Australie - Un policier jugé pour le meurtre d’un adolescent aborigène

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AustralieUn policier jugé pour le meurtre d’un adolescent aborigène

Cela pourrait aboutir à la première condamnation d’un policier pour le décès d’un aborigène en détention, alors que plus de 500 d’entre eux sont morts en garde à vue depuis 1991.

En Juin 2020, des dizaines de milliers d'Australiens avaient manifesté dans les principales villes du pays.

En Juin 2020, des dizaines de milliers d'Australiens avaient manifesté dans les principales villes du pays.

AFP

Un agent de police australien est jugé lundi pour le meurtre d’un adolescent autochtone, une affaire qui pourrait aboutir à la première condamnation d’un officier de police pour la mort d’un Aborigène en détention.  Zachary Rolfe, 30 ans, est accusé d’avoir abattu Kumanjayi Walker, 19 ans, dans une ville reculée de l’Outback en 2019, une affaire très médiatisée qui avait entraîné une vague de manifestations dans tout le pays. Le policier a plaidé non coupable.

Trois coups de feu

L’affaire s’est déroulée en 2019. Selon les documents judiciaires, Rolfe et un autre officier sont entrés dans une maison pour arrêter Walker pour violation présumée de caution et ont dit au jeune homme de mettre ses mains derrière son dos. Au lieu de cela, ce dernier aurait blessé l’agent à l’épaule avec une paire de ciseaux et une lutte se serait engagée au cours de laquelle le jeune policier a tiré trois coups de feu sur l’adolescent. Ce dernier est décédé cette nuit-là au poste de police de Yuendumu et quatre jours plus tard l’officier a été accusé de meurtre. La mort du jeune homme aborigène a suscité une vague de manifestations dans toute l’Australie pour réclamer «Justice pour Walker».

Jamais de condamnation

 En Australie, un nombre croissant de voix s’élèvent pour alerter sur le nombre élevé d’indigènes morts en garde à vue. Plus de 500 aborigènes et insulaires du détroit de Torres sont morts en garde à vue depuis 1991, date à laquelle des registres détaillés ont été établis, dont 11 au cours des sept derniers mois. Malgré plusieurs enquêtes publiques et procès portant sur des affaires similaires, aucun policier australien n’a jamais été condamné pour le meurtre d’un indigène en détention.

«Compte tenu de l’attention accrue portée aux décès en détention en Australie et du mouvement Black Lives Matter, je pense que les gens utilisent (ce procès) comme un test décisif pour savoir si les tribunaux peuvent rendre justice aux familles des Premières nations», a déclaré Thalia Anthony, professeure de droit à l’Université technologique de Sydney.

Les plus emprisonnées au monde

Dans une décision surprise rendue en novembre dernier, la Haute Cour australienne a bloqué la tentative de Zachary Rolfe de faire valoir qu’il avait agi de «bonne foi» lors de la fusillade mortelle.  Selon les experts, cette décision a supprimé une défense juridique essentielle dont disposent les policiers en exercice, et rend plus probable une condamnation.  

Lorsque le procès débutera lundi, l’accusation cherchera à faire valoir que l’officier a agi illégalement en tirant trois fois sur M. Walker. Même si la défense «de bonne foi» est rejetée, Rolfe peut encore invoquer deux autres arguments juridiques majeurs : qu’il a agi raisonnablement ou par légitime défense. Dans tous les cas, ce procès va probablement attirer l’attention sur les clauses du droit australien qui offre une immunité aux policiers, ainsi que susciter un débat sur le taux élevé d’incarcération parmi les Australiens indigènes qui seraient les personnes les plus emprisonnées au monde.

(AFP)

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