FranceUn ex-député accusé d’avoir joué des fonds publics au casino
L’élu reconnaît un problème de jeu, mais prétend ne pas avoir utilisé d’argent public. Il est également accusé d’avoir utilisé ces fonds pour rembourser le crédit d’un véhicule privé.
Dix-huit mois de prison, dont six avec sursis, ont été requis, mercredi à Marseille, contre l’ex-député socialiste Henri Jibrayel, accusé d’avoir utilisé des fonds publics pour jouer au casino et rembourser le crédit d’un véhicule à usage privé. Le procureur a également réclamé une amende de 10’000 euros et une inéligibilité durant trois ans pour ce «détournement de fonds» publics versés par l’Assemblée nationale.
«L’argent des dépenses de jeu, c’est mon argent, je n’ai pas utilisé d’argent public, je le dis solennellement», s’est défendu l’ancien homme politique, élu dans les quartiers pauvres du nord de Marseille et aujourd’hui âgé de 70 ans. Il a reconnu son addiction au jeu «pour des problèmes personnels» et s’est fait interdire de casino.
Relaxe demandée par la défense
Son défenseur a réclamé sa relaxe, «ce dossier ne permettant pas de dire que l’argent joué provenait de l’Assemblée nationale», selon lui. Le procureur a justifié ses réquisitions par des pratiques «gravement attentatoires au pacte social que l’accusé doit faire vivre». «Ce genre de comportement, l’utilisation de fonds publics à des fins personnelles, contribue à l’affaiblissement de la démocratie.»
Ce dossier a débuté avec un signalement Tracfin, la cellule antiblanchiment du ministère de l’Economie, qui avait passé au crible le compte de l’ex-député, sur lequel il perçoit l’indemnité représentative de frais de mandat. L’analyse effectuée par Tracfin montre notamment qu’en 2012 et 2013, une somme de 13’800 euros réglée avec la carte bancaire liée à ce compte IRFM a été dépensée au casino d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône).
Plus de 28’000 euros pour une voiture
Le prévenu a souhaité convaincre le tribunal que ce compte était également alimenté par d’autres fonds, ceux-là représentant son argent personnel. Placé en garde à vue en février et avril, il avait également soutenu qu’il pensait avoir un usage libre du prêt d’honneur de 18’000 euros environ, accordé par l’Assemblée nationale à tout député. La même Assemblée nationale a par la suite précisé que ce prêt s’accompagne d’une reconnaissance de dettes, indiquant que la somme prêtée est strictement destinée à l’exercice du mandat.
L’accusation reproche également à l’ex-élu d’avoir remboursé avec l’argent de l’Assemblée un crédit de 28’400 euros souscrit pour l’achat d’un véhicule. Celui-ci avait été assuré uniquement pour les déplacements personnels. «C’est une erreur», a indiqué l’accusé, qui soutient que celui-ci lui servait pour son mandat. Le jugement sera rendu le 22 novembre.