Jura bernois: Quelle désolation autour de la tour de Mario Botta!

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Jura bernoisQuelle désolation autour de la tour de Mario Botta!

Les randonneurs se demandent pourquoi treize marches d’une tour panoramique se sont effondrées. Son concepteur n’a pas de réponse.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé

Au sommet du Moron, à une altitude de 1320 mètres, c’est la désolation. Pas au premier coup d’œil: vue du chemin caillouteux, la tour dessinée par l’architecte Mario Botta s’élance dans le ciel gris jusqu’à 30 mètres de hauteur. Mais côté forêt, un amas de pierre témoigne de l’incident survenu dans la nuit de vendredi à samedi dernier, quand six marches d’un escalier en colimaçon ont emporté dans leur chute sept marches du premier palier.

La police a sécurisé le site avec des banderoles. La cantine à limonades est fermée, sans doute pour longtemps. Pourtant, lematin.ch a croisé trois promeneurs, dont Martial, venu d’Yverdon. «C’est moi ou elle penche légèrement à gauche?» s’enquiert ce randonneur.

Avec une ficelle tirée de son sac à dos et un caillou trouvé sur le chemin, Martial fabrique un fil à plomb qui le rassure: la tour penchée, c’est une illusion d’optique renforcée par l’escalier en colimaçon.

Le salpêtre

Un autre promeneur sait que le salpêtre était périodiquement contrôlé et ôté. Sous l’effet de ce «sel de pierre», le mortier est-il devenu trop acide, fragilisant ainsi les marches de 400 kilos? «Vous n’allez pas mettre ça dans le journal, hein?» demande un promeneur pour qui une supposition ressemble à une affirmation; ce qui n’est pas le cas.

Qu’en est-il de l’hypothèse d’un vandale, armé d’un pied-de-biche, l’usage d’un explosif étant a priori exclu? Aucun promeneur n’y croit, ne serait-ce que par le risque encouru. Le sentiment qui prédomine, c’est la tristesse. «Si c’est tombé tout seul, ils peuvent tout recommencer», lâche un randonneur.

Originaire de Champoz, Martial fait grise mine: «Ça me fait mal au cœur pour toute l’équipe qui a bossé, pour les centaines d’apprentis romands passés par là». Mario Botta est tout aussi chagriné, lui qui n’avait jamais connu pareille mésaventure, comme l’a rapporté «Le Journal du Jura».

Incapable d’expliquer

L’architecte tessinois ne comprend pas ce qui s’est passé. «Je suis tout simplement incapable d’expliquer comment cela a pu se produire», a-t-il déclaré au «Journal du Jura». Rien sur les photos qu’il a consultées ne le mène sur la piste du vandalisme.

«Il m’arrive de recevoir de temps à autre des cartes postales adressées depuis la Tour de Moron», a confié Mario Botta au «Journal du Jura». L’architecte de 79 ans a la même réaction que Martial: «Je suis blessé, car la construction de cette tour constitue une aventure humaine et professionnelle pour les nombreux apprentis qui y ont pris part».

La Tour de Moron, «ce n’est pas juste un dessin», a résumé Mario Botta. Ce sont 600 apprentis et 65’000 heures de travail en quatre ans, pour réaliser un monolithe de pierre censé durer des siècles…

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