Bienne: Votation du 18 juin: La pub «Leih Bar à Objets»? Une façon de respecter le bilinguisme

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BienneVotation du 18 juin: La pub «Leih Bar à Objets»? Une façon de respecter le bilinguisme

Les partisans d’un bilinguisme obligatoire pour la publicité commerciale saluent la créativité des annonceurs locaux.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé

C’est une nouvelle «biennoiserie»: un magasin permettant de louer un objet au lieu de l’acheter dont le nom n’est autre que «Leih Bar à Objets». Sa publicité, dans laquelle ce nom est mis en avant, est composée de mots pour moitié en allemand et pour l’autre en français. Elle est montrée en exemple par le président des socialistes biennois romands, Hervé Roquet, favorable au bilinguisme obligatoire soumis en votation le 18 juin prochain à Bienne. Entretien:

Pourquoi vouloir une publicité bilingue?

À Bienne, ville bilingue, la très grande majorité des publicités visibles dans l’espace public sont affichées dans une autre langue que le français.

En quoi ça pose problème?

Au sein d’une population francophone à 43%, l’espace public ne témoigne pas de l’identité de la ville.

Est-ce important pour les résidents ou les visiteurs?

Pour les deux! Quand on est Romand, on n’aimerait pas avoir l’impression d’habiter en Suisse allemande… Quand on marche dans la rue ou quand on fait ses achats, le visuel ne représente pas la diversité qui fait la richesse de la Bienne.

Bienne et Montréal, même combat?

Pas tout à fait: le français n’est pas menacé ici comme il l’est au Québec. Cette langue n’est pas en train de disparaître à Bienne, mais il faut toujours se battre pour la maintenir.

N’est-ce pas le rôle de la minorité?

Si, absolument! Nous, socialistes, sommes étonnés de la virulence de la campagne des opposants. Que des annonceurs tiennent à faire leur publicité uniquement en allemand, je ne m’y attendais pas.

Avec parmi eux, le HC Bienne?

J’ai aussi assisté à la finale perdue contre Genève-Servette et je suis d’autant plus déçu de la réaction du club qui, d’habitude, communique de manière exemplaire! Il n’a jamais été question de traduire une marque ou un slogan comme «Ici c’est Bienne». La position du HC Bienne découle d’un lobbying des milieux économiques qui ont interprété les conséquences du règlement sur la réclame de manière caricaturale.

Ne craignez-vous pas que Bienne soit snobé?

Non, il y a un public à toucher dans une des dix plus grandes villes du pays. Pour les campagnes nationales, nous ne demandons pas des affiches en deux langues, mais une juste proportion entre les deux.

Et si entre les deux, l’anglais devait s’imposer?

On s’est posé la question, mais à côté du «I’m lovin' it» de McDonald’s, les acteurs nationaux utilisent assez peu l’anglais.

«À Bienne, nous avons une vision pragmatique du bilinguisme»

Hervé Roquet rappelle que le règlement prévu s’applique uniquement aux réclames soumises à l’obtention d’un permis de construire. «Cela concerne essentiellement les grands panneaux d’affichage de type SGA/APG ainsi que les enseignes d’entreprises et les réclames pour compte propre», précise ce socialiste.

Les partisans du bilinguisme obligatoire déplorent les exemples «fallacieux» cités par leurs adversaires, lesquels ont mentionné de la réclame sur des emballages de pâte et des slogans comme «Ici, c’est Bienne» et «Welcome back» du HC Bienne.

«Les publicités publiées dans les médias ne sont pas non plus concernées», précise Hervé Roquet. Les affiches culturelles et électorales ne sont pas concernées, pas plus que les panneaux d’affichage mobiles: de nature temporaire, ces derniers ne nécessitent pas de permis de construire.

Un relevé des réclames réalisé ce lundi au centre-ville par le Parti socialiste romand (PSR) montre que sur 204 réclames de la Société générale d’affichage (SGA), 23% étaient en français ou bilingues, les autres étant en allemand (61%) ou en anglais (16%).

«À Bienne, nous avons une vision pragmatique du bilinguisme. Nous ne traduisons pas toujours chaque mot. Parfois, nous commençons une phrase dans une langue et nous la terminons dans une autre. L’important, c’est que les deux langues soient représentées de manière équilibrée dans l’espace public. Nous constatons que cet équilibre n’est actuellement pas respecté et donc qu’il est nécessaire de fixer certains principes dans la loi».

«Il y aura une large marge de manœuvre dans l’application du règlement sur la réclame. Les annonceurs ne seront pas contraints de créer de nouvelles affiches entièrement bilingues ou de traduire chaque phrase. Des campagnes 50% allemand et 50% français, ou des formulations de type «Ouvert le Sonntag», respectent aussi le bilinguisme»

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