GrèceLe scandale Novartis amène un ancien ministre sur le banc des accusés
La filiale grecque du géant bâlois avait admis avoir versé des pots-de-vin à des employés d’hôpitaux pour gonfler ses ventes. Dimitris Papangelopoulos, lui, aurait exercé des pressions sur l’enquête.
Le procès d’un ancien ministre de gauche, accusé de «manquement au devoir» dans l’enquête sur le scandale de corruption du laboratoire suisse Novartis en Grèce, s’est ouvert, lundi, devant une Cour spéciale à Athènes, réveillant une bataille politique entre l’actuel gouvernement de droite et son prédécesseur de gauche. Ce dernier avait mis en cause, lors de la révélation de l’affaire, il y a six ans, des conservateurs de Nouvelle Démocratie et des socialistes du Pasok-Kinal. Mais la droite actuellement au pouvoir n’a de cesse, depuis, d’accuser l’ancien gouvernement d’avoir orchestré «un complot» pour lui nuire.
Dimitris Papangelopoulos, ancien ministre adjoint de la Justice dans le gouvernement de gauche d’Alexis Tsipras (2015-2019), est jugé pour avoir exercé des pressions sur l’enquête de surfacturation des médicaments du groupe Novartis et d’«avoir violé son devoir» ministériel d’informer à l’époque le Parlement. Il est jugé par une Cour spéciale, constituée d’une vingtaine de magistrats, et encourt une peine allant jusqu’à dix ans de prison.
L’ancienne procureure anticorruption Eleni Touloupaki – sous le gouvernement de gauche –, qui a joué un rôle important dans la révélation de l’affaire Novartis, est également jugée par cette Cour, pour «abus de pouvoir».
L’audition reprendra jeudi
Lundi, l’audience a été interrompue trois heures après son ouverture, en raison des objections de l’avocat de l’ancien ministre, qui a contesté la composition de la Cour. L’audition doit reprendre jeudi, selon une source judiciaire, qui précise que le procès doit durer environ six mois.
La filiale grecque de Novartis avait admis, en 2020, avoir versé, entre 2012 et 2015, des pots-de-vin à des employés d’hôpitaux publics grecs pour augmenter ses ventes de produits pharmaceutiques. Ces méthodes lui auraient permis d’acquérir une position privilégiée sur le marché grec et coûté, selon des estimations de l’enquête judiciaire menée par le précédent gouvernement, environ trois milliards d’euros à l’État grec, qui traversait alors une grave crise financière.
Une dizaine d’hommes politiques mis en cause
L’enquête entamée par Dimitris Papangelopoulos et Eleni Touloupaki avait mis en cause une dizaine d’hommes politiques d’anciens gouvernements de droite et socialistes, présentés comme complices de Novartis. Mais la justice a jusqu’à présent échoué à réunir suffisamment de preuves pour engager des poursuites pénales.
En juin dernier, le gouvernement conservateur a réclamé 214 millions d’euros (206 millions de francs) de dommages et intérêts à Novartis, pour cette affaire, s’étant également réservé le droit de faire d’autres réclamations.