États-UnisDes influenceurs ont empoché 100 millions de dollars sur le dos de leurs victimes
Huit conseillers financiers autoproclamés sont dans le collimateur de la justice pour avoir manipulé leurs abonnés à des fins d’enrichissement personnel.
Le régulateur américain des marchés, la SEC, a saisi la justice civile fédérale au Texas contre huit traders et influenceurs, accusés d’avoir conseillé à leurs abonnés d’acheter des actions dont ils prévoyaient de se défaire. Au total, les mis en cause auraient empoché environ 100 millions de dollars grâce à ces manipulations de marché, selon un document déposé mardi devant un Tribunal fédéral texan.
Dans des tweets, des vidéos ou des podcasts, ces influenceurs ont plusieurs fois conseillé à leurs abonnés d’acquérir des titres et de les conserver, au moins quelques jours, alors qu’ils en possédaient déjà et prévoyaient de les vendre au prix fort. Cette pratique est ancienne et souvent appelée «scalping».
Malfaiteurs de mèche
Tous comptaient plus de 100’000 abonnés sur Twitter, et l’un d’entre eux, Edward Constantin (@MrZackMorris), plus de 500’000. Ils se coordonnaient pour promouvoir la même action conjointement, afin de renforcer l’effet sur le cours du titre, selon l’enquête. Les influenceurs choisissaient de petites sociétés, à la capitalisation boursière inférieure à 100 millions de dollars et dont le cours de l’action était souvent en deçà d’un dollar, appelées des «penny stocks». Ces capitalisations modestes permettaient, sans un investissement majeur, de faire évoluer sensiblement le cours d’un titre. La SEC réclame à la justice fédérale la tenue d’un procès, sur la base de quatre chefs d’accusation, notamment tromperie et fraude, selon un communiqué publié mercredi. L’émergence des réseaux sociaux a favorisé celle d’une nouvelle génération de financiers qui donnent conseils et recommandations directement aux internautes par ce biais.
Des airs de GameStop
En janvier 2021, le phénomène dit des «meme stocks» a rallié, autour de quelques actions, notamment la chaîne de magasins de jeux vidéo GameStop, des milliers de petits porteurs. Ces investisseurs individuels ont acheté des titres, GameStop, mais aussi de la chaîne de cinémas AMC, pour pousser l’action à la hausse sans tenir compte de l’activité des entreprises concernées et de leurs performances. En trois semaines, le cours de GameStop a ainsi été multiplié par 15, avant de redescendre, permettant, au passage, à des petits porteurs de réaliser des gains importants, même si d’autres y ont également perdu de fortes sommes.