Jura - Les cigognes blanches sont en avance

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JuraLes cigognes blanches sont en avance

Le biologiste jurassien Michel Juillard est aux anges, malgré l’absence de sa protégée «Porrentruy».

Vincent Donzé
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Vincent Donzé
Le couple de Damphreux, photographié en août 2021.

Le couple de Damphreux, photographié en août 2021.

Marais de Damphreux

«Les premières cigognes blanches sont de retour en Ajoie», fanfaronne le biologiste jurassien Michel Juillard. Sa joie est légitime: l’an dernier, les deux premières cigognes étaient revenues à Damphreux le 18 janvier, tandis qu’il a fallu attendre le 27 janvier pour voir la première cigogne rejoindre la colonie de Porrentruy.

Cette année, le couple de Damphreux était de retour le 5 janvier. «Depuis le 22 janvier, elles sont quatre à chercher leur nourriture près des étangs», constate Michel Juillard. Le dimanche 6 février, une cigogne s’est montrée à Porrentruy. «Elle était perchée sur un nid situé au sommet d’un pin à la route d’Alle et bravait la tempête», rapporte Michel Juillard.

Migration prénuptiale

La migration prénuptiale est engagée et des milliers de cigognes blanches sont en train de remonter l’Europe en provenance de l’Afrique subsaharienne, l’Espagne et le Portugal, pour venir retrouver leurs lieux de reproduction en France, en Suisse, ou en Allemagne. Cette migration va s’effectuer jusqu’à la mi-avril et verra des oiseaux atteindre le nord de l’Allemagne et le sud de la Suède.

Native de Porrentruy, la cigogne qui porte la bague HES SM 331 a été retrouvée le 24 janvier 2022 à Kenitra, au Maroc, à 1855 km à vol d’oiseau de son lieu de naissance. «Plusieurs autres cigognes, baguées en Suisse, ont déjà séjourné en Afrique, mais à notre connaissance, c’est la première cigogne jurassienne qui a passé par-dessus la Méditerranée, certainement via le détroit de Gibraltar, pour gagner le continent africain», témoigne Michel Juillard.

Morte électrocutée

«Malheureusement, cette cigogne ne reviendra pas dans le Jura, car elle est morte électrocutée», poursuit le biologiste. Comme à son habitude, la cigogne blanche «Porrentruy» n’est pas pressée de remonter vers le nord-est. Équipée d’une balise en 2020, elle séjourne actuellement au sud-est de Madrid, dans la région de Pinto, où elle fréquente une immense décharge et des zones humides en compagnie de plusieurs centaines d’autres échassiers.

«Grâce aux lectures de bagues effectuées par nos collègues ornithologues espagnols, nous savons qu’elle est en contact direct avec d’autres cigognes nées à Porrentruy ou à Damphreux», indique Michel Juillard, selon qui «avec un peu de chance», elle pourrait revenir dans notre région par la route méditerranéenne classique.

Rien n’est sûr

«Avec «Porrentruy», rien n’est bien sûr, car elle a fait preuve depuis quatre ans d’une inventivité riche en matière d’itinéraires migratoires», reprend Michel Juillard, prêt à parier qu’elle va remonter au nord de l’Allemagne par le centre ou l’ouest de la France, comme elle l’a fait en 2021 à l’aller et au retour. Pari tenu?

En s’établissant dans la décharge contrôlée de Pinto, à Madrid, «Porrentruy» s’assure une source de nourriture avec des camions de détritus qui viennent en permanence déverser des ordures. «Des milliers de goélands et de corvidés, ainsi que de très nombreuses cigognes fréquentent ces sites journellement près des beaux hôtels», précise Michel Juillard, suite à un séjour effectué en 2019.

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