne humeur et quelques kilos de plus, Sean Connery se balade au milieu d’une histoire de trafic de diamants et de menace mondiale ourdis par Blofeld. L’histoire se passe quasi intégralement aux États-Unis, ce qui en fait le plus américain des épisodes. Un tantinet paresseux, le film oscille entre thriller et comédie pure, à l’image de la Bond girl principale jouée par Jill St John qui semble passer, au milieu de l’histoire, de femme dangereuse à potiche. Audacieux en 1971, un couple homosexuel joue les méchants. Côté musique, Shirley Bassey chante pour la seconde fois le titre d’un «Bond». On notera qu’avant le retour de Sean Connery, c’est l’acteur John Gavin qui avait été engagé pour jouer Bond dans «Les diamants sont éternels». Bien que son contrat ait été rompu, les producteurs ont tenu à le payer intégralement.

13. «Moonraker» (1979)

L’affiche de «Moonraker» est assurément une des plus funs de la saga.

L’affiche de «Moonraker» est assurément une des plus funs de la saga.

Eon/MGM

Nous y voilà. Car «Moonraker» est un sacré morceau qui divise les fans. Quatrième «Bond» tourné par Roger Moore, qui sortait du triomphe de «L’espion qui m’aimait», cet épisode est celui de toutes les outrances. Le sérieux des premiers films est définitivement rangé aux oubliettes, en proposant une énorme bande dessinée sur grand écran. 007 y affronte Drax (onctueux Michael Lonsdale), un mégalomane qui entend sélectionner les plus dignes représentants de la race humaine, les envoyer dans une base spatiale et tuer tout le reste de l’humanité, cela afin de modestement régner, tel un dieu, sur la Terre. «Moonraker» permet de visiter les décors les plus somptueux, de Venise à l’espace, en passant par Los Angeles (en réalité le château de Vaux-le-Vicomte) et Rio de Janeiro. Il regorge de scènes d’action – on retiendra notamment le prégénérique en chute libre et celle se déroulant sur le toit du téléphérique du Pain de Sucre – et de gadgets, tel ce bracelet lance fléchettes empoisonnées ou explosives. L’immense Requin revient pour la seconde fois… et devient gentil à la fin du métrage. La délicieuse Lois Chiles joue les utilités. Bref, c’est là un divertissement purement familial, un brin too much mais qui, soyons honnête, se laisse regarder avec une gourmandise coupable.

12. «Tuer n’est pas jouer» (1987)

Son nom est Dalton, Timothy Dalton: nous sommes en 1987 et James Bond change de visage.

Son nom est Dalton, Timothy Dalton: nous sommes en 1987 et James Bond change de visage.

Eon/MGM

En cette année 1987, c’est une révolution: après sept films dans le rôle de 007, Roger Moore rend son tablier. Et c’est Timothy Dalton qui lui succède. Résultat, «Tuer n’est pas jouer» renoue avec un certain sérieux et une forme de dangerosité. Dans une ambiance très guerre froide, le récit se déploie de Gibraltar à Afghanistan, en passant par la Tchécoslovaquie, l’Angleterre, l’Autriche et le Maroc. Après dix-huit ans d’absence à l’écran, l’Aston Martin fait son grand retour, dans sa version V8, toujours aussi bardée de gadgets. Dalton impose un Bond très réaliste, sentimental (il n’a qu’une seule relation sérieuse durant tout le film avec une violoncelliste jouée par Maryam d’Abo) et violent. Le récit est captivant. Seul bémol, le grand méchant est relativement peu intéressant. C’est le dernier «Bond» dont l’immense John Barry signera la musique. Mais quel feu d’artifice, avec en prime une chanson-titre signée par le groupe A-ha, extrêmement populaire à l’époque. Pour la petite histoire, «Tuer n’est pas jouer» aurait dû voir Pierce Brosnan endosser le matricule 007 mais, pour des raisons de contrat qui le liait avec la série «Remington Steele», le comédien avait été contraint de renoncer au rôle. Il se rattrapera quelques années plus tard. En attendant, Timothy Dalton réussit son arrivée dans la saga.

11. «Le monde ne suffit pas» (1999)

Pierce Brosnan n’a pas hésité à se mouiller, dans le prégénérique du film, en pilotant lui-même un hors-bord sur la Tamise, en plein Londres.

Pierce Brosnan n’a pas hésité à se mouiller, dans le prégénérique du film, en pilotant lui-même un hors-bord sur la Tamise, en plein Londres.

Eon/MGM

Dans la saga, il y a la fameuse règle dite du «troisième Bond». Entendez par-là que c’est souvent à leur troisième film (s'ils ont eu la chance d’en tourner au moins ce nombre) que les interprètes de James Bond signent souvent leur meilleur épisode: «Goldfinger» pour Connery, «L’espion qui m’aimait» pour Moore, «Skyfall» pour Craig. Et, donc, «Le monde ne suffit pas», pour Pierce Brosnan. C’est, en effet, dans ce film que le comédien s’approprie totalement le personnage. Très à l’aise, svelte et dynamique, il traverse cette histoire avec élégance, humour et efficacité. Brosnan est le parfait croisement entre Sean Connery et Roger Moore. Le prégénérique, long, se finit par une course-poursuite endiablée sur la Tamise, rythmée par la musique de David Arnold. Puis suit une histoire où s’entremêlent amour, trahison et menace mondiale. Sophie Marceau incarne Elektra King, fille d’un riche industriel tué dans les locaux du MI6. 007 va tenter de la protéger d’un certain terroriste prénommé Renard. Mais il va avoir quelques surprises. L’ensemble fonctionne plutôt bien et réserve son lot habituel de scènes inoubliables. Pourtant, même si le film demeure captivant, quelque chose semble tourner en rond. Bond doit-il se renouveler? La réponse arrivera sept ans plus tard.

10. «Dangereusement vôtre» (1985)

Quand James Bond (Roger Moore) rencontre Max Zorin (Christopher Walken), dans les jardins de Chantilly.

Quand James Bond (Roger Moore) rencontre Max Zorin (Christopher Walken), dans les jardins de Chantilly.

Eon/MGM

Après douze ans et six films passés dans le smoking impeccable de 007, Roger Moore prend congé du personnage dans un septième et dernier film. Âgé de 57 ans, au moment du tournage, le rieur acteur britannique y apparaît lifté et un brin fatigué. Mais il assure tout de même le spectacle. Avec son prégénérique à skis, ses Bond girls fantastiques, les décors de Chantilly, Paris et San Francisco, quelques gags amusants et une intrigue plutôt bien vue (le méchant veut détruire Silicon Valley afin d’avoir le monopole du marché des puces électroniques), «Dangereusement vôtre» offre un beau départ à Moore. Même si ses doublures sont de plus en plus voyantes, le comédien donne le maximum, entouré de Grace Jones et Tanya Roberts. Il y retrouve également un de ses meilleurs amis, Patrick Macnee, l’inoubliable John Steed de «Chapeau melon et bottes de cuir». Duran Duran signe une des chansons les plus réussies de la saga, alors que Christopher Walken, en état de grâce, compose un vilain, le psychopathe Max Zorin, totalement irrésistible. C’est d’ailleurs l’atout majeur de ce 14e épisode de la série.

9. «Octopussy» (1983)

Roger Moore, toujours bien entouré.

Roger Moore, toujours bien entouré.

Eon/MGM

Après un long-métrage qui renouait avec un certain sérieux, «Rien que pour vos yeux», le 13e film de la saga, «Octopussy» bascule à nouveau dans une forme de légèreté. James Bond (Roger Moore) mène l’enquête à Londres, en Allemagne et au Rajastan, après un prégénérique explosif à Cuba qui – mini-jet AcroStar oblige – a laissé un souvenir ému à tous les petits garçons de l’époque. 007 approche une certaine Octopussy (Maud Adams, première actrice à jouer une Bond girl dans deux films différents) dont il va vite se rendre compte qu’elle est manipulée par l’infâme Kamal Khan (Louis Jourdan, tout en sourires) et son homme de main, Gobinda (Kabir Bedi), géant capable de péter deux dés à jouer en les broyant dans sa main. Ambiance. Autant le dire tout de suite, les productions Eon ont mis le paquet dans ce luxueux divertissement qui était en concurrence – fait rare – avec un autre «James Bond» produit par une maison concurrente, «Jamais plus jamais», avec Sean Connery. Tout ça est entraînant, drôle et passionnant, même si Roger Moore commence à marquer le pas. On fera l’impasse sur quelques moments ridicules, tel celui où Bond se balance de liane en liane, en poussant le cri de Tarzan… Le tournage a été marqué par un terrible accident: le cascadeur Martin Grace s’est très grièvement blessé, alors qu’il était suspendu à un train. Percutant un plot en béton, l’homme a été longuement hospitalisé mais s’en est heureusement bien sorti.

8. «Bons baisers de Russie» (1963)

L’affiche de «Bons baisers de Russie» a immortalisé, pour la première fois, Sean Connery dans la fameuse pose, pistolet en main.

L’affiche de «Bons baisers de Russie» a immortalisé, pour la première fois, Sean Connery dans la fameuse pose, pistolet en main.

Eon/MGM

Alors que «James Bond contre Dr No» était en train de faire un carton inespéré au box-office mondial, Harry Saltzman et Cubby Broccoli ont immédiatement mis en chantier le deuxième «James Bond» de la saga: «Bons baisers de Russie». Et cette fois, le réalisateur Terence Young n’emmènera pas les spectateurs dans de dépaysantes contrées ensoleillées mais à Istanbul, à Venise et dans l’Orient-Express. Dans une ambiance très hitchcockienne, tendue et sombre, 007 tente de voler une machine de déchiffrement top secret baptisée Lektor. Au cours de sa mission, il fera connaissance de l’espionne russe Tatiana Romanova (Daniela Bianchi). Et croisera la route des agents du Spectre, Rosa Klebb (Lotte Lenya) et Red Grant (Robert Shaw). Thriller d’une violence inouïe, «Bons baisers de Russie» maintient un suspense haletant, de bout en bout. À ce titre, la fameuse scène de combat entre Bond et Grant dans le train est un sommet de la saga. C’est aussi le premier film dont la musique a été entièrement écrite par John Barry. Elle habille parfaitement cette aventure passionnante qui demeure, à ce jour, une des meilleures de 007 au cinéma. Pourtant, le tournage ne fût pas de tout repos, Terence Young manquant d’y laisser sa vie lorsque l’hélicoptère dans lequel il se trouvait a soudainement plongé dans un lac. Le réalisateur a réussi par miracle à sortir de l’appareil englouti. C’est aussi durant les prises de vues de ce film que l’équipe a appris le décès de Ian Fleming, créateur de James Bond.

7. «Goldeneye» (1995)

Coucou, qui voilou? Pierce Brosnan, bien sûr.

Coucou, qui voilou? Pierce Brosnan, bien sûr.

Eon/MGM

Quand «Goldeneye» sort sur les écrans, cela faisait six ans que James Bond n’était pas réapparu au cinéma. Depuis «Permis de tuer», en 1989, plus trace de l’agent 007. Beaucoup avaient alors prédit la fin des aventures de la taupe britannique, sur grand écran. Grossière erreur car, sous les traits de Pierce Brosnan, Bond fait un retour fracassant. Il faut dire que cette 17e aventure a tout pour plaire. D’abord, l’interprète principal, plébiscité par les fans, s’y révèle parfaitement à l’aise. Ensuite, le reste du casting est enthousiasmant, Sean Bean, Izabella Scorupco et Famke Janssen en tête. M, jouée par Judi Dench, devient pour la première fois une femme, ce qui était conforme à la réalité. N’oublions pas la chanson, composée par Bono et The Edge, et rugie par Tina Turner, qui est une merveille bondienne. Tous les ingrédients – y compris l’Aston Martin DB5 – sont de retour. «Goldeneye» propose un cocktail de cascades spectaculaires, de décors somptueux, de bons mots, de gadgets et de poursuites saisissantes. Le film s’ouvre, d’ailleurs, sur un saut à l’élastique incroyable effectué en Suisse, depuis le barrage de Contra. Seul bémol: la musique signée Eric Serra qui ne colle pas du tout à James Bond. Les producteurs demanderont d’ailleurs à un autre compositeur de fournir deux morceaux supplémentaires, dont un où tonne le fameux «Bond Theme».

6. «Skyfall» (2012)

Quand James Bond fâché, lui toujours faire ainsi.

Quand James Bond fâché, lui toujours faire ainsi.

Eon/MGM

Si, en 2006, «Casino Royale» s’était révélé rafraîchissant, «Quantum Of Solace», qui lui avait succédé deux ans plus tard, avait été une amère déception. James Bond était donc à la croisée des chemins. «Skyfall» est une merveilleuse réponse. Dans cet opus, un 007 vieillissant et désabusé va croiser le fer avec un cyberterroriste appelé Silva (Javier Bardem), en réalité un ex-agent du MI6 qui cherche à se venger de M. Réalisé par Sam Mendes, le film est somptueusement éclairé, filmé et mis en scène. Dans une ambiance à la «Batman Begins» (qui l’a clairement influencé), l’intrigue se révèle captivante. Mais surtout étonnamment émouvante. Sorte de psychanalyse de James Bond, «Skyfall» plonge dans les entrailles du personnage. Il n’en sortira pas indemne. M non plus. Mais quelle claque! Daniel Craig, pour son troisième film, retrouve un peu de l’humour du personnage. Les gadgets, l’Aston Martin, Q et Moneypenny sont aussi de retour. De même que l’emblématique bureau du MI6. Cerise sur le gâteau, la chanson-titre interprétée par Adele renoue avec les plus grands thèmes de la série. C’est dire si «Skyfall» aurait été une merveille absolue – c’est le plus gros succès de 007 au cinéma – si cela avait été un film unique. Las, «Spectre» puis «Mourir peut attendre» ont poursuivi obstinément dans la même veine dépressive. Erreur fatale.

5. «Casino Royale» (2006)

Quand James Bond fâché, lui toujours faire ainsi (bis).

Quand James Bond fâché, lui toujours faire ainsi (bis).

Eon/MGM

Après des années de bataille juridique, Barbara Broccoli et Michael Wilson, producteurs actuels des «James Bond» obtenaient, enfin, les droits du roman «Casino Royale». Ni une ni deux, c’est donc cette première aventure du jeune matriculé 007 qui sera le prochain film. Exit Pierce Brosnan, jugé trop vieux: c’est à Daniel Craig d’hériter du rôle. Tollé chez les fans qui le jugent trop petit, trop blond (comme si Roger Moore ne l’était pas), pas assez beau. Mais à la sortie de «Casino Royale», c’est le choc! Craig envoie du lourd et se révèle simplement époustouflant. Le cinéaste Martin Campbell signe un des épisodes majeurs de la saga où l’on assiste aux débuts de 007. Tous les ingrédients sont présents, dosés avec subtilité. Chaque personnage est parfaitement sculpté. Chaque acteur parfaitement dirigé. La scène centrale de casino, a priori incompréhensible, est facile à suivre. Mads Mikkelsen crève l’écran, dans la peau du Chiffre, un méchant plus subtil que d’habitude. Caterina Murino, Jesper Christensen, Giancarlo Giannini et Simon Abkarian sont au diapason. Les combats sont impressionnants de puissance et de violence. Bond n’est plus là pour rigoler! Mais il a un cœur. Celui-ci est embarqué par la belle Vesper, jouée par Eva Green dont l’interprétation emporte l’adhésion du public. C’est un triomphe mérité. Curiosité: le directeur du tournoi de poker auquel Bond et Le Chiffre participent est incarné par le rappeur et comédien suisse romand Carlos Leal.

4. «Goldfinger» (1964)

Apparemment, Jill Masterson (Shirley Eaton) a un tantinet fâché son patron, Auric Goldfinger…

Apparemment, Jill Masterson (Shirley Eaton) a un tantinet fâché son patron, Auric Goldfinger…

Eon/MGM

Troisième film de la saga, c’est celui qui en établit la recette finale: un prégénérique spectaculaire, un générique inoubliable, un méchant bien méchant, un homme de main bien sadique, des Bond girls modernes et irrésistibles, des paysages à couper le souffle, des gadgets, des bagarres, l’Aston Martin, du luxe et des bons mots. Imparable. Tout ici est bien dosé, à part, par moments, un petit manque de rythme. James Bond visite même la Suisse, puisque c’est ici que se trouvent les usines de ce vilain Auric Goldfinger auquel Gert Fröbe apporte son physique massif. L’Aston Martin et ses gadgets enchantent petits et grands, tandis que Odjob (Harold Sakata) et son chapeau tranchant les terrifient. Le film enchaîne les images inoubliables, tel le cadavre enduit de peinture dorée de la pauvre Jill Masterson (Shirley Eaton). À cela, ajoutez un générique inoubliable chanté par Shirley Bassey et vous obtenez l’un des épisodes les plus fabuleux.

3. «L’espion qui m’aimait» (1977)

Le major Amasova (Barbara Bach) et James Bond (Roger Moore) goûtent aux joies de l’Égypte.

Le major Amasova (Barbara Bach) et James Bond (Roger Moore) goûtent aux joies de l’Égypte.

Eon/MGM

Ce film, c’est un peu une Madeleine de Proust. Une sucrerie réconfortante. Un ami qu’on aime retrouver. Quasi le «James Bond» idéal, en fait. On y retrouve la quintessence du style Moore. «L’espion qui m’aimait», c’est d’abord une photographie sublime signée Claude Renoir. L’image est lumineuse et flatte les paysages splendides traversés par le film. Que ce soit en Égypte, en Écosse, dans les Alpes ou en Sardaigne, chaque image séduit. Ensuite, Roger Moore est à son meilleur, s’appropriant totalement James Bond. Il est accompagné par la plus belle des Bond girls, Barbara Bach, et affronte un des meilleurs vilains: Stromberg, joué par Curd Jürgens. C’est aussi dans «L’espion qui m’aimait» qu’apparaît pour la première fois le tueur Requin aux dents d’acier, campé par l’impressionnant Richard Kiel (2m18). Ce métrage qui sent bon l’after-shave regorge de trouvailles parmi lesquelles la base sous-marine du méchant et la fameuse Lotus Esprit (à la fois voiture et sous-marin) ne font pas pâles figures. La musique signée Marvin Hamlisch emporte également le morceau, avec une revisite du «Bond Theme» baptisée «Bond 77» dont les élans disco ne peuvent pas laisser insensibles. C’était celui de ses «Bond» que Roger Moore préférait. C’est aussi le préféré des enfants qui découvrent la saga. Il se dit que, lors de la première mondiale du film, le prince Charles en personne s’était levé pour applaudir l’apparition du drapeau britannique, à la fin du prégénérique à skis. À voir et à revoir encore, sans restriction.

2. «Au Service secret de Sa Majesté» (1969)

Tracy (Diana Rigg) a l’art et la manière pour séduire James Bond (George Lazenby).

Tracy (Diana Rigg) a l’art et la manière pour séduire James Bond (George Lazenby).

Un James Bond unique à plus d’un titre: 007 est joué pour la seule et unique fois par George Lazenby, l’espion s’y marie et, pour la première fois également, le film se finit mal. De quoi décontenancer les fans, à l’époque, qui ont réservé un accueil plutôt tiède à ce métrage réalisé par Peter Hunt. Fort heureusement, les choses ont beaucoup évolué, depuis. Aujourd’hui, «Au Service secret de Sa Majesté» est considéré comme étant l’un des meilleurs épisodes de la série. Mieux, il est devenu culte. C’est un «Bond» très romantique qui se dessine ici, avec une très belle histoire d’amour entre l’agent et Tracy (fabuleuse Diana Rigg), fille d’un richissime homme d’affaires. James Bond va devoir également affronter Blofeld (Telly Savalas) qui entend, grâce à un agent bactériologique, stériliser l’approvisionnement alimentaire du monde. Si Lazenby n’apparaît pas toujours très à l’aise – il était mannequin et avait obtenu le rôle grâce à son culot –, son Bond ne manque pas de charme. Moins de gadgets, plus de sentiments: tel pourrait être l’adage de cet opus atypique. Mais si l’émotion gagne les spectateurs à chaque instant, l’action est bien présente. À ce titre, les poursuites à skis sont géniales. C’est en Suisse que le film a été tourné en grande partie, au Piz Gloria dont la construction du fameux restaurant tournant a été cofinancée par la production. On y trouve aujourd’hui une exposition consacrée à «Au Service secret de Sa Majesté». Petit joyau baigné par une b.o. superbe de John Barry, illuminé par la chanson de Louis Armstrong, «We Have All the Time in the World», ce 6e épisode est à revoir absolument. Vous vous rendrez compte à quel point le dernier film de la saga, l’oubliable «Mourir peut attendre», s’en est – très maladroitement – inspiré.

1. «Opération Tonnerre» (1965)

«Domino, es-tu bien certaine de ne pas vouloir faire un selfie avec moi?»

«Domino, es-tu bien certaine de ne pas vouloir faire un selfie avec moi?»

Eon/MGM

Quand deux bombes atomiques sont dérobées par le Spectre, James Bond est prié de bien vouloir les retrouver. Et hop, 007 s’envole pour les Bahamas où il soupçonne qu’un certain Emilio Largo (Adolfo Celi, impeccable) n’est pas étranger à l’affaire. Telle est l’intrigue de ce quatrième épisode, le meilleur de toute la saga. Pourquoi? Parce que tout y est dosé à la perfection. C’est bien simple, on y trouve tout ce qui fait le succès de ces films, puissance 10. À noter que, pour la première fois, une actrice française, Claudine Auger, incarnait le personnage féminin principal. Inutile de dire que les paysages des Bahamas vont à merveille à 007. On en prend plein les yeux. À tous points de vue, c’est le «Bond» parfait. Sean Connery y est impérial. L’équilibre entre tous les ingrédients atteint ici son idéal. Les 124 minutes que dure le long-métrage paraissent passer beaucoup trop vite! La musique de Barry est follement inventive. Et que dire du titre de Tom Jones qui ouvre le film? L’envoûtant «Thunderball» marque les esprits, avec cette note finale que tient à pleins poumons le chanteur qui avait avoué avoir presque tourné de l’œil, tant il avait poussé le bouchon lors de l’enregistrement. «Opération tonnerre» devrait être l’exemple dont les producteurs de la saga devraient s’inspirer afin de préparer le prochain film. Et relancer la série, après «Mourir peut attendre»…

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