JuraLes amants assassins ne seront pas expulsés
Une peine de 18 ans de prison a été maintenue en deuxième instance, après l’assassinat à Delémont d’un ressortissant afghan par deux compatriotes.
- par
- Vincent Donzé
Deux amants afghans purgeront bel et bien une peine de 18 ans de prison pour l’assassinat d’un compatriote. Mais ils ne seront pas expulsés du territoire suisse. Ainsi en a décidé, vendredi dernier, la Cour pénale d’appel à Porrentruy.
Selon la radio «RFJ», le juge pénal a estimé que le couple assassin ne devait pas être renvoyé dans son pays d’origine, pour des questions de sécurité. Selon son avocat, le prévenu qui a supprimé son rival avait vu son père être décapité par les talibans, ce qui l’a conduit à l’exil, après un enlèvement.
Aux yeux du juge Jacques Chappuis, le couple illégitime a fait preuve d’une absence totale de scrupules, le 18 février 2018. Ce dimanche matin-là, le mari endormi au salon a été frappé à la tête avec une masse, traîné à la cuisine et aspergé d’essence. Son agresseur a allumé la gazinière pour faire croire à un accident. Il a brûlé vif, alors que deux enfants se trouvaient dans l’appartement.
Sur WhatsApp
Le crime était prémédité, si bien que la Cour a reconnu l’épouse et son amant coupables d’assassinat. Les amants ont signé leur méfait sur WhatsApp, eux qui s’envoyaient parfois plus de 200 messages par jour.
Madame a mis la pression, elle qui ne voulait pas divorcer: «Je veux que tu aies le courage de le tuer», a-t-elle écrit à son amant. Son avocate a décrit son passé: son père toxicomane l’avait promise à son dealer. Elle a été mariée de force à son cousin, qui la battait.
Les amants ont d’abord voulu empoisonner le mari, comme le démontrent des échanges à propos des substances à administrer, une intention qui a alourdi la peine prononcée. Madame a écrit ne pas vouloir savoir quand son complice passerait à l’acte, pour éviter de se sentir fautive, comme l’a relaté «RFJ».
Le juge Pascal Chappuis a relevé que les enfants n’ont pas compté dans les plans des deux amants. Personne ne s’est dit qu’ils seraient privés de leur père et qu’ils iraient en famille d’accueil. Jeudi dernier, les trois enfants ont assisté à l’audience, ce qu’ils n’avaient pas fait en première instance.
Cris et pleurs
En voyant l’assassin de son père lors d’une suspension d’audience, l’aîné de 16 ans a voulu en venir aux mains, comme l’a constaté «Le Quotidien Jurassien». Les policiers l’ont maîtrisé, pendant que des cris et des pleurs résonnaient dans les travées: ceux de la mère, des deux autres enfants et des proches.
Avec la mise à mort du mari toxicomane, le mobile du crime est apparu «particulièrement cynique», aux yeux du juge de la Cour d’appel jurassienne: la vie de ce père de famille ne valait rien. Elle a été sacrifiée dans l’unique but de faciliter une autre union.