PolémiqueLe Valais divisé face au suicide assisté en institution
Le 27 novembre, le peuple valaisan se prononcera sur une loi qui veut obliger les EMS à accepter la décision du patient. Le PLR dénonce le rôle de Jean-René Fournier qui combat cette loi.
- par
- Eric Felley
Le 27 novembre, le Valais a rendez-vous avec les urnes pour se prononcer sur l’accès au suicide assisté dans les institutions, EMS ou cliniques. Actuellement la pratique est très diverse d’un établissement à l’autre en fonction de la sensibilité religieuse des propriétaires des lieux. Ainsi, la moitié de ces institutions permettent à Exit, par exemple, de procéder en leurs murs, tandis que les autres le refusent.
Dans tout le canton
Si une personne veut faire appel au suicide assisté dans un établissement qui n’en veut pas, elle doit retourner à son domicile, souvent dans des conditions de santé qui rendent douloureux un tel transfert. Le Grand Conseil valaisan a longuement travaillé sur le sujet et une majorité s’est dessinée pour que le patient puisse avoir le choix. La loi qu’il a votée impose la garantie du droit à l’assistance au suicide «dans tout le canton et dans toutes les institutions sanitaires ou sociales avec un mandat public».
«Conscience et liberté»
Les cantons de Vaud (2012), de Neuchâtel (2014) ou de Genève (2018) ont déjà pris des dispositions dans ce sens. Le projet de loi valaisan est soumis au référendum et combattu par les milieux traditionnellement conservateurs. Ainsi dans la brochure d’explication du canton, on trouve un texte des opposants, signé par l’ancien conseiller d’État et aux États Jean-René Fournier, qui appelle au rejet: «Contraindre par une loi tous les homes à accepter le suicide assisté dans leurs murs, écrit-il, c’est les empêcher de réaliser leur tâche en toute conscience et liberté, selon les valeurs qu’ils affichent».
«Pas une tribune libre»
Le PLR annonce un recours contre cette brochure ce mardi, car il estime que le nom de Jean-René Fournier n’a rien à faire là: «La brochure officielle n’est pas une sorte de tribune libre dans laquelle chaque groupement d’intérêt peut publier sa prise de position. (…) Les arguments qui doivent être publiés au sujet du refus de la loi sont ceux qui ont été exprimés par la minorité au Grand Conseil et non pas ceux invoqués par un comité qui ne jouit d’aucune légitimité officielle».
Une liberté plurielle
Jean-René Fournier ne s’en alarmera sans doute pas. Il signe son texte au nom du comité «Pro Liberty». En face un comité pour le oui s’est formé avec des représentants du PLR, du Centre, des Verts, du Parti socialiste et même de l’UDC du Valais romand. Cette coalition considère qu’il s’agit d’une «loi essentielle pour la liberté de choix des Valaisannes et des Valaisans». Ce sont donc deux visions de la liberté qui s’affrontent le 27 novembre. Le résultat des urnes tranchera entre progressistes et conservateurs sur cette question profondément éthique.
Un sondage publié durant les discussions au Grand Conseil montrait que 57% des Valaisans étaient favorables à l’assistance au suicide, mais cette proportion n’était que de 41% dans le Haut-Valais.