SouvenirsMiss Suisse 1963 s’est éteinte la semaine dernière
Margaretha Tanner, Schaffousoise venue s’établir dans le canton de Vaud, avait également participé à Miss Europe et Miss Univers.
- par
- Michel Pralong
«Dans la lumière du lac et la douceur du printemps, je me suis endormie». C’est ainsi que débute le faire-part paru samedi dernier dans «24 heures», texte qu’avait elle-même écrit Margaretha Tanner. Un peu en dessous, on voit une autre annonce, pour Margaretha «Diane» Tanner, avec une magnifique photo d’elle, arborant une écharpe marquée Switzerland. Elle avait en effet été élue Miss Suisse en 1963.
Dans le magazine «Aînés», en 1974, elle est l’une des quatre Miss qui racontent leur expérience. Margaretha Tanner explique être née à Schaffhouse, qu’elle quitte à 18 ans pour venir suivre une école de commerce privée à Rolle. Elle rêvait de beaux-arts, mais pour rassurer son père, elle devient secrétaire à Lausanne. Elle s’envole ensuite pour les États-Unis où elle travaillera pour Swissair à New York. Rentrée à Genève, elle travaille pour une entreprise américaine et, en 1962, la directrice de l’agence de mannequin Silhouette lui conseille de se présenter à l’élection de Miss Suisse.
«Il y a eu deux concours différents en 1963, je crois, nous explique son fils Jean Pascal. Elle s’est inscrite à l’un d’eux sous le prénom Diane et, comme le canton de Schaffhouse était déjà représenté, elle a concouru pour celui des Grisons». Et elle l’a emporté. Elle avait 25 ans.
Le fait d’avoir remporté le titre me créait des problèmes, racontera-t-elle plus tard à «Aînés». «Vis-à-vis de mon patron, c’était gênant. Mais il prit très bien la chose, d’autant mieux qu’il était Américain et que, dans son pays, une «Miss» jouit d’un prestige certain. Sans perdre de temps, j’avais annoncé la nouvelle à mes connaissances: je ne voulais pas qu’elles l’apprennent par les journaux. C’est ainsi que j’ai retrouvé un ami que j’avais perdu de vue à la suite de mon séjour aux USA: un ami qui allait devenir mon mari». Mari qui sera également connu plus tard, puisque Jean Abt allait devenir commandant de corps de l’armée suisse.
À Miami pour Miss Univers
«Mon élection m’a valu de beaux voyages, poursuit la reine de beauté: l’Espagne, le Moyen-Orient (où j’ai été élue première dauphine de «Miss Europe»), l’Égypte où j’ai posé avec mes camarades devant les monuments de Haute Égypte qu’il fallait sauver de l’inondation au moment de la construction du barrage d’Assouan. Enfin Miami où j’ai participé à l’élection de «Miss Univers». J’avais fabriqué un costume folklorique qui me rapporta un premier prix. J’ai reçu des propositions pour la télé, le cinéma et pour l’Exposition universelle en tant qu’hôtesse. Il y avait de quoi rêver… J’ai tout refusé. Je voulais fonder un foyer».
C’est en 1964 qu’elle épouse Jean Abt et en 1969, ils s’établissent à Ollon (VD). Le couple aura trois enfants, Eliane, Nathalie et Jean Pascal, ainsi que cinq petits-enfants. Son fils qui a ouvert une entreprise de jardinier paysagiste au Mont-sur-Lausanne, a eu sa mère comme première employée. «Elle n’y est restée que peu de temps, mais ce furent des moments magiques, nous raconte-t-il. De son passé de Miss, elle parlait assez peu».
Ayant repris son nom de jeune fille, Margaretha s’est ensuite installée à Saint-Prex, et c’est le 28 février dernier que, comme il est écrit sur le faire-part, elle est partie rejoindre les étoiles. «Elle avait une belle personnalité et du caractère, jusqu’au bout, elle a décidé de sa vie. Elle était magnifique sur cette photo au bord de la piscine prise après son élection. Il y a quelques années, en retournant à Schaffhouse, je l’avais photographiée dans la même position. Elle avait toujours la même élégance».