FootballÀ Tourbillon, Einstein n’a pas trouvé la bonne formule pour Sion
Une mi-temps de désolation, une autre de réaction: à Tourbillon, on se plaît à cultiver les extrêmes. Battus par YB (1-2), les Valaisans se trompent de cible en accusant l’arbitre. Tramezzani a aussi sa part de responsabilités.
- par
- Nicolas Jacquier
Au coup de sifflet final d’un rendez-vous qui avait été celui de la frustration (défaite 2-1), les joueurs du FC Sion, tout son staff et les fans valaisans avaient tous quelques solides raisons d’en vouloir à M. Luca Piccolo, accusé d’avoir accordé à YB un penalty qui lui avait échappé (peut-être parce que pas si évident que ça).
Tourbillon venait de connaître une scène déjà vécue quelques semaines plus tôt lorsque Dimitri Cavaré, déjà lui, avait été impliqué sur le penalty égalisateur du FC Zurich (97e, 1-1). Deux fins de match mal négociées, deux interventions excessives du défenseur guadeloupéen pour trois points envolés au bout des arrêts de jeu. Trois points lourds de conséquence, car manquant cruellement aujourd’hui…
Prendre le pari du jeu, c’est d’abord oser
En Valais, tout ce petit monde aurait toutefois tort de se focaliser sur la seule piètre performance de l’arbitre tessinois pour expliquer une défaite qui, associée au succès convaincant du FC Lucerne contre Lausanne (3-0), refait du FC Sion un candidat à la place de barragiste dont le club de la Swissporarena pense toujours pouvoir se débarrasser. Plutôt que de tirer à boulets rouges sur le directeur de jeu, il y aurait aussi lieu de s’interroger sur les choix tactiques de Tramezzani et la façon dont l’entraîneur dispose ses pions.
Car si M. Piccolo a sa part de responsabilités, que dire de celles de Paolo Tramezzani? Comment peut-on aborder un match sans attaquant nominal et une option aussi frileuse? Prendre le pari du jeu, c’est d’abord oser prendre des risques, tenter quelque chose, affirmer une identité de jeu autant qu’une envie et un état d’esprit. Or à Tourbillon, celui-ci se limite trop souvent au cercle des footballeurs réunis autour de leur coach avant les trois coups. Un cercle professionnel duquel rien ne sort au niveau de la rage de vaincre affichée une fois l’engagement donné.
Loin des vertus valaisannes
Où est le plaisir dans tout ça? Trompés sur la marchandise, les supporters n’en prennent aucun. On peut raisonnablement imaginer que les gens paient leur place pour assister à un spectacle. Mais quand il n’y en a pas, à quoi s’accrocher? Quand on lutte pour sa survie comme c’est le cas de Valaisans engagés sur une pente glissante, on ne peut pas se contenter de livrer des moitiés de match. Contre Young Boys, Sion s’est mis à jouer comme par enchantement, dès l’instant où il n’avait plus guère d’autres choix.
Ses spectateurs sont en droit d’exiger autre chose qu’une folie ordinaire déclenchée par l’adversaire. Très actifs durant tout le match, les fans du gradin nord ne s’y sont pas trompés en insistant sur les valeurs d’engagement, de motivation et de combativité - autant de vertus que l’on prête habituellement aux Valaisans et opportunément rappelées sur le tifo géant déployé à l’entrée des acteurs. Ils y ont même invité Albert Einstein, présent en compagnie de plusieurs éléments - Sulfur, Iodine, Oxygen, Nitrogen - pour une théorie toute relative, demeurée trop longtemps sans résultat concret.
Alors que le potentiel valaisan et les ingrédients à disposition autoriseraient de concocter dans les cuisines de Tourbillon des plats raffinés, voilà que l’on y sert trop souvent une tambouille de garnison.
Tramezzani dribble les médias
Devant ce FC Sion agaçant autant qu’il peut séduire, on aurait aimé pouvoir recueillir pour cela les sentiments du chef Paolo Tramezzani à l’issue du match. Mais comme une semaine plus tôt à Zurich quand il avait zappé la conférence de presse, le «Mister» n’a pas jugé utile de se présenter devant les médias. Sa dérobade équivaut à un manque de respect, moins pour les journalistes que pour le club et, au-delà de celui-ci, tout un canton. Cela revient à se moquer de ceux et celles qui l’habitent et consacrent une partie de leur week-end à son club phare.
La réalité mathématique concernant Tramezzani depuis son arrivée à la Porte d’Octodure le 9 octobre pour un troisième passage, c’est 23 matches, 25 points et beaucoup d’ennui pour une moyenne de 1,09 point par sortie. Manifestement, et jusqu’à preuve du contraire, c’est suffisant pour revenir pour une nouvelle saison de top coach.
Avant cela, il faudra sauver la Ligue. Et si cela passait par deux mi-temps d’égales valeurs et un supplément de panache? On peut toujours rêver.