Football - Avec ce nul, Murat Yakin a gagné le droit à la sérénité

Ce sont là des débuts qui confortent. Bien sûr, il y avait eu ce match amical contre la Grèce mercredi en guise d’amuse-bouche, de premier rodage. Mais c’est contre l’Italie qu’on attendait surtout de pouvoir considérer la Suisse de Murat Yakin, en situation réelle. Ce 0-0 contre la Nazionale, c’est la victoire de la confiance et de la sérénité pour le néo-sélectionneur: «Si c’était une victoire, nous aurions pris trois points», a-t-il simplement souri.

L’équipe nationale n’a pas gagné dimanche. Le rappeler, c’est faire preuve d’un relativisme certain, mais pas mal placé. Un 0-0, c’est un match nul où les deux équipes ont été muettes. La satisfaction se doit de concerner surtout le but que la Suisse défendait. Il y a de toute façon dans le discours de Yakin une forme d’honnêteté. Et la conscience que l’issue pouvait bien être différente. «Nous avons réalisé une bonne performance, en faisant preuve de solidité, observait-il en conférence de presse. Nous avons souffert un peu, aussi. Et puis, Yann Sommer nous a sauvés avec ce penalty arrêté.» Entre autres, car les parades du Bâlois ont été nombreuses.

L’événement détermine l’analyse. Il légitime les choix, évidemment orientés sur le versant défensif. Le souci de la compacité, de l’équilibre. La prise de risque qui s’inscrit dans une forme de contrôle. Fabian Frei en est l’incarnation. Le choix sort de nulle part. Il n’avait pas été anticipé, sauf peut-être par «Muri» lui-même. Comment le voir venir? Le milieu du FC Bâle n’était même pas de piquet dans la liste originelle du sélectionneur. Il n’a vécu que trois jours avec le groupe pour se retrouver titulaire au milieu de terrain contre le champion d’Europe, à la place du capitaine habituel et inamovible lorsqu’il n’est pas à l’isolement.

«J’ai directement pensé à Frei lorsque Granit Xhaka a dû partir et que je savais que Remo Freuler était suspendu pour cette rencontre, a assuré Yakin. Je savais qu’il pouvait nous apporter une stabilité et de l’expérience pour entourer Michel Aebischer et Djibril Sow, deux jeunes joueurs. Ensemble, ils ont bien fermé les espaces et ont réalisé une bonne performance.» Le coup de poker du sélectionneur sera salué. Sans doute à raison. Parce que la configuration du match le permettait.

Mais Fabian Frei n’est pas Xhaka et pas plus Freuler. Sa capacité à organiser le jeu avec le ballon a ses limites. Il n’a pas les orientations de ceux-ci. Dans une rencontre où la Suisse est un peu moins attendue dans cette approche, il est donc parvenu à dissimuler ses carences en apportant surtout sa science du placement. Mettre en perspective sa performance, c’est aussi noter les trous dans l’animation offensive et l’absence de danger concret face aux buts de Donnarumma.

La Suisse de Yakin se réalisera sûrement sur les phases de transitions. Mais elle ne perdra pas tout de suite ce réflexe de la possession de balle, qu’elle a acquis avec Vladimir Petkovic. Il ne faut pas le souhaiter, ne serait-ce que pour avoir un certain contrôle.

«Nous avons montré que l’on pouvait jouer au foot, a tenu à noter Yakin. Même si nous avons parfois fait preuve d’impatience en perdant trop vite certains ballons.» Mais l’équipe nationale a eu le ballon pas loin de la moitié du temps (47% de possession), ce qui souligne qu’elle a encore cette ressource.

Elle pourrait être bien utile mercredi contre une Irlande du Nord que l’on imagine attentiste. Il s’agira de la déséquilibrer. Avec quels joueurs? Murat Yakin a sûrement quelques idées à sortir de son chapeau.

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