FootballHumeur: Balotelli à Sion, une commedia dell’arte qui ne fait plus rire
Le transfert du fantasque Italien est plus que jamais un immense fiasco, le symbole tragicomique du malaise valaisan.
- par
- Daniel Visentini
On le devinait au mieux Arlequin. Il est aussi Polichinelle, Scapin ou Pantalon. Toute une panoplie tragicomique, un tour de force. À Sion, Mario Balotelli revisite la commedia dell’arte à sa façon, dans un médiocre carnaval de personnages plus burlesques les uns que les autres, mais les masques tombés, il ne reste sur scène que l’absence. L’absence de joie et de rires, l’absence de performance, l’absence d’implication, l’absence de professionnalisme, l’absence comme seule et obsédante présence, pour tout dire.
La star italienne encostumée de tous les maux valaisans, c’est bien sûr facile. Au FC Sion, dans cette comédie-là, la mauvaise farce est d’abord structurelle, avec pour cette dernière semaine un président-mécène-entraîneur qui tire les ficelles tressées par lui-même: tropisme du marionnettiste.
L’histoire, grimaçante jusqu’à la nausée, place Balotelli au cœur de l’intrigue. Même s’il ne sait plus y tenir son rôle. La réalité nue, débarrassée de ses atours, laisse Christian Constantin face à ses choix et «Super Mario» devant son propre reflet, miroir déformé de son passé glorieux.
Des frasques en héritage
La commedia dell’arte, c’est l’improvisation en mouvement. C’est tout le problème pour Sion: l’improvisation et le mouvement. C’est précisément ce transfert coûteux, improvisé sur un lit de fantasmes, et son incarnation, mouvementée pour les mauvaises raisons, en marge de la scène bien sûr, avec pour seul héritage les frasques sans nom du personnage polymorphe (lors du stage à Marbella, par exemple?).
Balotelli à Tourbillon, Balotelli le trublion. Ceux qui se gargarisaient de l’arrivée de l’ex-international italien, qui devait apporter la lumière sur le si pauvre football suisse, ravalent leur jugement en mâchant leur amertume: comment peut-on briller quand on n’est que l’ombre de soi-même, quand on ne fait rien pour sortir des ténèbres? Non, la Super League n’a pas pour vocation à devenir le mouroir des légendes exsangues.
Christian Constantin a couvé ce triste crépuscule. Il croyait faire un coup d’éclat, comme toujours, avec immanquablement le même résultat: le spectacle miséreux de «son» FC Sion, ici phagocyté par son saltimbanque de façade, est une pirouette lourdingue, une culbute mortifiante.
Une rupture
On a peut-être de la peine à en vouloir au grand boss du club. Après tout, il paie, il décide, il assume. Mais jusqu’à quand? Il y a comme une rupture, plus consommée que jamais, entre Constantin et les supporters, ceux-ci étant excédés par celui-là. Et par les attitudes de Balotelli.
L’Italien est coupable par son flagrant désintérêt de la chose sédunoise, mais innocent pour avoir été propulsé là par accident. Sion est coupable par vanité, innocent par naïveté.
Dans cette commedia dell’arte valaisanne, les ressorts comiques grincent désormais d’un sarcasme glaçant. Sion ne rit pas, ne rit plus, même pas par dépit. Sion pleure. Et Balotelli s’en fout, c’est le pied de nez grotesque du Transalpin, qui pourrait même quitter le Valais, lui qui finalement n’y est jamais vraiment arrivé. Vacuité de la représentation.
Le théâtre du ridicule
Qui sera à la tête du FC Sion, pour l’entraînement de ce mardi matin? Tramezzani, rappelé des coulisses une quatrième fois? Un autre, pour un regard neuf, comme se plaît à l’envisager Constantin? Peu importe: de pantalonnades en fourberies, Sion est devenu le théâtre du ridicule.
Balotelli, clown triste de ce cirque, n’en est que le dernier avatar.