Attentats du 13-NovembreLa sœur d’un des terroristes du 13-Novembre condamnée
Maya Amimour a été condamnée vendredi à cinq ans d’emprisonnement pour avoir facilité le départ en Syrie de deux mineures promises à son frère, l’un des futurs assaillants du Bataclan.
«J’étais aveuglée». Jugée à Paris pour avoir facilité le départ en Syrie de deux mineures promises à son frère, l’un des futurs assaillants du Bataclan le 13-Novembre, Maya Amimour a expliqué vendredi avoir agi par «peur» de «perdre le lien» avec son aîné parti faire le djihad.
La jeune femme de 29 ans a été condamnée par le tribunal correctionnel à cinq ans d’emprisonnement, dont deux ans ferme aménageables sous bracelet électronique, une peine conforme aux réquisitions du parquet. La procureure avait qualifié l’aide apportée par la prévenue à son frère Samy Amimour, dont elle était «sous l’emprise», d’«essentielle» bien qu’elle n’ait elle-même jamais «adhéré à la cause». L’absence de radicalisation de Maya Amimour a été relevée par le tribunal.
La jeune femme frêle comparaît libre sous contrôle judiciaire devant le tribunal correctionnel plus de huit ans après les faits, qu’elle a toujours reconnus et qu’elle «regrette». En octobre 2014, Maya Amimour avait aidé une lycéenne radicalisée de 17 ans à rejoindre son frère en Syrie pour l’épouser, deux mois après le départ avorté d’une autre mineure, empêché par la police et le père de l’adolescente.
«Film de Disney»
La prévenue est alors une animatrice de 21 ans domiciliée chez ses parents, dont le frère, de six ans son aîné, est parti en septembre 2013 combattre dans les rangs du groupe État islamique (EI). Un départ «tabou» dans la famille. Ce frère si «distant» depuis l’adolescence lui donne des nouvelles et surtout «de l’attention».
Il évoque des missions de «repérages», des entraînements, une blessure dans un bombardement. Maya Amimour ne «cherche pas à savoir» et répond favorablement quand il lui demande son aide pour organiser le départ vers la Syrie d’une mineure, puis d’une autre.
«Le seul truc que j’avais en tête, c’était le contact avec lui, c’est tout», assure la prévenue, cheveux bruns mi-longs et tailleur gris, les mains serrées à la barre du tribunal. «Je ne veux vexer personne, mais on a l’impression que vous nous racontez un film de Disney», lâche la présidente Isabelle Prévost-Desprez face aux justifications de la jeune femme.
«Aveuglée»
«J’étais aveuglée, aveuglée par le fait d’avoir des nouvelles de lui (…) La moindre chose qu’il me demandait, je l’écoutais sans réfléchir», se défend Maya Amimour. «Maintenant, je peux le dire: il m’a utilisée», tranche-t-elle. La présidente opine. Samy Amimour demande à sa jeune sœur d’aider d’abord une adolescente de 16 ans du sud de la France, convertie à l’islam, à prendre un billet d’avion pour la Turquie – porte d’entrée vers la Syrie – et de lui adresser 200 euros pour la suite de son voyage.
Sans poser aucune question, Maya Amimour s’exécute, mais le départ de cette mineure est contrecarré par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), qui a informé le père de l’adolescente. Toujours à la demande de son frère, la prévenue avait ensuite organisé le départ d’une autre mineure, une lycéenne radicalisée de 17 ans qu’elle a rencontrée à quelques reprises et avec laquelle elle a beaucoup échangé.
Veuve rapatriée
Samy Amimour prend alors plus de «précautions», note la présidente: il fait parvenir à sa cadette un mandat de 500 euros, lui dit d’acheter en liquide un billet de train. Elle le fait, va chercher l’adolescente à son lycée, la conduit à la gare et récupère sa puce de téléphone pour envoyer des messages rassurants à la mère de la promise de son frère.
La jeune fille a épousé Samy Amimour peu après son arrivée en Syrie. Depuis cette zone de guerre, elle envoie des vidéos véhémentes, profère des menaces de mort à l’encontre d’une ex-copine de lycée qui ne porte plus le voile. Elle a des «larmes de joie» à l’annonce de la mort «en martyr» de son mari Samy Amimour, l’un des trois auteurs du massacre au Bataclan, le 13 novembre 2015.
La veuve de Samy Amimour, mère de quatre enfants, a été rapatriée en France début juillet et fait l’objet d’une procédure distincte. Quand Maya Amimour a appris l’implication de son frère dans les attentats du 13-Novembre, huit mois après sa propre mise en examen, elle s’est sentie «coupable, honteuse».