Agression de Salman RushdieL’Iran dément «catégoriquement» toute implication
Le ministère des Affaires étrangères affirme que Téhéran n’a aucun lien avec l’homme qui a attaqué l’écrivain britannique vendredi aux États-Unis.
L’Iran a démenti lundi «catégoriquement» tout lien avec l’assaillant qui a poignardé Salman Rushdie lors d’une conférence dans le nord-ouest de l’Etat de New York vendredi. «Personne n’a le droit d’accuser la République islamique d’Iran», a affirmé Nasser Kanani, porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Il s’agit de la première réaction officielle de Téhéran à l’attaque contre l’écrivain britannique, auteur du roman «Versets sataniques».
«Dans cette attaque, seuls Salman Rushdie et ses partisans mériteraient d’être blâmés et même condamnés», a-t-il souligné lors de sa conférence de presse hebdomadaire à Téhéran. «En insultant les choses sacrées de l’islam et en franchissant les lignes rouges de plus d’un milliard et demi de musulmans et de tous les adeptes des religions divines, Salman Rushdie s’est exposé à la colère et à la rage des gens», a-t-il ajouté.
Hospitalisé pour des blessures graves après l’attaque, Salman Rushdie, 75 ans, va un peu mieux selon ses proches. Il n’est plus sous assistance respiratoire et «la voie du rétablissement a commencé», s’est félicité son agent Andrew Wylie dans un communiqué transmis au «Washington Post».
«La colère de millions de personnes»
Salman Rushdie, né en 1947 en Inde dans une famille d’intellectuels musulmans non pratiquants, avait embrasé une partie du monde musulman avec la publication en 1988 des «Versets sataniques», roman jugé par les plus rigoristes comme blasphématoire à l’égard du Coran et du prophète Mahomet. Le fondateur de la République islamique a émis en 1989 une fatwa appelant au meurtre de Salman Rushdie, qui a vécu des années sous protection policière.
La fatwa de l’ayatollah Khomeiny contre l’écrivain n’a jamais été levée et beaucoup de ses traducteurs ont subi des attaques. «La colère manifestée à l’époque (...) ne s’est pas limitée à l’Iran et à la République islamique. Des millions de personnes dans les pays arabes, musulmans et non musulmans ont réagi avec colère» à l’ouvrage de Salman Rushdie, a encore dit le porte-parole des Affaires étrangères iraniennes.
Presse conservatrice élogieuse
Il a jugé «complètement contradictoire» de «condamner d’une part l’action de l’agresseur et absoudre l’action de celui qui insulte les choses sacrées et islamiques est complètement contradictoire».
L’agresseur présumé, Hadi Matar, un Américain d’origine libanaise âgé de 24 ans, a été inculpé de «tentative de meurtre et agression». Il a plaidé «non coupable» par la voix de son avocat. Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a déclaré dimanche que des médias d’Etat iraniens «jubilaient» après l’agression de l’intellectuel. «C’est abject», a-t-il observé dans un communiqué.
En Iran, le quotidien ultraconservateur «Kayhan» a félicité «cet homme courageux et conscient de son devoir qui a attaqué l’apostat et le vicieux Salman Rushdie». «Javan», autre journal ultraconservateur, écrit dimanche qu’il s’agit d’un complot des Etats-Unis qui «veulent probablement propager l’islamophobie dans le monde».