Mobilité douceÀ Genève, des citoyens veulent sauver la «coronapiste»
Trois associations ont déposé un recours contre la décision de redonner aux voitures une piste créée lors de la pandémie. Vélos contre voitures, la bataille est relancée.
- par
- Eric Felley
Au début de la pandémie, au printemps 2020, Genève a pris la décision d’augmenter le nombre de pistes cyclables afin de favoriser la mobilité douce individuelle. 7,5 km de voies ont été créées pour l’essentiel au détriment de la circulation automobile. La principale «coronapiste» constitue l’axe Plainpalais-Colouvrenière-Cornavin.
Disproportionné
Ces aménagements provisoires semblaient vouer à devenir durable. Dans le monde d’après, tout retour à la voiture ne semblait pas souhaitable. Cependant un recours du Touring Club Suisse devant le Tribunal administratif a cassé le rêve des cyclistes en avril dernier. Le TCS estimait que ces restrictions favorisaient les bouchons. Après avoir notamment constaté qu’il n’y avait pas foule de cyclistes sur le trajet, le tribunal a donné raison au TCS, estimant que l’aménagement était disproportionné.
Contre «la priorisation du trafic motorisé privé»
Depuis, le Conseil d’État, par son Département des infrastructures, a décidé de recourir contre cette décision. Mais il n’est pas seul. Trois associations et six particuliers ont également déposé un recours mardi devant la Cour de justice. Il s’agit pour les premières de l’Association Transports et Environnement (ATE), de Mobilité piétonne et de l’AVIVO. Douze autres associations les soutiennent comme actif-trafiC, Pro Vélo ou le WWF Genève. Même s’ils ne sont pas partie prenante à la procédure, ils estiment être dans leur droit: «Au regard de l’égalité dans et devant la loi, notent-elles dans un communiqué commun, cette priorisation du trafic motorisé privé sur la mobilité douce viole le principe du libre choix du moyen de transport garanti par la Constitution genevoise».
Une question de nuisances
L’avocate Laïla Batou rappelle les engagements de la Suisse dans la réduction des émissions de CO₂ dans les transports, qui sont encore insuffisants. Actuellement, la liberté garantie par la Constitution à la circulation automobile «peut être limitée, de façon proportionnée, par des intérêts publics contraires, comme la lutte contre le réchauffement climatique, contre la pollution ou les nuisances sonores. Or, au contraire des automobilistes, les cyclistes et les piétons n’engendrent aucune de ces trois nuisances».