Entretien – L’impact de la guerre en Ukraine sera mondial et étendu 

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EntretienL’impact de la guerre en Ukraine sera mondial et étendu

Quelques réponses-clés aux questions que nous, voisins de l’Ukraine en guerre, nous posons, avec un économiste de la Banque européenne de développement.

Manifestation à Bucarest, Roumanie, pour soutenir les Ukrainiens.

Manifestation à Bucarest, Roumanie, pour soutenir les Ukrainiens. 

AFP

Energie, agriculture, inflation, pauvreté... La guerre en Ukraine va aussi avoir des conséquences majeures sur l’Europe de l’est et le monde et un ralentissement de la croissance planétaire est probable, explique à l’AFP la cheffe économiste de la Banque européenne de développement (BERD), Beata Javorcik.

Combien coûtera-t-il de rebâtir l’Ukraine?

Beata Javorcik: Cela dépendra de la durée de la guerre (qui dure depuis déjà trois semaines). De vastes portions du pays fonctionnent – les infrastructures, le système bancaire, les entreprises sont encore ouvertes. Un chiffre de 100 milliards de dollars vient du gouvernement ukrainien (...) et correspond au coût des infrastructures et bâtiments déjà détruits. 

Quel sera l’impact de l’afflux de réfugiés dans les pays voisins?

Si le conflit continue, le nombre de réfugiés pourrait atteindre six millions de personnes. C’est énorme et difficile à gérer pour les pays qui accueillent. 

Comment les sanctions vont-elle peser sur la Russie?

Il y a deux aspects aux sanctions. Un coût à court terme qui résultera de la perte d’échanges commerciaux internationaux, de la perte de confiance des consommateurs, du rouble qui se déprécie...etc.

Si les sanctions sur les exportations de produits de haute technologie durent, on perd l’accès à la connaissance qui vient de ces biens, et cela pourrait entraîner une attrition des mouvements de scientifiques et d’étudiants vers et depuis la Russie.

Quel sera l’impact sur l’économie mondiale?

Ce conflit se répercutera sur le monde et ses conséquences seront ressenties non seulement cette année mais l’an prochain au moins. La Russie et l’Ukraine représentent 30% des exportations mondiales de blé. Les agriculteurs ukrainiens n’ont pas encore vendu leur récolte de l’an dernier. Les acheminements par la Mer noire sont perturbés, et plus important encore, les fermiers ukrainiens ne sèment pas encore. En plus, la Russie et la Biélorussie sont producteurs d’ammoniaque et potasse, qui sont des composants d’engrais. Donc les prix des engrais montent, ce qui affecte les agriculteurs en Asie et aux Etats-Unis.

Le nickel, le cuivre, le platine, le palladium, tous exportés de la région, sont des composants utilisés dans les énergies renouvelables. (Ils ont vu leurs cours s’envoler depuis le début du conflit à cause des risques sur l’approvisionnement, ndlr).

Le prix du gaz est à des records en Europe et les prix pétroliers sont très élevés, ce qui rend le charbon relativement bon marché et donc les incitations à ne plus utiliser(ce combustible très polluant) pourraient diminuer.

Tout cela va accélérer l’inflation, avec des conséquences plus graves sur les pays les plus pauvres, ce qui a des implications sur la pauvreté et la stabilité politique.

(AFP)

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