Football - Servette respire, mais il y a encore du boulot

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FootballServette respire, mais il y a encore du boulot

Entre les réjouissances d’un succès attendu depuis si longtemps et les zones d’ombre encore à effacer, gros plan sur les Grenat.

Daniel Visentini
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Daniel Visentini

Tremblements et soulagement. Cohabitation des sentiments, le premier donnant corps au second. Servette avait un besoin vital de succès face à Grasshopper, il attendait une nouvelle victoire en championnat depuis le 12 septembre (quand les Grenat avaient étrillé un Saint-Gall réduit à dix dès le début) et ce bonheur est donc là. Mais fragile, fébrile: c’est au moment où tout allait s’effondrer qu’il s’est matérialisé. Le gros ouf s’accompagne de curiosités tantôt joyeuses, tantôt inquiétantes. Petit tour d’horizon.

Imeri taille patron

Le 2-0 inscrit par Kastriot Imeri est un moment hors du temps. Une frappe géniale, le talent pur en action. Il consacre un peu plus le nouvel international suisse. Placé dans le cœur du jeu, le joueur de 21 ans a longtemps pesé sur GC, avant d’être décalé sur la gauche en même temps que les Grenat connaissaient un gros temps faible.

Il y a là l’émergence d’un joueur clé, un leader. On pourra toujours se dire qu’il aurait dû être titulaire plus tôt à Servette, qu’il fallait encourager ses incroyables qualités plus vite, que Murat Yakin, en le sélectionnant avec la Suisse, a moins de scrupules que Geiger. Pourquoi pas? La réalité, c’est cette progression, cette prise de responsabilité en l’absence de Cognat depuis deux mois et, malgré les mauvais résultats, le palier franchi. C’est surtout un jeune joueur arrivé à maturité. Cela se voit sur le terrain. Mais aussi en dehors, dans son discours. Une aubaine pour Servette.

Le retour de Cognat

Autre satisfaction: le retour de Timothé Cognat. Il maquait à l’appel depuis fin septembre (fracture au pied). Entré à la 61e minute, il a encore besoin de rythme. Mais le Français a laissé un tel vide durant deux mois que Servette ne gagnait plus et perdait le plus souvent. La question qui va se poser désormais à Geiger, c’est comment faire cohabiter les trois hommes forts du milieu de terrain. On parle d’Imeri, Cognat et Valls. Trois joueurs indispensables.

Le futur grenat doit-il s’envisager avec un Valls en No 6 et deux No 8 devant, Cognat et Imeri? C’est une solution intéressante. «À Nîmes, j’ai joué en No 6, rappelle Valls quand on lui pose la question. Je n’ai pas de problème avec ce rôle. Après, c’est l’entraîneur qui décide, bien sûr.» Le fait est que Valls associe qualité technique et solidité défensive pour le poste, d’une certaine manière il est la fusion entre Cespedes (blessé) et Douline (très bon contre GC). Et que cela permettrait d’évoluer avec Cognat et Imeri en axiaux. Dans cette configuration, resterait à trouver le point d’équilibre sur la gauche.

Rodelin? Il serait là contre nature et ses performances posent clairement problème ici. Antunes? Il était malheureusement blessé dimanche. Schalk? Il était blessé aussi, comme il l’est trop souvent et n’offre pas forcément toutes les garanties à ce poste. L’avenir ici, quand il sera de retour en 2022 après sa blessure au genou du début de la préparation estivale, cela devrait être Boubakar Fofana.

Kyei en buteur

Deux buts contre GC: Grejohn Kyei est de retour. Surtout, par-delà ses deux buts, il y a eu cette volonté de le trouver devant, afin qu’il serve de point d’ancrage en gardant le ballon. Une bénédiction pour Servette. Mais le buteur avait aussi besoin de buts et c’est l’autre satisfaction pour les Grenat: cette forme d’efficacité retrouvée.

Kyei avait d’ailleurs anticipé ce possible bonheur: après son premier but, il a filé s’emparer d’une longue veste noire et d’un masque façon maître du jeu dans Squid Game. On veut bien. C’est marrant. Cela dit aussi qu’il passe du temps à envisager comment il doit célébrer un but alors que Servette ne savait plus gagner un match. Si c’est pour confirmer dimanche à Lausanne, pas de problème…

Stevanovic roi des passeurs

Un peu en retrait ces dernières semaines, Micha Stevanovic est lui aussi de retour au premier plan. Dimanche contre GC? Trois passes décisives. Bon, le but d’Imeri ne doit sans doute rien à personne, peu en tout cas au décalage de Stevanovic, mais la tête vers Kyei pour le 1-0 et le caviar du 3-2 pour le même Kyei sont là et tout rentre dans la statistique: trois buts de Servette, trois assists de Stevanovic. Respect.

C’est simple, il en est déjà à 10 passes décisives sur les 13 matches de Super League qu’il a disputés cette saison. Il est tout simplement l’un des meilleurs passeurs d’Europe dans cet exercice, juste derrière Thomas Müller, à la hauteur de Dusan Tadic. Il a aussi marqué à deux reprises. On ne dira jamais assez combien il apporte à Servette.

Les penalties: une plaie

Il n’y a pas que des bonnes nouvelles pour Servette, malgré la victoire sur GC. Il y a des ombres au tableau. Par exemple ce travers catastrophique: en 14 journées, Servette a déjà concédé sept buts sur penalty. Un record sans doute. Il y a là une affreuse habitude qui s’installe.

Parfois, cela s’accompagne même de cartons rouges et précipite une grosse déroute. Ce fut le cas à Bâle et contre YB. Dimanche, c’est l’intervention mal maîtrisée de Sasso dans les pieds de Sène qui a relancé les Sauterelles (ballon et joueur embarqués en même temps). Il y a là un souci majeur, parce que Servette ne peut pas commencer un match sur deux avec potentiellement un penalty qui va lui donner un but de retard, voire l’obliger à jouer à dix.

La pire défense de la ligue

Les penalties concédés, cela raconte aussi la fébrilité défensive. Oui, Servette a gagné 3-2. Mais il menait 2-0 et a soudain reculé, disparu, subi, laissant GG revenir à 2-2 avant une rupture à l’orgueil pour le but de la victoire.

Alain Geiger, l’un des meilleurs défenseurs suisses de l’histoire, doit absolument trouver une solution pour stabiliser le positionnement défensif. Parce que la réalité fait froid dans le dos: Servette a la pire défense de Super League avec 30 buts encaissés. Espérer traverser la saison sereinement sans régler ce problème est illusoire, il faut le régler urgemment.

On parle là, notamment, des erreurs individuelles. Diallo, le remplaçant de Sauthier dimanche (suspendu), a multiplié les erreurs techniques et les placements hésitants. Le superbe 2-2 de Kawabe part de là: Diallo, en plein temps fort de GC, dézone et perd un ballon à mi-terrain. Peu avant, sur le 2-1, c’est Vouilloz qui s’y prend mal avec Sène, avant que Sasso ne se lance (penalty). On peut penser aussi à Rouiller, qui n’affiche plus la même sérénité que par le passé.

Mais l’arrière-garde en elle-même n’est bien sûr pas la seule sur la sellette. Pour asseoir un schéma défensif stable, il faut une action coordonnée de tous. Cela commence par le premier filtre, devant. On voit que quand l’effort n’est pas fourni dès le début, en pleine intensité, cela ouvre des perspectives à l’adversaire. Cela concerne aussi le filtre à mi-terrain. Là aussi dans l’intensité. Servette doit corriger ces manquements, parce que sinon, il recule et frôle la désillusion, comme dimanche contre GC.

Ce Servette qui s’est offert une bouffée d’oxygène avant son déplacement de dimanche à Lausanne a encore du pain sur la planche.

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