JaponLe plus ancien condamné à mort au monde risque gros à nouveau
Des procureurs japonais visent un nouveau verdict de culpabilité pour un octogénaire qui doit être de nouveau jugé près de soixante ans après sa première condamnation.
Le ministère public japonais a annoncé lundi viser un nouveau verdict de culpabilité pour un octogénaire considéré comme le plus ancien condamné à mort au monde, qui doit être de nouveau jugé, près de soixante ans après sa première condamnation.
En mars, la Haute Cour de Tokyo a ordonné la révision du procès d’Iwao Hakamada, aujourd’hui âgé de 87 ans, qui a passé plus de quatre décennies dans le couloir de la mort après sa condamnation en 1968 à la peine capitale pour un quadruple assassinat.
Les procureurs ont déclaré lundi au tribunal du district de Shizuoka qu’ils le poursuivraient à nouveau lors d’un nouveau procès et demanderaient un verdict de culpabilité, a déclaré à l’AFP un responsable du bureau du procureur.
«Déçus par les procureurs»
Les avocats de Hakamada ont souligné auprès de journalistes être «déçus par les procureurs», selon l’agence Kyodo News. La date d’un nouveau procès n’a pas été fixée.
Iwao Hakamada, un ancien boxeur, avait été reconnu coupable et condamné pour le quadruple assassinat de son patron et de trois membres de la famille de celui-ci. Il avait avoué le crime après des semaines d’interrogatoires en détention, avant de se rétracter et de clamer son innocence, mais la peine avait été confirmée en 1980.
L’ancien boxeur avait cependant été relâché en 2014, un tribunal ayant admis des doutes sur sa culpabilité en se basant sur des tests ADN et décidant de lui offrir un nouveau procès. En 2018, nouveau coup de théâtre: sur appel du Parquet, la Haute Cour de Tokyo remettait en cause la fiabilité des tests ADN et annulait la décision de 2014, sans pour autant que M. Hakamada soit renvoyé en prison.
Vêtements ensanglantés
Le dossier de l’accusation s’appuyait en grande partie sur des vêtements ensanglantés, apparus plus d’un an après le crime. Mais l’ADN retrouvé sur ces vêtements n’était pas celui de M. Hakamada.
En outre, selon les soutiens de M. Hakamada, ces vêtements n’étaient pas à sa taille, et les taches de sang étaient trop récentes pour être liées aux meurtres. La Cour suprême japonaise avait ensuite cassé fin 2020 la décision qui empêchait M. Hakamada d’être de nouveau jugé.
Le Japon est, avec les États-Unis, l’un des derniers pays industrialisés et démocratiques à recourir encore à la peine capitale, à laquelle l’opinion publique nippone est largement favorable. Les proches de M. Hakamada mettent en avant les séquelles psychologiques laissées par plus de quatre décennies en cellule, à craindre chaque jour son exécution par pendaison.