ClimatLa NASA a repéré les premiers signes d’El Niño depuis l’espace
Un satellite a détecté des ondes se déplaçant d’ouest en est sur le Pacifique le long de l’équateur, ce qui annonce le fameux phénomène qui est sous haute surveillance.
- par
- Michel Pralong
En analysant les données récoltées par le satellite Sentinel-6 Michael Freilich entre début mars et fin avril 2023, la NASA a détecté des ondes de Kelvin traversant le Pacifique d’est en ouest. Il s’agit de petites vagues ne mesurant que 5 à 10 cm de haut mais s’étendant sur des centaines de kilomètres de large.
«Lorsqu’elles se forment à l’équateur, les ondes de Kelvin apportent de l’eau chaude, associée à des niveaux de mer plus élevés, du Pacifique occidental au Pacifique oriental, écrit le Jet Propulsion Laboratory (JPL). Une série d’ondes de Kelvin commençant au printemps est un précurseur bien connu d’El Niño, phénomène climatique périodique qui peut affecter les conditions météorologiques dans le monde entier».
Sécheresse possible en Indonésie et Australie
En condition normale, ce sont les alizés qui sont dominants le long de l’équateur, soufflant l’eau de surface vers l’ouest du Pacifique. L’eau chaude de l’Amérique du Sud se déplace alors vers l’Asie. Au fur et à mesure que l’eau chaude se déplace, l’eau froide monte pour la remplacer.
Mais El Niño est lié à l’affaiblissement des alizés, ce qui pousse l’eau chaude vers l’est, changeant les conditions climatiques dans le monde entier. Cela peut notamment créer des conditions plus fraîches et plus humides dans le sud-ouest des États-Unis et la sécheresse dans les pays du Pacifique occidental, comme l’Indonésie et l’Australie.
Josh Willis, scientifique du projet Sentinel-6 Michael Freilich au JPL de la NASA a dit qu’El Niño allait être sous haute surveillance. «Si c’est un grand, le globe connaîtra un réchauffement record».
55% de risques d’un El Niño fort
LiveScience rappelle qu’El Niño frappe normalement une fois tous les trois à cinq ans, mais peut se produire plus ou moins fréquemment. Le dernier remonte à 2019 et a duré six mois, entre février et août. Son homologue, la Niña, a l’effet inverse, avec de forts alizés poussant l’eau chaude vers l’ouest du Pacifique.
La semaine dernière, des représentants de la National Atmospheric and Oceanic Administration (NOAA) ont estimé qu’il y avait 90% de probabilités qu’El Niño se produise cette année et persiste pendant l’hiver de l’hémisphère nord. Il y a 80% de risques qu’il s’agisse au minimum d’un El Niño modéré, où les températures de surface de l’océan augmentent de 1 degré Celsius. Les risques d’un El Niño fort sont de 55% avec une hausse des températures de surface de l’océan de 1,5 °C.