Justice à Genève: mort juste après avoir reçu son premier vaccin

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Justice GenèveCovid-19: mort juste après avoir reçu son premier vaccin

La Chambre pénale de recours exige de rouvrir l’enquête sur le décès, en 2021, d’un septuagénaire juste après avoir reçu sa première dose de Pfizer. Le Ministère public avait conclu à une probable «mort naturelle».

Eric Felley
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Eric Felley
Le septuagénaire genevois s’était effondré dans la rue peu après avoir quitté le centre de vaccination des Eaux-Vives à Genève.

Le septuagénaire genevois s’était effondré dans la rue peu après avoir quitté le centre de vaccination des Eaux-Vives à Genève.

Getty Images/EyeEm

C’est une affaire qui nous ramène une année en arrière, alors que la vaccination des personnes les plus vulnérables battait son plein en Suisse, et à Genève notamment. À cette époque, un septuagénaire, pour qui son médecin avait signé une attestation de priorité à la vaccination, s’était rendu le 15 mars 2021 au centre de vaccination des Eaux-Vives. Comme le relate notre confrère de la Tribune de Genève, après avoir eu sa première dose Pfizer, il aurait attendu le quart d’heure d’observation, puis quitté les lieux vers 15 h 30. Mais rapidement, il s’est senti mal dans la rue. Peinant à respirer, il s’est assis, puis s’est effondré pour décéder en quelques minutes.

Affaire classée

Le vaccin l’a-t-il tué? C’est là, bien sûr, toute la question et l’enjeu judiciaire de cette fin suspecte. Après ce drame, le Ministère public a demandé une autopsie qui a conclu, le 5 mai, que «les données réunies ne permettent pas de déterminer la cause du décès». Finalement, l’hypothèse de «la mort naturelle» a été retenue comme la plus probable. Pendant ce temps, la famille a informé du cas l’autorité de surveillance, Swissmedic. Une des filles du défunt s’est constituée partie civile. Mais, en décembre dernier, le Ministère public classe l’affaire.

La piste de l’erreur médicale

Pour la fille, cela ne pouvait pas se terminer ainsi. Elle s’est donc adressée à la Chambre pénale de recours pour faire casser cette décision. Et elle a réussi. Selon elle, la cause la plus probable serait plutôt un trouble du rythme cardiaque causé par l’injection. Elle reproche au Ministère public de ne pas avoir «exploré la piste de l’erreur médicale et/ou d’une défectuosité du lot de vaccins». Son père, qui avait déjà eu un cancer du côlon et un autre du poumon, était par ailleurs «fortement allergique à de nombreux produits médicaux», au point qu’il avait dû interrompre sa chimiothérapie.

Le Ministère public réfute, lui, cette piste de l’allergie. Il rappelle que sur la fiche de vaccination du patient, établie à 14 h 12, il a été coché «non» à la question: «Réaction grave et significative à des vaccinations précédentes» et «oui» à l’affirmation: «Le patient consent à la vaccination».

«Mort naturelle» pas établie

La Chambre pénale de recours estime toutefois que l’hypothèse de la mort naturelle n’a pas été établie: «En n’entreprenant aucun acte d’enquête visant à déterminer la cause réelle de la mort, le Ministère public n’était pas en mesure d’exclure totalement l’existence d’un lien de causalité entre la vaccination et le décès». Elle demande au Ministère public d’élargir son travail d’enquête autre que le simple rapport des médecins légistes: «La proximité temporelle entre la vaccination et le décès est indéniable, écrit-elle. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Swissmedic a enregistré l’événement dans sa base de données de pharmacovigilance et a sollicité le rapport d’autopsie auprès du Parquet.»

L’enquête doit donc reprendre, notamment auprès du fabricant du vaccin sur la possibilité d’un lot défectueux et sur l’exact déroulement de la prise en charge du défunt au centre de vaccination des Eaux-Vives ce jour-là.

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