Guerre en UkraineIgnazio Cassis reconnaît avoir mal communiqué sur les sanctions contre la Russie
Le président de la Confédération explique pourquoi toute l’Europe ne s’attendait pas à une guerre.
Pourquoi le Conseil fédéral a-t-il d’abord décidé de ne pas reprendre les sanctions de l’Union européenne (UE) contre la Russie au début de la guerre contre l’Ukraine? À cette question, posée par le «SonntagsBlick», Ignazio Cassis répond que, avant de se joindre aux sanctions, «le Conseil fédéral devait trouver un moyen d’aller aussi loin que possible, sans violer la neutralité et en laissant à la diplomatie la plus grande marge de manœuvre possible». Le président de la Confédération admet cependant que, jeudi dernier, «le Conseil fédéral n’a pas réussi à faire comprendre ses décisions sur les sanctions de manière qu’elles soient comprises. On est toujours plus intelligent après coup» , ajoute-t-il.
Mais Ignazio Cassis réfute que le Conseil fédéral n’aurait pas mesuré la portée des événements, puisqu’il a déclaré que «la Suisse condamne avec la plus grande fermeté l’action de la Russie». «La Suisse ne condamne pas "dans les termes les plus forts" une grande puissance sans savoir ce que cela pourrait signifier», précise-t-il. La mise en œuvre des sanctions nécessitait toutefois encore des éclaircissements.
L’Europe n’a pas cru à la guerre
Selon lui, «la majorité des pays d’Europe considéraient une invasion militaire de tout le pays comme la plus improbable des options.» À l’exception des Américains, seuls à mettre en garde contre une guerre, mais qui ont été critiqués pour cela. Pour Ignazio Cassis, toute l’Europe «est partie du mauvais pied. Probablement parce que nous avons cru pendant 77 ans que les guerres interétatiques, c’était fini. Puis l’UE a été créée, l’ONU aussi. Une guerre en Europe comme réalité possible a été refoulée», constate-t-il.
Le chef du Département fédéral des affaires étrangères rapporte par ailleurs que «jusqu’à présent», la réaction de la Russie à la reprise des sanctions de l’UE par la Suisse a été «très réservée. » La seule réaction ayant été que la fermeture de son espace aérien aux avions suisses après que Berne a fermé l’espace aérien suisse aux appareils russes.
À la question de savoir si Vladimir Poutine est un criminel de guerre, Ignazio Cassis répond que c’est aux tribunaux d’en décider, en l’occurrence la Cour pénale internationale. La Suisse «soutient des initiatives qui rassemblent désormais des preuves» de ses crimes de guerre, explique-t-il.