Drame de Sullens (VD)Le meurtrier condamné à 30 ans de réclusion en appel
Dans le drame de Sullens (VD), la justice française s’est montrée plus sévère. De 20 ans en première instance, la peine du meurtrier est passée à 30 ans de prison en appel.
À Lons-le-Saunier (France), un ancien travailleur frontalier a été condamné vendredi, par la Cour d’assises d’appel du département du Jura, à 30 ans de réclusion criminelle, peine plus lourde qu’en première instance, pour le meurtre sauvage d’une jeune prostituée roumaine en 2016 à Sullens, dans le canton de Vaud.
Cet ancien agent de sécurité, qui habitait Mouthe (Doubs) avec sa compagne et son fils au moment des faits, avait été condamné, en décembre, à 20 ans de réclusion en première instance. Le condamné de 34 ans a toujours maintenu qu’il était innocent, même s’il a reconnu avoir transporté le corps de la victime depuis Sullens pour l’abandonner dans la forêt du Frasnois (Jura), en France.
Un seul ADN, celui du prévenu
D’après sa version, l’homme venait d’avoir une relation sexuelle tarifée avec la prostituée de 18 ans, dans la nuit du 29 au 30 novembre 2016, à Sullens, lorsque deux hommes seraient arrivés. L’un l’aurait menacé pendant que l’autre tuait la jeune femme. Les deux hommes lui auraient ensuite ordonné de «faire le nécessaire».
Pour l’avocat général, aucun élément de l’enquête de gendarmerie «ne permet d’accréditer la thèse d’un meurtre perpétré par des proxénètes et, au contraire, tout accuse le prévenu», dont l’ADN est le seul retrouvé sur la victime. Les proxénètes n’avaient aucun intérêt à tuer la jeune femme, qui représentait «une manne financière importante», et ils n’auraient pas laissé un témoin vivant, a-t-il estimé.
En revanche, l’accusé «avait la volonté de méthodiquement faire disparaître les éléments de preuve», tels que l’arme du crime, les vêtements de la victime et son portable. «En tuant la jeune femme, il a voulu faire payer sa compagne pour son infidélité», selon l’avocat général. «La tromperie a réactivé une faille narcissique, il a eu besoin de transférer sa violence et sa haine sur une autre femme», a-t-il ajouté, soulignant la «sauvagerie du meurtre».
«La jeune femme voulait s’évader»
L’avocat de la défense a fustigé une enquête qui s’est arrêtée quand le prévenu «est tombé dans les mains des gendarmes». «Nous avons la preuve que la jeune femme voulait s’évader, trois jours avant qu’on la tue, et on l’a remplacée par une autre jeune femme le jour de sa disparition», a-t-il fait valoir, mettant en avant la grande violence des proxénètes.
L’avocat des parties civiles s’est retiré au deuxième jour du procès, après la révélation, par le quotidien «Le Progrès», du décès du père de la victime, qu’il ignorait.
Longtemps inconnue
La jeune Roumaine, adolescente tombée sous la coupe d’un «lover boy», qui l’avait séduite, puis prostituée sur les trottoirs en Suisse, est longtemps restée «l’inconnue du Frasnois». Son corps nu, lardé de 26 coups de couteau, avait été découvert le 15 décembre 2016, dans la forêt du Frasnois (Jura). Tous les os de son visage étaient brisés, la rendant méconnaissable.
Près d’un an après sa mort, les enquêteurs français et suisses avaient finalement réussi à identifier la jeune femme, dont personne n’avait signalé la disparition. Ils avaient ensuite confondu l’accusé en vérifiant les entrées dans les hôpitaux du secteur. Le trentenaire s’était en effet rendu le 30 novembre 2016 à l’hôpital, à Pontarlier (Doubs), pour faire soigner une blessure à une main.