FootballTrois questions pour préparer Roumanie – Suisse
Comment va l’équipe nationale? Même qualifiée, il y a encore passablement de doutes qui l’entourent. Et pas sûr que mardi (20h45), une victoire suffise à les lever.
- par
- Valentin Schnorhk - Bucarest
On se souvient. On revoit ce but, là-bas à droite, où Yann Sommer avait repoussé le tir au but de Kylian Mbappé. Cela rappelle des souvenirs. Bucarest, et son arène nationale, c’est forcément un endroit particulier dans l’histoire récente de l’équipe de Suisse. L’Euro 2020, et cette élimination de la France en 8e de finale, cela marque.
«De très beaux souvenirs», a souri Ruben Vargas, qui avait transformé son penalty ce soir-là. Sans doute sont-ils aussi magnifiés par l’état actuel de l’équipe de Suisse, qui doit affronter la Roumanie ce mardi soir (20 h 45), dans l’espoir de sauver un tant soit peu l’honneur qui lui reste. Une victoire, et elle terminerait première de son groupe. Cela lui était demandé.
Dans quel état est l’équipe de Suisse?
Samedi, à la sortie du match contre le Kosovo (1-1) et de cette qualification finalement obtenue, il y avait comme un semblant de malaise. Comme si le fait d’accéder à un sixième grand tournoi consécutif n’était pas aussi réjouissant que ce devrait l’être. Bien sûr, ce n’est plus un exploit pour cette Suisse qui a largement progressé et qui doit prétendre à être dans les dix ou quinze meilleures nations européennes.
Mais l’heure n’était pas à la grande fête. Un peu de musique dans le vestiaire, des sourires et puis le constat qui s’impose: «Ce n’était pas notre meilleure campagne de qualification», avait dit Xherdan Shaqiri samedi soir. Autrement dit, l’équipe nationale ne faisait pas tant la fière.
Comment se porte-t-elle trois jours plus tard? Libérée d’un poids? Désabusée maintenant que l’essentiel est acquis? Motivée à l’idée de prendre la première place? Bonne question. Et le sélectionneur Murat Yakin, dans quel état d’esprit est-il? Croit-il encore avoir un avenir à ce poste?
«Nous voulons dominer le match et jouer pour le gagner», a affirmé le sélectionneur en conférence de presse. Cela tombe bien: une première place est à décrocher avec une victoire. Cela doit compter. Mais comment la Suisse l’abordera-t-elle? Avec quels joueurs? Avec quelles idées?
Il est possible qu’il y ait quelques petits changements par rapport au dernier match, à l’instar de la question du gardien de but, que Yakin a dit ne pas avoir tranché. En revanche, Granit Xhaka sera aligné. Autre donnée à prendre en compte: et si la Suisse passait à trois derrière? À vérifier mardi.
La composition possible: Sommer; Elvedi, Akanji, Rodriguez; Ndoye, Aebischer, Xhaka, Garcia; Shaqiri, Okafor, Vargas.
Quel est le niveau de la Roumanie?
«Nous avons du respect pour la Roumanie, qui a des joueurs forts et qui joue avec beaucoup d’unité», a relevé Murat Yakin lundi en conférence de presse. Il y a là en face une équipe qui est surtout un peu euphorique. Elle va retrouver une grande compétition pour la première fois depuis l’Euro 2016 (elle était alors dans le groupe de la Suisse).
Sa victoire 2-1 contre Isra¨ël samedi l’a en effet qualifiée. Pour la sélection d’Edward Iordanescu, c’est forcément un grand moment. D’autant plus que cela n’était pas acquis au départ, même si seuls les Israéliens pouvaient vraiment lui contester la deuxième place qualificative.
Elle a donc déjà rempli sa mission. Pour la 48e nation FIFA, c’est une performance. Il n’empêche que la Suisse a le devoir de lui être supérieure, comme elle l’avait été pendant presque toute la rencontre lors du match aller (2-2).
La sélection roumaine connaît en effet un trou. Ses joueurs stars évoluent pour la plupart dans des petits clubs italiens (Mihaila à Parme en Serie B, Marin à Empoli, Pucsas au Genoa) ou espagnols (Hagi à Alaves). Mais comme l’a souligné Yakin, il y a sans doute un collectif actuellement bien plus fort qu’en Suisse. Et, surtout, mardi, l’Arena Națională sera pleine à craquer (plus de 55 000 personnes annoncées).
La clé du match: gagner en efficacité
Murat Yakin a raison. Sa Suisse est «offensive». Ce sont toutes les données statistiques qui le disent: dans cette campagne de qualification, elle a toujours eu majoritairement le ballon, elle a toujours tiré au but bien plus que ses adversaires, et elle a presque à chaque fois marqué moins que ce que les données avancées lui prédisaient.
C’est logique. C’est ce qu’impose la supériorité théorique, lorsqu’elle est aussi nette. Dans ce groupe de qualification, il ne pouvait en être autrement. Mais cela ne suffit pas à relativiser les résultats obtenus jusqu’ici. Pour gagner un match, il faut bien sûr se créer des opportunités, mais sans les marquer, cela prend beaucoup moins de sens.
Ainsi, dans cette campagne, après neuf matchs, la Suisse a inscrit 22 buts. Selon les Expected Goals, elle aurait dû en mettre au moins deux de plus. La différence n’est pas énorme. Elle l’est plus sur les deux dernières rencontres, contre Israël et le Kosovo: deux buts marqués, alors que le total des xG créés s’élève à 5. La sous-performance offensive est nette.
D’autant que là, ce n’est pas un problème de qualité des occasions, à l’image de celle de Remo Freuler en première période samedi. Mais un véritable problème de finition. Il y a là un point à régler.