Scène – Marine Baousson vulgarise des trucs qu’elle ne connaît pas

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ScèneMarine Baousson vulgarise des trucs qu’elle ne connaît pas

L’humoriste française cartonne avec le podcast «Vulgaire». C’est désormais un spectacle joué à Lausanne et à Genève dès ce jeudi.

Laurent Flückiger
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Laurent Flückiger
«Aujourd’hui, je suis toujours complexée mais je n’ai plus honte de l’être. Grâce au podcast j’ose dire aux gens que je n’ai pas compris», confie Marine Baousson.

«Aujourd’hui, je suis toujours complexée mais je n’ai plus honte de l’être. Grâce au podcast j’ose dire aux gens que je n’ai pas compris», confie Marine Baousson.

FRED STUCIN/TEVA

Humoriste, Marine Baousson se retrouve privée de scène en 2020 lors du premier confinement. Elle choisit alors de se tourner vers le podcast, avec une idée: vulgariser les sujets quels qu’ils soient. C’est un carton, critique comme public. «Vulgaire» est récompensé de deux prix et totalise désormais plus de 2,5 millions d’écoutes.

Après le podcast, Marine Baousson, 35 ans, a sorti le livre «Vulgaire». Depuis deux mois, elle tourne avec le spectacle du même nom qu’elle présentera au D! Club à Lausanne jeudi 3 mars et au Caustic Comedy Club à Carouge le samedi 5 mars. 

Rassurez nos lecteurs, Marine Baousson: les personnes qui pensent que «Vulgaire» est un spectacle trash sont à côté de la plaque.

Ah! Complètement! Je vulgarise les choses pour les gens qui n’y connaissent rien. Même les mots compliqués. Des fois, je suis un petit peu vulgaire, parce que c’est rigolo. Mais c’est très anecdotique. C’est un spectacle plutôt chic. Enfin, j’espère.

Votre idée de départ vient d’un constat: vous étiez incollable sur «Friends» ou les Spice Girls mais complexée sur votre manque de culture générale. «Friends» n’est-ce pas aussi de la culture générale?

Oui, ça l’est. Je connais plein de choses sur plein de choses. Mais en société je suis plus embêtée quand on me parle de peinture ou d’histoire. Dans «Vulgaire», je parle de sujets qu’on est censés connaître et qu’on fait souvent semblant de connaître. Aujourd’hui, je suis toujours complexée mais je n’ai plus honte de l’être. Grâce au podcast j’ose dire aux gens que je n’ai pas compris.

Certains font aussi tout pour qu’on ne les comprenne pas.

Il y a un snobisme des sachants. Et il n’y a pas de raison. Il y a des gens à qui on a dit qu’ils étaient trop bêtes pour qu’on leur explique et rien ne leur donne envie d’apprendre. Je veux dézinguer ça et dire aux gens: avec moi, vous allez tout comprendre, car j’explique de la manière la plus simple possible.

Prenons les thèmes de vos derniers podcasts, il y a l’Unesco, la guerre en Ukraine, les papilles, le Super Bowl. C’est large, comment choisissez-vous vos sujets?

Les papilles, c’est quelque chose qui m’a été demandé plusieurs fois sur Instagram. Je ne sais pas comment fonctionne le goût, alors ça m’a intéressée. Ma seule ligne directrice est l’ignorance. Ensuite, je vais sur Internet. Wikipédia est ma meilleure amie. Je vais sur Arte, je cherche des documentaires sur YouTube et j’écoute des podcasts. Il m’arrive d’aller à la bibliothèque. Je peux lire des thèses comme je peux lire des articles sur Topito, c’est très vaste. Mais j’essaie de ne pas raconter trop de bêtises. Le podcast sur la guerre en Ukraine, je l’ai fait en quatre heures, ça a été très très rapide et c’est la première fois que je faisais de l’actu. Je me suis sentie tellement démunie sur le sujet qu’il fallait que je le comprenne. Et si je comprends, peut-être que d’autres gens ont envie de comprendre aussi.

Vous êtes désormais incollable sur certains sujets!

Non, pas trop. Comme j’en fais beaucoup, il y a plein de choses que j’oublie. Mais je remarque que les sujets se recoupent toujours à des endroits inattendus. En faisant des recherches sur l’Unesco, je retombe sur René Maheu, qui a dirigé l’institution. J’avais déjà entendu parler de lui deux semaines avant en faisant un podcast sur Simone de Beauvoir. C’était son premier mec.

Vous recevez des messages de gens qui pensent que vous n’êtes pas à votre place, qu’il faut laisser faire les professionnels?

Pas du tout, et ça me surprend. Il y a trois sujets que je craignais: l’armistice, l’autisme et… Kaamelott (Rires.) La communauté des fans n’aime pas qu’on parle mal d’Alexandre Astier. Finalement je n’ai eu que des retours positifs. Par contre, ça m’arrive qu’on m’envoie des corrections et je les publie.

Vous êtes humoriste. Faire un spectacle à partir d’un podcast était-il le but recherché?

Non, mais l’idée est arrivée très vite. Faire ce podcast m’a libérée sur mon écriture et, comme il y avait toute cette manière, des bonnes blagues, j’ai eu envie de faire un spectacle où les spectateurs choisissent les thèmes. Parce que ce sont eux qui savent ce qu’ils ne connaissent pas. Ce qui me plaît aussi avec ce spectacle, c’est que j’arrête de ne parler que de moi. C’est hyperagréable de raconter la conquête de la lune ou la vie de Sissi.

«Le public choisit par applaudissement entre deux propositions, comme le clitoris et la prostate, par exemple.»

Marine Baousson

Comment ça fonctionne concrètement sur scène?

J’ai sélectionné plusieurs sujets – 80 pages de textes appris par cœur – que j’ai répartis en catégories. Le public choisit par applaudissement entre deux propositions, comme le clitoris et la prostate, par exemple. Les spectacles peuvent donc être très différents entre eux. Sur scène, je suis accompagnée de mon petit frère, Romain, qui est musicien. Il lance des sons pour qu’on retrouve l’ambiance du podcast. On rit beaucoup, les gens discutent entre eux.

Pour vous deux dates en Suisse romande, avez-vous prévu des thèmes en rapport avec la région où vous jouez?

Non. Mais, plus tard, quand le spectacle sera rodé, j’essaierai de faire des adaptations à chaque date.

Le podcast «Vulgaire», le livre, le spectacle, quelle est la prochaine étape?

J’aimerais bien faire des pastilles pour la télé. Mais, pour l’instant, j’ai un appareil dentaire, alors ça ne presse pas!

«Vulgaire» le spectacle, jeudi 3 mars à 20 h au D! Club à Lausanne (infos: dclub.ch) et samedi 5 mars à 20 h 30 au Caustic Comedy Club à Carouge (GE) (infos: causticcomedyclub.com). Marine Baousson jouera aussi son one woman show «Fearless» le vendredi 4 mars au Caustic. 

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