La femelle araignée feint la mort pour ne pas effrayer son amant

Chez certaines araignées tisserandes, dont la toile se referme en entonnoir, l’accouplement n’est pas de tout repos. Surtout pour les mâles, car souvent ils sont dévorés par la femelle une fois leur devoir accompli. Ce qui semble avoir tendance à refroidir leurs ardeurs. Les scientifiques ont observé depuis quelque temps déjà que certaines femelles adoptaient un comportement étrange: la catalepsie sexuelle.

Lorsqu’un mâle a fini sa parade nuptiale, elles feignent la mort, replient leurs pattes et restent immobiles. Monsieur, rassuré, peut donc copuler sans crainte. Mais cela pose plusieurs questions: les mâles sont-ils nécrophiles, est-ce la femelle qui fait exprès d’adopter ce comportement ou, au contraire, est-ce le mâle qui, peut-être à l’aide d’un déclencheur chimique, parvient à immobiliser sa compagne? Pour le savoir, des scientifiques chinois et australiens ont réalisé des expériences sur l’espèce Aterigena aculeata, comme le relève LiveScience.

Ils ont provoqué trois sortes de comportement chez la femelle: d’abord un accouplement lors duquel elle fait la morte. Pour le deuxième, ils ont secoué l’éprouvette dans laquelle elle était, ce qui a déclenché aussi une mort feinte, afin de se protéger. Et en dernier, ils l’ont endormie, comme si un signal extérieur, celui du mâle, avait provoqué cet état. Puis ce sont les femelles qui n’ont pas survécu cette fois puisque les scientifiques les ont gelées à mort et ont analysé leur métabolisme.

Il s’est avéré que les araignées secouées dans une éprouvette étaient chimiquement très proches de celles qui ne bougent plus pendant l’accouplement. Ce qui n’est pas le cas avec l’endormissement extérieur. Dans leur conclusion, publiée dans «Current Zoology», les scientifiques disent donc que ce sont les femelles qui feignent volontairement la mort pour ne pas effrayer les mâles. Ils précisent également que le mâle est conscient que la femelle fait semblant, mais que cette attitude lui montre qu’il ne risque rien. D’ailleurs, dès la fin de la copulation, la femelle se redresse et s’enfuit.

Pour les chercheurs, cette technique aurait un autre avantage. La femelle peut choisir son partenaire. Si, lors de la parade nuptiale de ce dernier, elle ne fait pas la morte, cela effraie le mâle qui va hésiter à s’engager de peur d’être dévoré.

Chez une autre espèce d’araignée, la Philoponella prominens, c’est le mâle qui a développé une stratégie pour échapper au festin dont il serait le plat. Une fois madame honorée, ses pattes parviennent à le catapulter en arrière, échappant aux autres appétits de la femelle.