Tennis: Carlos Moya l’affirme, il a fallu «freiner» Rafael Nadal

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TennisCarlos Moya l’affirme, il a fallu «freiner» Rafael Nadal

L’entraîneur emblématique du Majorquin a raconté les doutes traversés ces derniers mois lors d’un entretien publié sur le site de l’ATP.

Jérémy Santallo
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Jérémy Santallo
Rafael Nadal et Carlos Moya à l’entraînement avant le dernier Open d’Australie.

Rafael Nadal et Carlos Moya à l’entraînement avant le dernier Open d’Australie.

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Ce sera sans aucun doute l’événement de la rentrée tennistique, dans un peu plus de dix jours: le come-back de Rafael Nadal, à bientôt 38 ans (il les fêtera le 3 juin), à la compétition après une année d’absence. Très attendu, le grand moment est prévu à Brisbane, théâtre du lancement de la tournée australienne dès le 31 décembre. Comment réagira le corps meurtri de la légende espagnole, opéré en juin de la hanche gauche?

C’est la question qui alimente les gazettes et tourmente les esprits, dont celui de Carlos Moya. «Ma plus grande crainte, c'est l'enchaînement des matches, a révélé son entraîneur dans une interview exclusive pour le site de l’ATP. Rafa va passer des entraînements, qui se déroulent très bien, à la compétition. Et il est impossible d’avoir les mêmes conditions à l'entraînement qu’en match. Jouer une rencontre au meilleur des cinq sets, gagner, se reposer, retourner sur le court deux jours plus tard… C'est le doute que j’ai en ce moment, surtout en Grand Chelem.»

Le vainqueur de Roland-Garros 1998 revient aussi sur les semaines qui ont suivi l’arthroscopie, qui a servi à nettoyer la zone amochée du tendon du psoas et à traiter une ancienne lésion à la hanche. «Après l’opération, on ne l’a pas vu pendant un mois et demi, puisqu’il était parti en vacances. Il faisait sa rééducation du mieux possible, étant donné qu’il était sur un bateau en Grèce. Et puis, fin août, on a recommencé à s’entraîner mais légèrement: vingt minutes, deux jours par semaine. L’amélioration était très lente. Parfois, il fallait faire une pause, puis s’y remettre. On était très prudent.»

Changement de mentalité

Dans cet entretien bougrement intéressant, le coach de l’homme aux 22 titres en Grand Chelem retrace une période plein de «doutes», un «chemin tortueux, avec des vents contraires et beaucoup de virages». «Une grande partie de mon travail et de celui de l’équipe a été de le calmer. Le freiner au niveau de la charge d’entraînement, des heures de travail, de l’intensité, raconte Moya. Dès fois, je lui proposais d’organiser lui-même l’entraînement. Parce que cela me permet de voir ce qu’il aime faire ou pas. Il commençait à avancer mais il m’a dit: ‘Carlos, je préfère que tu le fasses. Ma tête le veut mais pas mon corps pour l’instant’.»

L’exemple raconte le début d’un changement de mentalité, dans l’approche, chez Rafael Nadal. Il le confirmait d’ailleurs au début du mois. «J’attends de moi de ne rien attendre en particulier. C’est la vérité. Avoir la capacité de ne plus exiger de moi-même ce que j’ai exigé de moi pendant toute ma carrière», expliquait-il. «Ce n’est pas facile de penser ainsi, appuie Moya. Parce que peu importe à quel point on essaie de lui mettre ça en tête ou de lui montrer, lorsqu’il entre sur le terrain, c’est un animal de compétition.»

«La vérité, c'est que c'était très bien, bien mieux que ce que Rafa pouvait espérer»

Carlos Moya, entraîneur de Rafael Nadal, sur le stage au Koweït

La bête de scène est sur le point de réussir son pari: finir sa carrière en bataillant sur un court. Le Majorquin sort d’un camp d’entraînement intensif au Koweït avec Arthur Fils, 36e joueur mondial. «Il m’a écrit pour me dire que Nadal jouait à un très haut niveau», résumait l’ancien entraîneur de Roger Federer Ivan Ljubicic, qui travaille désormais pour la fédération française, à la «Gazetta». «La vérité, c'est que c'était très bien, bien mieux que ce que Rafa pouvait espérer, confirme Moya. Il est arrivé là-bas en pensant qu'il n'allait pas être compétitif, qu'il n'allait pas être à la hauteur, et il en est reparti convaincu du contraire.»

De retour depuis quelques jours dans son académie, à Majorque, Rafael Nadal a poursuivi ses préparatifs avec un autre Français, Richard Gasquet, l’Allemand Jan-Lennard Struff ou encore le Finlandais Emil Ruusuvuori. Le grand départ pour les Antipodes est prévu après les fêtes de Noël. Et avec lui, c’est la fin d’une longue attente qui se dessine pour tous les amoureux de tennis.

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