HockeyA Ajoie, une réaction d’orgueil dans un plan de développement durable
Face à Lugano vendredi, Ajoie s’est ressaisi après une série de sept revers. Simple sursaut d’orgueil ou prise de conscience collective? Premiers éléments de réponse samedi soir à Fribourg.
- par
- Julien Boegli Porrentruy
Il y a là un enseignement à tirer de cette confrontation de vendredi soir, la première du deuxième tour. Il n’est pas venu de la glace, mais des tribunes, au moment où les acteurs entraient en scène. Une banderole dressée par le kop et un message explicite sous forme d’avertissement: «Porter ce maillot est une chance, lui faire honneur est un devoir. Relevez la tête et battez vous.»
Lors du retour de son équipe favorite en National League la saison passée, le public jurassien s’est montré relativement indulgent. Larguée en fond classement, un record négatif battu à ce niveau de jeu (19 défaites de suite), il ne lui en a finalement que peu tenu rigueur. Une promotion tardive, un effectif limité et inexpérimenté ainsi que des blessures à la pelle, ce contexte défavorable a généré une certaine clémence de la part des fans.
Il en ira autrement cet hiver. Et ça, les supporters ont tenu à le faire savoir. Un revers concédé sans s’être battu corps et âme ne sera plus toléré. Celui subi mardi à Kloten (défaite aux tirs au but) ne l’a d’ailleurs pas été. Ni par le public, ni par les joueurs de toute évidence. «Ce résultat a engendré une grosse déception et de la frustration. Le groupe avait la rage contre Lugano, il l’a ressortie d’entrée de jeu sur la glace», admet Damiano Ciaccio.
Le gardien, blessé aux adducteurs une semaine plus tôt à Lausanne, était de retour face à des «Bianconeri» vaincus une cinquième fois en six sorties. Battu à une seule reprise sur les 25 envois qui lui ont été adressés, les observateurs présents ont apprécié la solidité et l’assurance démontrées par Ciaccio. Lui a apprécié l’attitude de ses partenaires. «Ils ont effectué un gros boulot, réduisant de fait les chances de marquer pour l’adversaire. Honnêtement, je suis impressionné de la manière dont ils ont commencé le match. Il semble y avoir eu une prise de conscience. Cette réaction était en tous les cas importante.»
Face à un patient tessinois qui sortait d’une belle et nette victoire mardi contre Zoug (6-1), les Ajoulots ont d’emblée pris les choses en main. Un mur défensif compact devant la cage, un jeu physique - «comme le coach l’avait exigé», précise Ciaccio –, de l’intensité dans les coups de patins, il n’aura manqué que le réalisme en zone offensive. Car si Ajoie a tremblé jusqu’au penalty victorieux de Guillaume Asselin (56e), c’est avant tout parce qu’il n’a pas su concrétiser ses nombreuses opportunités.
Un geste défaillant, une passe superflue quand il s’agit de prendre sa chance? L’empreinte visible de joueurs en proie au doute, l’expression évidente d’un manque de confiance. Le dernier rempart débarqué d’Ambri préfère lui retenir l’aspect positif de la soirée: «On crée du jeu et du danger. Un jour viendra, ces pucks finiront au fond.» Il espère que ce jour soit aujourd’hui face à des Dragons fribourgeois battus il y a cinq semaines à Porrentruy (4-2). «Une autre grosse bataille, comme à chaque journée. Il s’agira de conserver ces choses simples qui ont fonctionné contre Lugano», poursuit Damiano Ciaccio, titularisé pour la septième fois de l’exercice (91,4% d’arrêts depuis la reprise).
Un investissement total apparaît être l’ingrédient de base qui peut permettre aux Ajoulots d’accomplir une nouvelle recette victorieuse. Les 14 premières rondes l’ont prouvé. «Notre comportement après la réduction du score tessinoise (le 2-1 d’Elia Riva à la 47e) également», rebondit le portier de 33 ans. «L’équipe n’a pas baissé la tête. Au contraire, elle a négocié la fin de partie intelligemment, elle a parfaitement géré les moments-clés en étant capable de conserver ses nerfs jusqu’au bout. C’est la preuve, même petite, d’une certaine maturité.»