Immobilier – Les locataires suisses ont payé 78 milliards de trop

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ImmobilierLes locataires suisses ont payé 78 milliards de trop

Une étude sur l’évolution du marché immobilier révèle un fossé entre la hausse des loyers et celle des coûts. En moyenne, les locataires ont payé 200 francs de trop par mois depuis 2006.

Le conseiller aux États et président de l’Asloca Carlo Sommaruga monte au front pour défendre les locataires.

Le conseiller aux États et président de l’Asloca Carlo Sommaruga monte au front pour défendre les locataires.

TDG

Les bailleurs ont engrangé 78 milliards de francs entre 2006 et 2021 qui auraient dû être redistribués aux locataires. C’est ce que dénonce ce dimanche l’Asloca Suisse dans un communiqué. L’association de défense des locataires a mandaté le bureau BASS pour mener l’enquête. L’Asloca précise que du point de vue des coûts – compte tenu de l’évolution des taux hypothécaires, de l’inflation et des frais d’entretien – une baisse des niveaux des loyers de 10,3% aurait dû être constatée. Au lieu de cela, les loyers ont augmenté de 36,1%.

En moyenne, sur la période calculée et sans prendre en compte les différences de prix entre les régions, cela représente une charge supplémentaire pour les locataires de 200 francs par mois. L’étude montre que le phénomène a pris de l’ampleur l’année dernière. Pour la seule année 2021, la somme totale se monte à 10 milliards de francs. Un ménage locataire a ainsi payé en moyenne 370 francs par mois en trop.

Cité dans le communiqué, le conseiller aux Etat Carlo Sommaruga (PS/GE), président de l’Asloca Suisse, explique cette situation comme suit: «Il est montré que les bailleurs et bailleresses ajustent souvent le loyer vers le haut en cas de changement de locataire, même lorsque les coûts baissent.

Durant les dernières années, la baisse du taux hypothécaire de référence n’a été répercutée partiellement que dans une relation de bail sur six.» En Suisse, ce sont aux locataires de faire des démarches pour obtenir des réductions de loyer en cas de baisse du taux hypothécaire. Dans la pratique, ils sont peu à faire valoir leurs droits auprès des propriétaires.

Propriétaires étonnés

Selon l’élu, «la situation est grave». Il demande au Conseil fédéral d’agir en instaurant «urgemment» un contrôle effectif des loyers. «Nous ne sommes plus disposés à regarder grand nombre de propriétaires s’enrichir illégalement sans conséquences», prévient-il.

«Le Matin Dimanche» a fait réagir Olivier Feller (PLR/VD), directeur de la Chambre vaudoise immobilière, à ces accusations. De son point de vue, «l’Asloca ne supporte pas que les locataires n’exercent pas leur droit, malgré toutes ses impulsions. La réalité, c’est qu’elle veut en finir avec la liberté contractuelle et souhaite des loyers fixés par l’État.»

D’après lui, les bailleurs ne se sont pas fait de l’argent sur les dos des locataires. «Le logement est un bien particulier, mais il s’inscrit dans un système juridique libéral.» Olivier Feller affirme encore que, sans ces 78 milliards, «il y a beaucoup d’argent qui manquerait aux caisses de pensions ou aux petits propriétaires».

Débats en vue au Parlement

(Comm/jba)

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