Qatar 2022Gianni Infantino: «On peut survivre sans bière pendant trois heures»
En conférence de presse samedi, Le patron de la FIFA a tenu à défendre le Qatar et le Mondial de football 2022, qui débute dimanche.
Le patron du football mondial Gianni Infantino s’en est pris samedi aux «hypocrites» qui, dans les pays occidentaux, critiquent notamment au nom des droits humains l’organisation au Qatar du Mondial qui s’ouvre dimanche.
«Ceux qui critiquent le Mondial sont hypocrites», «ce qu’il se passe en ce moment est profondément, profondément injuste», a dit le président de la Fifa, qui avait entamé sa conférence de presse par un long laïus où il disait se sentir tout à la fois «qatari», arabe», «africain», «gay», «handicapé», «travailleur migrant»...
Cette conférence de presse, qui s’est ouverte par un monologue d’une heure, s’est tenue la veille du match d’ouverture entre le pays organisateur, le Qatar, et l’Equateur, au stade Lusail à Doha.
«Pour ce que nous, les Européens, avons fait au cours des 3000 dernières années, nous devrions nous excuser pour les 3000 prochaines années avant de donner des leçons de morale aux autres. Ces leçons de morale sont juste de l’hypocrisie», a-t-il notamment proclamé.
Il a évoqué les articles parus dans plusieurs pays, Espagne, Angleterre, France, décrivant comme de «faux supporters» les fans d’Asie du sud affichant leur soutien à des équipes prenant part au Mondial. «C’est du racisme pur. Chacun dans le monde a le droit d’encourager qui il veut.»
Flot de critiques
Depuis sa désignation pour organiser l’événement en 2010, le Qatar est en butte à de vives critiques, qui se sont encore intensifiées à l’approche de l’évènement: accusations de corruption, critiques sur l’impact environnemental, droits humains, notamment ceux des personnes LGBTQ+ et des travailleurs migrants – dont ceux ayant travaillé sur les chantiers de la Coupe du monde.
Le Qatar est le premier pays arabe à organiser cet événement, et les dirigeants du riche émirat gazier ne cachent plus leur colère face au flot de critiques, en dénonçant du «racisme».
«On peut vivre sans bière»
Quant à la volte-face des autorités qataries qui ont subitement interdit vendredi la vente d’alcool à proximité des stades, elle a été balayée d’un revers de main par le Suisse: «Je pense personnellement qu’on peut survivre sans bière pendant trois heures. Que ce soit en France, en Espagne, en Ecosse.»
Au-delà de la consommation d’alcool en soi, plusieurs associations de supporters se sont inquiétées de ce revirement soudain. Comment être certain qu’il n’y en aura pas sur d’autres sujets? Que se passera-t-il si des supporters étrangers arborent les couleurs arc-en-ciel ou si des couples affichent des marques d’affection, dans ce pays conservateur où l’homosexualité et les relations sexuelles hors mariage sont criminalisées?
Plusieurs sélections occidentales ont répété leur intention de ne pas éluder ces questions des droits humains pendant leur séjour au Qatar.
Un brassard inclusif?
Les fédérations anglaise et allemande ont prévenu qu’elles étaient prêtes à payer des amendes infligées par la FIFA s’il le fallait. Les Américains veulent pavoiser leur camp de base d’un drapeau multicolore.
Les capitaines de huit sélections ont en outre dit leur intention de porter durant la compétition un brassard inclusif. Le gardien des champions du monde français, Hugo Lloris, a toutefois annoncé qu’il renonçait à cette initiative, ce qui lui a valu d’être critiqué dans son pays. Mais le bras du capitaine anglais Harry Kane sera observé par des millions de personnes lundi, avant le match contre l’Iran.
Cette question des droits humains continue donc de dominer l’actualité du Mondial à la veille du lever de rideau. La plupart des 32 équipes sont arrivées. Le Brésil, attendu dans la nuit de samedi à dimanche, sera la dernière sélection à atterrir, avec sans doute des milliers de supporters pour accueillir Neymar et Cie.
Gianni Infantino rêve sans doute que les probables scènes de liesse contribueront à mettre enfin le football au premier plan et à faire oublier les controverses.