Internet spatialAmazon envoie ses premiers satellites dans l’espace
La fusée Atlas V transportant les deux prototypes a décollé ce vendredi de cap Canaveral, en Floride, à 14 h 06 locales. La future constellation d’Amazon vise à fournir internet et concurrencer SpaceX.
Amazon a fait décoller vendredi ses deux premiers prototypes de satellites lors d’une mission test importante pour le développement de sa future constellation, nommée «projet Kuiper», qui doit fournir internet depuis l’espace et concurrencer SpaceX.
Le décollage de la fusée Atlas V transportant les satellites a eu lieu depuis cap Canaveral en Floride à 14 h 06 locales (20 h 06 en Suisse), a annoncé le groupe industriel United Launch Alliance (ULA), qui fournissait le moyen de transport.
«C’est la première fois qu’Amazon place des satellites dans l’espace», avait déclaré avant le lancement Rajeev Badyal, vice-président en charge de la technologie pour le projet Kuiper. «Nous allons énormément apprendre, quel que soit le déroulement de la mission.»
Objectif: 3200 satellites en orbite d’ici à 2029
Amazon, géant de la vente en ligne fondé par le milliardaire américain Jeff Bezos, prévoit de placer 3200 satellites en orbite sur les six prochaines années. Les deux prototypes lancés vendredi seront, eux, retirés d’orbite et se désintégreront dans l’atmosphère terrestre au terme de la mission.
La fusée de ULA doit déployer les satellites à une altitude de 500 kilomètres. Des tests seront ensuite réalisés pour entrer en contact avec eux depuis la Terre, déployer leurs panneaux solaires, et confirmer que tous les instruments fonctionnent correctement, aux températures désirées.
Les premiers satellites opérationnels du projet Kuiper doivent être lancés début 2024, selon Amazon, qui espère de premiers tests avec des clients à la fin de l’année prochaine. Le partenariat entre Amazon et ULA prévoit actuellement 9 décollages de la fusée Atlas V et 38 décollages de Vulcan Centaur (véhicule en développement) pour déployer des satellites.
Concurrence féroce
Le secteur de l’internet spatial est en plein essor, largement dominé pour le moment par la constellation Starlink de SpaceX, qui a pris une longueur d’avance. La compagnie d’Elon Musk a déjà mis en orbite plusieurs milliers de satellites, et revendique plus de deux millions de clients dans plus de 60 pays. Fin septembre, la fusion entre les opérateurs de satellites Eutelsat et OneWeb a été actée, et doit donner naissance à un géant européen. La Chine souhaite aussi disposer de sa propre constellation, GuoWang.
Les services historiques de l’internet par satellite passent par des engins en orbite géostationnaire, à plus de 35’000 km d’altitude. Mais leur éloignement fait qu’ils ne peuvent pas atteindre les performances d’une connexion à très haut débit, en raison notamment du délai entre la commande et l’exécution de la requête. Les satellites en orbite terrestre basse, soit à quelques centaines de kilomètres d’altitude, permettent, eux, des communications plus rapides.
Ballon d’essai
Pour Amazon, il s’agit d’un premier essai, «donc nous nous attendons à voir quelques défaillances», estime Gregory Falco, professeur assistant d’ingénierie aérospatiale à l’Université Cornell, dans l’État de New York. Une fois les lancements de satellites opérationnels entamés, «leur nombre fera pâle figure comparé par Starlink au départ», dit-il, «mais la constellation va rapidement grossir».